Passé le 2 janvier 2017, des sanctions seront prises contre les organes de presse qui ne mettront pas en application les dispositions du nouveau texte.

 Alain-Claude Bilie-By-Nzé face à la presse le 29 novembre 2016 à Libreville. © Gabonreview

Alain-Claude Bilie-By-Nzé face à la presse le 29 novembre 2016 à Libreville. © Gabonreview

 

La régulation des médias a constitué l’un des points saillants de la dernière sortie du ministre de la Communication, le 29 octobre dernier à Libreville. Alain-Claude Bilie-By-Nze a été catégorique : les différents organes de presse du pays ont jusqu’au 2 janvier prochain pour se conformer au nouveau Code de la Communication entré en vigueur depuis plus de trois mois.

Selon le ministre, le nouveau texte est conforme à l’ancien et s’inspire également de ce qui se fait au niveau international. Pourtant ce Code déjà controversé. Le journaliste est désormais responsable de ses propos, de ce qu’il écrit, de ce qu’il publie. «De ce fait, il doit s’assurer de la justesse et de la véracité de l’information…il doit donc s’interdire toutes insinuations malveillantes, injures etc. », a expliqué le porte-parole du gouvernement. Dans ce cas d’espèce, le journaliste incriminé pour une erreur ou autre «mauvaise information» devra répondre seul devant la justice si nécessaire. Pire, l’éditeur, la distribution tout comme l’hébergeur sont également tenus responsables de l’article incriminé.

L’autre disposition source de polémique et mise en avant par le ministre est l’article 45 du nouveau Code de la communication. Il stipule, en effet, que le journaliste ne peut user que d’un seul pseudonyme pour signer ses papiers. Désormais le pseudonyme du journaliste devra être déposé au Conseil national de la communication (CNC), accompagné du véritable nom du journaliste.

Une disposition bien évidemment, critiqué par les hommes de médias qui y voient un flicage des rédacteurs. «L’on y voit déjà une ambition avérée des dirigeants de jouer directement les gendarmes sur les journalistes qui les égratignent», a commenté un journaliste. Une vision à l’opposé de cette du ministre de la Communication. Pour lui, il ne s’agit pas de museler la presse, mais de mettre de l’ordre dans ce secteur. Des arguments qui ne peuvent convaincre tant ces dispositions sont à rebours des pratiques démocratiques. Les imprimeurs, hébergeurs et distributeurs doivent-ils mettre en place des comités de lecture pour s’assurer que la «marchandise» est potable pour les gouvernants ? La censure est en tout cas de retour, drapée des oripeaux de la nécessité du maintien de l’ordre public, de l’observation et de la surveillance de la «ligne juste».  La presse gabonaise est en danger : la tombe est creusée.

 
GR
 

8 Commentaires

  1. NGUYEN HOANG BAO VIET dit :

    NGUYÊN HOÀNG BAO VIÊT

    UNE MUSELIÈRE…ET LE SILENCE ET LA MORT, ULTIME FORME DE CENSURE.
    LA TRAGÉDIE DES ÉCRIVAINS, JOURNALISTES ET ARTISTES PERSÉCUTÉS
    ET ASSASSINÉS

    Le 15 novembre 2016, c’était la Journée mondiale des Ecrivains en prison, juste 2 semaines après la Journée internationale de la Fin de l’Impunité pour les Crimes commis contre des Journalistes, le 2 novembre 2016. Le Comité des Ecrivains en Prison de PEN International a enregistré plusieurs centaines d’attaques contre des écrivains, journalistes et artistes pendant les 12 derniers mois. Certains ont été assassinés ou portés disparus. Le meurtre d’Anna Politkoskaya est toujours impuni, 10 ans après.
    Lors du Congrès du PEN International réuni en septembre dernier à Ourense, en Galice, Espagne, une dizaine de résolutions adoptées ont dressé un sombre bilan encore insuffisant et partiel. En vérité, la liste des pays à haut risque pour la littérature et la liberté d’expression et d’opinion reste non exhaustive.
    Avec 10 tués et de nombreux blessés, l’Afghanistan vit, en 2016, la plus meurtrière année pour les professionnels des médias, pour les écrivains et intellectuels. Au Bangladesh, une impunité flagrante pour les assassinats des éditeurs, blogueurs, universitaires, activistes de la société civile et religieux des minorités. Cuba ne cesse de harceler et arrêter les journalistes, les écrivains et blogueurs pour délit d’opinion.
    En Égypte, un nombre inquiétant des écrivains et journalistes persécutés ou emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, à celle de la presse, ou de la créativité artistique. En Érythrée, absence de médias indépendants depuis 15 ans. Arrestations arbitraires systématiques, disparitions violentes et exécutions extrajudiciaires. 17 journalistes victimes de disparitions forcées, dont Dawit Isaak, journaliste, dramaturge, poète suédo-érythréen, détenu en septembre 2001.
    La Chine réprime sans pitié les écrivains et les défenseurs des droits humains de la région autonome du Tibet. Certains prisonniers ont subi la torture. La langue tibétaine est gravement menacée parce que le mandarin devient la langue principale enseignée dans les écoles. De brutales mesures de répression frappent les régions autonomes du Xinjiang Ouïgour, de Mongolie intérieure et la région spéciale de Hong Kong.
    Partout, en Chine, la liberté d’expression est bâillonnée. Au moins, 40 écrivains sont encore en prison, dont le Nobel de la Paix Liu Xiaobo. Au Viet Nam, les écrivains, journalistes et blogueurs dissidents font l’objet d’arrestations arbitraires, condamnés à des peines de prison particulièrement longues, dans des procès inéquitables. Certains ont été contraints à l’exil en échange de la sortie du camp de travail forcé, telles la femme poète Tran Khai Thanh Thuy et la journaliste Ta Phong Tan.
    À leur place en prison, Nguyen Ngoc Nhu Quynh, fondatrice du Réseau des Blogueurs vietnamiens et mère de deux petits enfants, vient d’être incarcérée pour « propagande contre l’État socialiste ». Elle risque 20 ans de prison. L’Inde connaît une détérioration inquiétante de la liberté d’expression. Écrivains, journalistes et artistes sont harcelés et contraints au silence pour avoir exprimé les préoccupations de minorités religieuses, sociales et linguistiques. Au Honduras, la liberté d’expression demeure une préoccupation majeure.
    Depuis 2003, 57 journalistes ont été tués alors que, dans la majorité des cas, les auteurs de ces crimes ne sont pas encore identifiés. L’autocensure chez les médias est motivée par la crainte d’une condamnation pour diffamation et de procès en calomnie. Par ailleurs, les étudiants ne sont pas assurés de pouvoir exercer leur droit de manifestation pacifique qui constitue un élément essentiel de la liberté d’expression. Cesario Padilla, journaliste et co-fondateur du Centre PEN Honduras, a été suivi par des hommes armés.
    Le Mexique continue d’être l’un des pays les plus meurtriers pour les professionnels des médias : de 2005 à juin 2016, plus de 100 meurtres de journalistes et 25 disparitions. 9 assassinats pour les 6 premiers mois de 2016. Auteurs des crimes restent impunis, dans 9 cas sur 10. En Iran, parmi les 61 écrivains, journalistes, blogueurs, compositeurs et cinéastes persécutés recensés, 16 étaient en prison et 8 en détention pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression et de créativité artistique.
    Parmi ces victimes se trouvent deux condamnés à mort, l’écrivain et poète Arzhang Davoodi et l’auteur Hesameddin Farzizadehru. En Israël, Dareen Tatour a été arrêtée le 11 octobre 2015 après avoir posté un de ses poèmes sur les réseaux sociaux. Citoyenne israélienne, la poétesse palestinienne risque jusqu’à 8 ans de prison pour « incitation à la violence ».
    Le 14 janvier 2016, elle a été libérée et placée en résidence surveillée jusqu’à son procès programmé vers la fin de l’année. En Turquie, suite à l’état d’urgence, depuis le 28 juillet 2016, le pouvoir a ordonné la fermeture de 131 médias, dont 3 agences de presse, 16 chaînes de télévision, 23 stations de radio, 45 quotidiens, 15 magazines et 29 maisons d’édition, y compris le quotidien pro-kurde Özgür Gündem. 97 écrivains et journalistes sont connus effectivement en état d’arrestation ou en garde à vue.
    La romancière Asli Erdogan, l’une des voix majeures de la littérature turque contemporaine, a été arrêtée le 17 août 2016 pour «propagande en faveur d’une organisation terroriste». Un tribunal avait ordonné le 23 novembre sa remise en liberté mais la romancière restera en détention à la prison d’Istanbul pour «appartenance à une organisation terroriste». N’oublions pas Necmiye Alpay, traductrice et auteure, âgée de 70 ans et arrêtée elle aussi en août restera également en prison pour «atteinte à l’Etat et à l’intégrité de l’Etat». La Grande Répression en Turquie se poursuit avec l’arrestation du rédacteur en chef Murat Sabuncu et plusieurs journalistes de Cumhuriyet, principal quotidien d’opinion, en fin d’octobre. Pour rappel, la Turquie est signataire du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques et de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

    Nguyên Hoàng Bao Viêt
    Vice président du Centre PEN Suisse Romand
    (Comité des Ecrivains en prison)

  2. ma vie, ma terre, ma patrie, le Gabon dit :

    mais à quoi vous attendiez vous? un Gouvernement illégitime vomi par prêt de 80% des Gabonais qui s’impose par la violence…comment pensez-vous qu’il peut gouverner? se sentant illégitime et rejeté, le Gouvernement sait que la défiance sera trop forte, il ne jouira d’aucune autorité; de ce point de vue il ne lui reste qu’une voie, la violence et la terreur….ma question est simple: combien de temps les gabonais accepteront-ils cette terreur?
    tout dépendra du temps d’acceptation pour le reste le glas va sonner et le peuple lui même mettra un terme à cette tragie comédie

  3. BBTG dit :

    Ce qu’il faut faire, c’est que tous les médias, qui ne veulent pas nous donner des informations « molles » comme le veulent les autorités, ferment leurs entreprises. Ainsi, les anti-contradicteurs auront des splits dans tout le pays et pourront respirer l’air frais qu’ils cherchent.

    Ce que je conseille au médias privés qui voient leur liberté être restreinte, c’est de passer au tracts anonymes, aux publications informelles gratuites, comme ça le CNC, le Ministère de la Communication ne vous demanderont plus jamais vos pseudos et devront se trouver les leur pour vous retrouvez.

    Filmez tous leurs faits et gestes, rapportez tout ce qu’ils font en public ou en privé tant que c’est possible, comme ça ils sauront jusqu’où on peut être libre et que le peu qui est dit d’eux dans les journaux qu’ils censurent n’est rien comparer à tout ce qui peut sortir.

    Je vous remercie!

  4. BBTG dit :

    Transformez-vous en paparazzis, et envoyer vos photos dans la presse à scandale à l’étranger. Ca leur permettra de passer plus leurs vacances au Gabon.

    Filmez, écrivez, faites même des romans, il faut que tout sorte, ne laissez plus rien de leurs vies caché. Avec des images, du son à l’appui on saura qui surveille qui dans le pays!

    On est fatigué d’être fatigué!!!

  5. nzam ata dit :

    Le gouvernement s’est il transformé en CNC? C’est normale,tel fonctionne Ali Bongo expert dans le mélange des genres.

  6. Aimée BLISSON-VERTUEUX dit :

    Bilie-by-Nzé exagère hein… Même les pseudos qu’utilisent les journalistes, il veut savoir. Un journaliste n’est même plus libre d’en utiliser deux ou trois, juste un. Je m’étonne, en tant que femme, de voir que la corporation des journalistes ne se lève pas, ne se soulève pas.

  7. Le Villageois dit :

    Ce gouvernement est une honte pour notre pays ! Jusqu’où iront-ils pour détruire l’honneur du Gabon ?

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