Keddy Roger Innocent Onanga, plus connu à l’international sous son nom d’artiste, Kedy Roger, et au Gabon comme Roger Onanga tout simplement, est décédé le week-end dernier à Libreville à 58 ans. Exilé au Brésil dans les années 1980, il était revenu au Gabon depuis quelques décennies.

Kedy Roger (au centre), en compagnie de deux membres d’Obina Shok. © D.R.

 

Peu ou pas connu du public gabonais, Kedy Roger, plus connu au Gabon comme Roger Onanga, a été arraché à la vie samedi 14 avril à Libreville. Il était âgé de 58 ans. Joint, un de ses parents informe ce mardi 17 avril que le chanteur et guitariste du groupe Obina Shok a succombé suite à un accident vasculaire cérébral (AVC).

Si la presse brésilienne, notamment le site O Globo, a quasiment été la seule à évoquer le décès de Keddy Roger Innocent Onanga (de son nom à l’état civil), c’est que l’artiste a connu ses années de gloire dans le pays de la Samba. Sa première démo, «Lambareni», n’est pas passé inaperçue. Mais le groupe formé dans les années 1980 par Jean Pierre Senghor (Sénégalais), Winston Lackin (Surinamais) et le Gabonais Roger Kedy, « Obina Shok », n’a véritablement connu le succès au Brésil qu’avec «Vida». Le titre a été disque d’or peu après sa sortie en 1986. Jusqu’en 1988,  le groupe offrait des titres mélangeant pop, rythmes caribéens, africains et brésiliens. La sortie de «Sallé» en 1987 et le peu de succès qu’il a connu a fini par avoir raison du groupe.

Keddy Roger Innocent Onanga, c’est également une histoire sombre avec le Gabon, qui justifie son départ pour le Brésil. De ce que l’on apprend dans «Affaires africaines» (1983) de Pierre Péan : en février 1982, deux jeunes, Roger Onanga et André Remanda, avaient été blessés par balles devant une boîte de nuit à Libreville, le Key Club situé alors à Nombakélé, selon les anciens noctambules de la capitale gabonaise. Dans le fameux livre, l’auteur croit savoir qu’il s’agissait d’une descente des éléments de l’ancienne Garde présidentielle (GP). Si Roger, connu au Gabon comme guitariste du groupe socioculturel Kounabéli cornaqué par l’ancienne Première dame, et selon Pierre Péan comme chef d’orchestre de la boîte de nuit, le «Night-Fever», appartenant à Marie-Joséphine Bongo (Patience Dabany), avait eu la vie sauve après leur transport à l’hôpital Jeanne Ebori, c’était grâce à l’intervention de la Première dame d’alors, amoureuse du jeune guitariste selon la légende urbaine de Libreville. Ce serait également grâce à elle (ou à cause d’elle) que le jeune musicien et sa famille avaient été envoyés en exil au Brésil, au frais du régime. Rentré au Gabon après le long exil brésilien, Roger Onanga était tombé dans la démence et errait souvent dans les arrières-rues du Bas de Gué-Gué à Libreville. Ne s’étant vraiment révélé au monde que depuis le pays de Pélé, son histoire confirme l’expression biblique «nul n’est prophète en son pays».

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Axelle Mballa dit :

    Malgré la prudence observée dans votre article, la plume de Pierre PEAN est une plume « d’investigations ». Souvent combattu par les armées d’avocats des tyrans, rares ont été les preuves pouvant contredire les faits.Les délices de la tyrannie ont la fâcheuse capacité de détruire aux sens physique, intellectuel et culturel, toutes formes de génies. Que la terre te soit légère, Roger!

  2. Ari dit :

    Effectivement la chanson « Vida » etait populaire a l’exterieur du pays. Mais je n’ai jamais su qu’elle etait de Roger Onanga et son groupe Obina Shok. Tout ce temps j’ai cru que c’etait Gilberto Gil, whouaaa!
    RIP Roger!

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