En réponse à l’appel de l’ONG Urgences Panafricanistes, structure initiatrice du Front Anti CFA, quelques gabonais se sont mobilisés le 16 septembre 2017, devant l’ambassade de France. Dans cette interview à Gabonreview, l’activiste panafricaniste, secrétaire général du Mouvement conscience panafricaine Gabon, Léonce Anvane, explique cette fronde contre la monnaie coloniale dénommée «Révolution internationale anti franc CFA».

L’activiste panafricaniste, secrétaire général du Mouvement conscience panafricaine Gabon, Leonce Anvane, le 16 septembre 2017. © Gabonreview

 

Gabonreview : Qu’est-ce qui justifie la présence des membres du Mouvement conscience panafricaine Gabon devant l’ambassade de France?

Léonce Anvane : Cette manifestation répond à une mobilisation internationale lancée par «Urgence panafricaniste» et cette mobilisation internationale touche près de 40 villes. Donc Libreville ne pouvait pas être en marge de cette grande mobilisation. Étant donné que cette mobilisation est une révolution, parce que jamais, depuis l’histoire du franc CFA qui dure depuis bientôt 73 ans, on a réuni autant de pays autour de cette question. Il fallait que des lieux symboliques soient retenus, d’où la place devant l’ambassade de France. La France est le propriétaire du franc CFA. Où aller manifester contre une monnaie si ce n’est chez son propriétaire ? Cette monnaie n’est pas celle des Africains, mais plutôt des Français.

Les membres du Mouvement conscience panafricaine Gabon au sit-in contre le franc CFA à Libreville. © Gabobreview

Pourquoi ne voulez-vous plus du Franc CFA?

Nous ne voulons plus du Franc CFA pour plusieurs raisons. Premièrement, le franc CFA n’est pas une monnaie, contrairement à ce qu’on veut faire croire aux Africains. Pour s’en rendre compte, il suffit de prendre le panier des devises internationales. Quand vous prenez le dollar, le yuan, l’euro, vous ne trouvez pas dans ce panier le franc CFA. Vous prenez le franc CFA, vous allez en France, on ne sait pas ce que sait. C’est une étrangeté, une bizarrerie. Deuxièmement, le franc CFA est un instrument de pillage de nos matières premières. Chaque année, la France reçoit autour de 440 milliards d’euro rien qu’au titre de transfert pour son compte personnel. Le franc CFA est aussi un instrument de notre frein au développement économique et social. Un Africain, un Gabonais pour avoir accès à un crédit avec le franc CFA, il devra emprunter à des taux usuriers autour de 30, 35 voire 40%, alors qu’un citoyen français emprunte autour de 1%.

C’est tout cela que nous dénonçons. Et au-delà de tout cela, cette monnaie, qui est une monnaie française est contrôlée depuis la banque de France avec le Trésor de France. On ne peut pas tolérer qu’au 21e siècle, des pays dits souverains n’arrivent pas à administrer leurs monnaies. Enfin, nous sommes-là également pour dénoncer l’expulsion arbitraire de monsieur Kemi Seba  du Sénégal sous instigation de la France. Nous refusons ce genre de manipulation, nous refusons ce genre d’agissement contre les citoyens africains et nous sommes-là, pour dire à la France que nous ne serons pas intimidés face à ce genre de réaction. L’époque où les Africains pouvaient céder à ce genre de pression est terminée.

Des ressortissants de près de 40 pays sont engagés dans ce combat contre le franc CFA. Au Gabon, cette mobilisation est plutôt timide. Cette question intéresserait-elle moins les Gabonais?

C’est 40 villes qui sont réunis. C’est un petit pas pour Libreville, mais c’est un grand pas pour le monde entier. 40 villes ce n’est pas rien. En termes d’ampleur ce n’est pas une mobilisation timide. Peut-être en termes de densité. Mais, si vous faites le total de tous les Africains qui se réunissent ce 16 septembre dans tout le monde entier, c’est un record que nous allons atteindre. Nous sommes de cœur avec ce qui se passe dans les villes de la Centrafrique, au Congo, au Tchad, au Sénégal, en France… et partout où les manifestants se mobilisent.

Maintenant, pourquoi les Gabonais ne sont peut-être pas intéresses ? C’est au cœur de leurs préoccupations. Mais, il faut dire aujourd’hui que le Gabonais est encore un peu intimidé par beaucoup de choses. Le contexte politique peut expliquer que la mobilisation n’ait pas été celle que nous avons espérée. Mais, qu’à cela ne tienne, le symbole, il est là. Toute l’Afrique a répondu présente pour cette mobilisation ainsi que certains pays à l’international. Pour nous, c’est une victoire et un grand pas, pour la lutte contre le franc CFA.

Un message à l’endroit de ceux qui trainent encore les pas pour vous rejoindre ?

Pour ceux qui trainent les pas pour nous rejoindre, au niveau du Gabon, un contact : 07 86 69 63. Les Africains sont divisés en deux groupes et c’est une des tactiques utilisées par les impérialistes. Il y  a des pro CFA et des anti CFA. À Ces pro CFA, nous disons que ce sont des malhonnêtes intellectuels, des vendeurs de l’Afrique, des traites. Il est temps aujourd’hui que des intellectuels africains arrêtent ce comportement, et arrêtent de mentir au peuple. Tout le monde sait que cette monnaie ne vaut absolument rien du tout. 1 francs CFA = 0,00152 euro. C’est une aberration. C’est incompréhensible, intolérable. Cette parité n’existe nulle part ailleurs. Le franc CFA est une singularité dans ce monde. Le franc CFA exige aujourd’hui que nous l’abandonnions. On ne peut pas comprendre aujourd’hui que la monnaie de 15 pays africains s’appelle franc des colonies françaises d’Afrique. La zone franc est une curiosité au monde.

 

 
GR
 

6 Commentaires

  1. Egniga dit :

    Tissus de conneries sans aucun fondement économique ?
    Tout le problème de l’Afrique et la gestion.

  2. sankara dit :

    Les gabonais soutiennent fermement l’initiative des pan-africanistes consistant à la demande d’abolition d’un système monétaire mise en place par la stratégie du général de gaulle pour piller la nuit, les matières premières d’Afrique.
    En 1960, la France prenait 100 % des avoirs extérieurs des pays francophones pour rembourser les investissements consentis par la France en Afrique francophone avant 1960.
    Ces investissements étaient constitués des routes, des maisons coloniales, des écoles et des dispensaires, des enseignants francais au titre de la coopération, des églises catholiques, des médicaments et des moyens consentis dans la mise en exploitation des gisements de pétrole et des minerais.
    En 1973, la france avait modifié les accords monétaires pour prélever que 65 % des avoirs extérieurs des pays africains, car elle estimait que l’essentiel de l’effort coloniale avait déjà été remboursé par les africains.
    En 1990, après les conférences nationales souveraines dans état africain francophone, la france décida de ramener le taux de prélèvement de 75 % à 50 % des avoirs extérieurs des pays CFA.
    Puis en 1993, la france décida également de dévaluer le franç cfa à cause de l’abondance de la devise CFA sur le marché monétaire international et arguant qu’il s’agissait d’une mesure de limitation du blanchiment du CFA sur le marché monétaire.
    La question à se poser consiste à savoir à quoi correspond les prélèvements de 50 % des avoirs extérieurs des pays africains ?
    Les avoirs extérieurs au sens du mot, correspondent aux transactions suivantes opérées par les pays africains sur la scène internationale :
    Le montant annuel des factures des matières premières des pays africains vendues en monnaie autre que le CFA sous régionale
    Les factures des produits vendus annuellement par les pays africains en devise étrangère autre que le CFA sous régionale
    Les emprunts internationaux opérés par les africains hors de la zone CFA sous régionale.
    Les aides internationales obtenues en dehors de la zone cfa sous régionale.
    Les transferts d’argent entre une zone monétaire internationale vers la zone CFA.
    Sur ces avoirs extérieurs annuels des pays africains, la banque de france et le trésor francais prennent 50 % des sommes pour permettre le remboursement du déficit budgétaire de la france et d’assurer une parité constante du cfa advien-eternam.

    Si vous comprenenz bien à ce mic mac, lorsque le gabon emprunt 750 milliards de cfa sous forme d’eurobound en octobre 2013, à partir du marché financier international, la banque de france et le trésor francais se sont servi 375 milliards de cfa et le Gabon aurait du recevoir 375 milliards de cfa. Mais par la suite le Gabon remboursera la totalité de l’emprunt obligataire soit 750 milliards de cfa au marché international. En réalité le Gabon ne reçoit même pas les 375 milliards de cfa. la BEAC pour son fonctionnement prélève 20 % des fonds. Il ne reste réellement que 300 milliards de cfa qui devrait être virés au trésor public gabonais en decembre 2013.
    Les pana-africanistes estiment que la france a trop pillé l’Afrique depuis 1960. Pour le cas du gabon, s’il n’y avait pas cette escroquerie, le gabon serait au même niveau que la Guinée équatoriale, le koweit, DUBAI ou les émirats arbes unis.
    Soutenons les pana-africanistes tél 07 86 69 63

  3. Vincent dit :

    Ok ne combattra pas le CFA avec des arguments debiles fondés sur une méconnaissance crasse de son fonctionnement.
    Lorsque le Gabon emprunte 100F il perçoit 100F et rembourse 100F plus les intérêts.
    Par contre lorsqu’il vend du pétrole ou autre 50% de ce qu’il encaisse est laisse en dépôt sur le compte d’opération jusqu’à certain plafond qui garanti la valeur de la monnaie.
    Bien évidement ses fonds continuent d’appartenir au Gabon qui touche du reste des intérêts sur ces sommes.
    Il a du reste le loisir de piocher dans ces reserves. En ce moment par exemple les réserves diminuent car les pays de la CEMAC piochent dedans. Cest le but des reserves : maintenir la solidité de la monnaie en cas de crises comme par exemple l’effondrement des cours du brut.
    Tous les pays bien gérés ont des réserves de change. La particularité du CFA est que cette réserve est obligatoire et fondée sur un système contraignant. Ce que la France gagne dans cette affaire est de deux ordres : que ses anciennes colonies tiennent debout contre vents et marées car une monnaie solide est un outil précieux, et une grande facilité de commerce avec elles car une parité fixe est un grand facilitateue de commerce. Repenser le CFA est une nécessité d’avenir, mais jeter le bébé avec l’eau du bain, une erreur qui pourrait être fatale à nos pays….

    • le CFA dit :

      akié! Vincent, tu veux nous entuber! je te demande de publier la convention monétaire entre la france et le gabon à l’assemblée nationale et au senat au lieu qu’elle soit gardée à la présidence de la république advien-eternam.

      je te demande d’instaurer un contrôle de fin d’exercice budgétaire par les élus avant tout vote d’une nouvelle loi de finance au gabon.

      Vincent, pour quoi le franc cfa n’existe pas comme devise pour être échanger en france ou dans une autre zone CFA ? le CFA = monnaie des esclaves et des singes. C’est une sous monnaie des compoirs francais.

      Tu parles d’erreur fatale pour le gabon dans tes propos, si on change de CFA?
      Là tu appartiens à la 7 ième race des crapeauds! Ton coefficient intellectuel est proche de zéro!

      Si la france ne pillait pas les recettes des matières premieres et les emprunts obligataires du gabon, alors ou sont passer les 21 000 milliards de cfa déclarés aux budgets du gabon depuis 2009 sous ALI BONGO ? Pourrais-tu me citer une infrastructure de 100 milliards de cfa sur un budget annuel du gabon sous ali bongo?
      cancre va!

  4. Cumba RHUMEN dit :

    La jeunesse africaine ne veut plus de cette monnaie de Monopoly pour plusieurs raisons évidentes de souveraineté, de dignité…

    Il y’a parmi ces raisons, celle liée à son cachet historique et colonial qui ne colle plus avec les exigences du XXe siècle. L’ancien Premier ministre français Édouard Balladur déclarait, dans l’édition du Monde du 9 février 1990 : « La monnaie n’est pas un sujet technique, mais politique, qui touche à la souveraineté et à l’indépendance des nations », et, plus tard, après la dévaluation du franc CFA de 1994, « parce qu’il nous a semblé que c’était la meilleure formule pour aider ces pays dans leur développement ». C’est symptomatique de l’état d’esprit qui habite cette monnaie.

  5. Cumba RHUMEN dit :

    Une autre raison, économique celle-ci : le FCFA n’a pas réussi à arrimer ses pays membres dans la prospérité ; les résultats économiques atteints sont décevants : 10 sur les 15 pays qui composent la communauté CFA faisaient partie des 25 pays les plus mal classés dans l’indice du développement humain du PNUD (Programme des Nations unies pour le développement) 2016 ; les pays anglophones et arabophones qui gèrent leurs propres monnaies s’en sortent mieux.

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