Avec une masse salariale projetée de 166 milliards de francs CFA en 2016, pour un effectif de 27 109 agents, le ministère de la Défense nationale est présenté comme la première administration au Gabon. Avec 64 milliards de francs CFA, le ministère de l’Intérieur, constitué principalement des forces de police nationale, était la 4è en 2016 en termes de rémunération. Ce sont là quelques-unes des plus importantes informations du troisième volet de la série d’analyses de Mays Mouissi, sur la masse salariale de l’administration publique. 

Selon Mays Mouissi, l’armée est la première administration au Gabon. © intellivoire.net

 

Intitulé «Masse salariale de l’Etat : évolution par administration, salaires moyens et poids de chaque ministère», le troisième volet de la série d’analyses sur la masse salariale de l’administration publique a été publiée le 19 juin. La dissection, indique son auteur, l’économiste bloggeur Mays Mouissi, «compare l’évolution des dépenses salariales de 29 administrations publiques qui représentent plus de 95% de la masse salariale entre 2008 et 2016. En l’absence de lois de règlement détaillées pour les exercices budgétaires 2008 et 2016, cette analyse se fonde exclusivement sur les prévisions contenues dans les lois de finances».

L’analyste économique Mays Mouissi. © mays-mouissi.com

De manière générale, l’analyste économiste soutient qu’entre 2008 et 2016, la masse salariale de l’Etat s’est accrue de 135%, passant de 312 milliards à 732 milliards de francs CFA. «Au cours de cette période, presque tous les départements ministériels et autorités administratives indépendantes du Gabon ont vu s’accroitre leurs dépenses salariales», souligne-t-il. Selon les résultats de l’analyse, «seul le Conseil national de la communication (CNC) a vu ses dépenses salariales baisser entre 2008 et 2016. D’autres comme le département en charge de l’environnement et du développement durable ont accru leurs dépenses salariales de 7826%».

Mammouths administratifs

Trois chapitres sont à l’honneur dans ce troisième volet : «Evolution de la masse salariale de l’Etat par administration», «Salaire moyen mensuel théorique des agents publics» et «Variation du poids de la masse salariale de chaque département dans le budget de l’Etat entre 2008 et 2016». Dans le premier chapitre, Mays Mouissi fait notamment ressortir qu’«au Gabon, la première administration est l’armée». Si en 2008 l’éducation nationale était le principal poste en termes de dépenses salariales au sein de l’administration gabonaise, avec une affectation budgétaire de 71 milliards de francs CFA, la tendance s’est drastiquement inversée huit ans plus tard, en 2016.

«En effet, en 2016, la masse salariale projetée pour la Défense nationale était de 166 milliards de francs CFA pour un effectif de 27 109 agents, contre 149 milliards de francs CFA pour un effectif de 20 755 agents à l’éducation nationale. Même s’il convient de souligner que les dépenses salariales ont fortement augmenté entre 2008 et 2016 pour le ministère de la défense nationale (+179%) et pour le ministère de l’éducation nationale (+111%), force est de constater qu’au Gabon, la première administration est l’armée», a indiqué Mays Mouissi.

En 2016, la troisième administration du pays en termes de masse salariale était le ministère de la Santé, avec une dotation aux dépenses salariales de 91 milliards de francs CFA, contre 30 milliards en 2008 (+202%). Venait ensuite le ministère de l’Intérieur, dont les effectifs (8 966 agents) sont constitués principalement des forces de police nationale. La masse salariale de ce département a enregistré une hausse de 257%, passant de 46 milliards à 64 milliards de francs CFA entre 2008 et 2016.

 «A eux quatre, les ministères de la Défense, de l’Education nationale, de la Santé et de l’Intérieur ont vu leur masse salariale s’accroitre de 292 milliards FCFA en huit ans (environ 70% de l’augmentation de la masse salariale totale de l’Etat). Ils concentraient environ 60% des effectifs publics (70 067 personnes) et 64% de la masse salariale de l’Etat», a indiqué affirmé Mays Mouissi. Pour l’analyste économique, il ne fait aucun doute que si une mesure de réduction des effectifs et de la masse salariale devait être appliquées, «ces quatre administrations seraient certainement mises à contribution et ne pourraient échapper aux mesures d’austérité».

Singularité du fonctionnaire Gabonais

S’agissant du «Salaire moyen mensuel théorique des agents publics», Mays Mouissi révèle que celui-ci s’élève 577 986 francs CFA. «Il s’agit du salaire moyen mensuel constaté le plus élevé parmi les pays de la zone franc après celui de la Côte d’Ivoire. Cependant, en termes de rémunération, il existe de fortes disparités entre les administrations», a-t-il souligné. Se référant en effet à la loi des Finances 2016,  l’économiste évoque une rémunération moyenne mensuelle de plus de 2,7 millions de francs CFA au Conseil national de la démocratie (CND), environ 1,2 million de francs CFA à la Cour constitutionnelle, Ou encore, un million de francs CFA au Sénat, au ministère des Affaires étrangères et celui de l’Enseignement supérieur.

 «En bas du tableau des rémunérations moyennes mensuelles, on retrouve le ministère de la défense nationale. Le salaire moyen dans l’armée gabonaise tout corps confondu s’élevait à 509 975 francs CFA (…) Les personnels du ministère de la santé et de l’éducation nationale, souvent présentés comme des privilégiés en raison notamment des différentes primes qui leur ont été concédés à la suite d’innombrables mouvements de grève figurent pourtant parmi les fonctionnaires les moins bien payés du pays. Certes leur salaire moyen mensuel est au-dessus de la moyenne nationale mais il n’atteint pas les 600 000 francs CFA», révèle Mays Mouissi.

La Défense, encore la Défense nationale

Dans le dernier chapitre de ce troisième volet d’analyses, l’analyste rapporte que le ministère de la Défense, premier budget de l’Etat en termes de masse salariale, est aussi celui qui a enregistré la plus forte progression de son poids dans les dépenses salariales de l’Etat entre 2008 et 2016. Son poids dans le budget est passé de 19% à 23% (+4%). Vient ensuite le ministère de l’intérieur dont le poids dans les dépenses salariales de l’Etat a progressé de 3% sur la même période. Idem pour le ministère de la santé.

 «Ainsi, entre 2008 et 2016, le poids cumulé de la défense nationale et de l’intérieur dans les dépenses salariales de l’Etat est passé de 25% à 32% (+7%). Dans le même temps le poids de l’éducation nationale dans les dépenses salariales de l’Etat a baissé de 2%, celui de la formation professionnelle de 0,5% et celui de l’enseignement scientifique de 0,3%. Ces constats s’expliquent en partie par les recrutements en masse effectués dans les corps d’armée et au sein de la police entre 2008 et 2016», conclu Mays Mouissi.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Gabom dit :

    Eh Oui, le cancre nationale se voit déjà un Kim-jong-un avec un pays ultra militarisé au prix du sacrifice de l’éducation, la santé. On ne sait quand Est-ce qu’on en laissera un peu pour l’agriculture qui est la base de tout développement véritable. Et que dire de la recherche technologique pour un pays qui croit que l’émergence se décrète avec un peuple moralement déprimé, abandonné, appauvri pour enrichir une famille qui tient le pays et une poignée de courtisans qui préfèrent faire fuire les milliards qu’ils amassent à l’extérieur plutôt que de le réinvestir au pays avec tous ces jeunes qui ne manquent pas d’idées mais d’un état et de personnes pour croire en leurs projets.

  2. Citoyen dit :

    Pauvre Gabon, on a vide la tete pour gonfler les muscles. Tout dans les muscles et rien dans la tete, ainsi se definit le regime actuel.

  3. Gaboma du Gabon dit :

    « la Défense nationale était de 166 milliards de francs CFA pour un effectif de 27 109 agents, contre 149 milliards de francs CFA pour un effectif de 20 755 agents à l’éducation nationale. »
    27.000 agents des FDS, contre 20.000 agents a l’éducation nationale, je crois qu’il y’a un problème. C’est à revoir.

  4. Ngouss Mabanga dit :

    Sincèrement ils font quel travail pour avoir autant d’argent…tchip!

  5. Paul Bismuth dit :

    L’éducation (enseignement primaire, secondaire, supérieur, formation po…) ,la santé et l’agriculture, si le Gouvernement avait une vision pour ce pays, devraient représenter les principales dépenses publiques. Mais comme l’a souligné justement un compatriote ici, le but de Ali est de faire du Gabon une Corée du Nord sous les tropiques : recrutement à tout crin dans l’armée, la police et la gendarmerie des personnes dont la moralité est très souvent sujette à caution (comme nos dirigeants qu’elles servent d’ailleurs). A la veille de l’élection présidentielle, il a subséquemment fait monter tous ces gens en grade et leur a organisé des mariages « collégiaux » afin que le pacte de protection qui le lie à eux ne soit jamais rompu. Pendant ce temps le pays manque cruellement d’établissements scolaires et de matériels didactiques (mais les enseignants continuent de ne réclamer que plus d’argent dans leurs poches) ; l’enseignement professionnel est démonétisée et amorphe ; l’université du Gabon est dans un état de délabrement avancé et ignore tout du classement de Shanghai ; les structures sanitaires sont inexistantes à l’intérieur du pays. Et quand on en note, elles souffrent d’un déficit important en matériel et personnel. Quant à l’agriculture, on est loin de pouvoir reprendre la citation de Maximilien de Béthune à notre compte (« labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France »). Mais réjouissez-vous, peuple du Gabon. Notre monarque est bien protégé avec tous les soldats recrutés. Inspiré de « God saves the queen » des British, nous aurons « Dieu protège le roi » comme hymne national à la place de la Concorde. Allez, dites « Dieu protège le roi » dans vos langues locales respectives tous les matins en vous rasant.

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