Après un ancien secrétaire général du Parti démocratique gabonais (PDG), après deux anciens Premiers ministres, un ancien vice-Premier ministre  et de nombreux membres du gouvernement ayant appartenu à l’ancien parti unique, et après le n°3 du Rassemblement pour le Gabon (RPG), et bien d’autres encore, c’est au tour de l’ancien vice-président de la République, de claquer la porte du camp de la Majorité. Toutes ces personnalités peuvent-elles avoir tort au même moment ? 

Retrouvailles, le 6 décembre 2014 : Didjob Divungi di Ndinge et Pierre Amoughé Mba, des anciens de la Majorité, désormais passés à l’opposition.   © Gabonreview
Retrouvailles, le 6 décembre 2014 : Didjob Divungi di Ndinge et Pierre Amoughé Mba, des anciens de la Majorité, désormais passés à l’opposition. © Gabonreview

 
Le ciel semble s’assombrir pour la Majorité Républicaine. Si Libreville et le reste du Gabon sont en pleine saison des pluies, et que naturellement de sombres nuages s’amoncellent, chaque jour au dessus du pays, la Majorité semble être à l’image de la saison actuelle : tristounette, pluvieuse, maussade. Les nouvelles qui arrivent, l’actualité économique, le front social, ne sont pas au beau fixe. Et sur le plan politique, là aussi, c’est à une forme de dépeuplement que l’on assiste.  Un «poids lourd» de ce camp vient de décider «devant Dieu, devant la Nation et devant l’Histoire» de rejoindre les forces de l’opposition réunies au sein du Front uni pour l’Alternance. Jean-Clément Didjob Divungi di Ndinge, ancien président et membre d’honneur de l’Alliance démocratique et républicaine (Adere), et surtout ancien vice-président de la République, a, après avoir fait une analyse sans concession de la situation politique, économique et sociale, décidé de rejoindre le camp de ceux qui luttent «pour la libération du Gabon».
Jean Ping avait déjà dénoncé, en février 2014, la mauvaise gouvernance en cours dans le pays. L’ancien vice-Premier ministre chargé des Affaires étrangères avait alors estimé qu’il ne pouvait rester les bras croisés au moment où «les dirigeants actuels menaient le pays vers le chaos». Il n’était pas encore question de l’acte de naissance ou des origines étrangères d’Ali Bongo. Jacques Adiahénot, ancien secrétaire général du PDG, avait pour sa part, quelques semaines plus tard, dénoncé la gestion du Gabon par «des gens n’ayant aucune attache réelle avec le pays», tout en condamnant la préférence générationnelle du nouveau pouvoir, alors que le Gabon a besoin de tous ses fils.
Puis vint Pierre Amoughé Mba, bras droit parmi les bras droits de Paul Mba Abessole au RPG. Cet ancien ministre de la Culture, puis du Contrôle d’Etat, avait lui aussi mis en avant la mauvaise gestion du pays depuis 2009. Pour sa part, même s’il n’a pas claqué la porte de la majorité, le leader du RPG avait exprimé quelques doutes sur le fonctionnement démocratique en cours dans le pays, estimant que le Gabon vivait sous une dictature «à la Nord-Coréenne». Pas moins que cela ! Dès le lendemain, des titres proches de la majorité demandaient à l’intéressé de quitter la majorité sans plus attendre. L’attaque était rude. Il y a, enfin, eu aussi les prises de position de Philibert Andzembé et de Michel Mpéga.
Les mots utilisés par Didjob Divungi di Ndinge samedi dernier rejoignent ceux utilisés par d’autres personnalités, à savoir la gestion de l’Etat par de «néo-Gabonais», la création d’agences «réceptacles de fonds publics» utilisés à des fins personnelles, la désinvolture, l’insouciance au sommet de l’Etat… Selon un sociologue gabonais, enseignant à l’Université Omar-Bongo, «Ali Bongo va sans doute, encore une fois, garder la même ligne d’attaque : demander à ses «porte-flingues» de parler de la supposée ingratitude de l’ancien vice-président de la République, des supposés détournements de fonds qu’il aurait opérés dans l’exercice de ses fonctions antérieures, et dire qu’il est indigne de donner des leçons. Tout cela, on le sait, constitue les premiers tirs groupés de la ligne d’attaque définie par les proches du président».
Au total, plus d’une vingtaine de personnalités parmi de gros calibres de la majorité ont décidé de tourner le dos à la politique de l’Emergence. D’autres sorties sont annoncées. S’il ne fait aucun doute que Paul Toungui, Idriss Ngari et Flavien Nzengui Nzoundou demeureront au PDG, en revanche d’anciens députés, sénateurs et collaborateurs d’Omar Bongo devraient bientôt faire leur «coming-out».
Le départ ou les prises de position de toutes ces personnalités devraient, à la vérité, ne pas être pris comme un épiphénomène, un non-événement, mais devraient plutôt être analysés froidement et permettre, si cela est encore possible, au chef de l’Etat et au gouvernement de changer de fusil d’épaule. Il faut, en effet, froidement se demander s’il y a véritablement un problème de gouvernance politique et économique au Gabon. Chercher quels sont les déterminismes de ce qui parait être un malaise. Enfin, toutes ces personnalités peuvent-elles avoir tort au même moment ou y a-t-il véritablement péril en la demeure ?
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Jean-Marcel Boulingui dit :

    Bel article, belle analyse. Félicitations à Gérald Mounomby. Mais ce qui peut surprendre c’est que Ali Bongo Ondimba ne prenne, en dehors de sa rencontre avec les syndicats le 17 novembre, aucune initiative pour calmer les tensions. Aucune initiative pour instaurer un dialogue politique. Surprenant !

    • stéphane dit :

      c’est quand même inquiétant les gars ont le pognon et ont également servis le pouvoir pour avoir du crédit mais il ont quel âge? Peut on diriger un pays avec des personnes susceptibles de céder lors de leur mandat?

      • demain un jour nouveau dit :

        la dernière question que vous vous posez est elle réellement la substance du débat? La question que j aimerais moi vous posez et aux nombreux qui réfléchissent comme vous est la suivante: vu l état dans lequel se trouve notre petit pays riche, devrions nous continuer après un demi siècle de gouvernance pdg sur la même voie? Ou mieux Êtes vous satisfait de vos conditions de vie et de celle du peuple gabonais après 47 ans d ère pdg? Le Gabon est il une monarchie? Aucun autre gabonais d une autre famille d une autre province d un autre parti ne peut il diriger le Gabon?

      • demain un jour nouveau dit :

        @ Stéphane: la dernière question que vous vous posez est elle réellement la substance du débat? La question que j aimerais moi vous posez et aux nombreux qui réfléchissent comme vous est la suivante: vu l état dans lequel se trouve notre petit pays riche, devrions nous continuer après un demi siècle de gouvernance pdg sur la même voie? Ou mieux Êtes vous satisfait de vos conditions de vie et de celle du peuple gabonais après 47 ans d ère pdg? Le Gabon est il une monarchie? Aucun autre gabonais d une autre famille d une autre province d un autre parti ne peut il diriger le Gabon?

      • imagine56 dit :

        donc les bebes ne meurent pas?
        les jeunes ne meurent pas?
        à t’écouter seuls les vieillards nous quittent pour l’au-delà
        la grande faucheuse n’est pas sélective, la grande prend qui elle veut et peu importe votre rang social ou l’épaisseur de votre porte-feuille. Je sais pas quel est ton age… Stéphane, ne sois pas méchant , il y a des vieux qui pleurent leur enfant.

      • Reflechissons dit :

        Bongo père a été élu en 2005 et mort en 2009 pendant son mandat!!
        le fils doit partir et laisser le pays aux gabonais qui veuelnt que ça avance!!

    • MOKOUKOUET dit :

      Bonjour à tous!
      Mais de tout cela ou est MISSOUBALA? (maitre louis MAYILA)ne va pas aussi rallié les autres à l’oppositions?

  2. Le citoyen libre dit :

    Il faut que les anciens barrons du PDG tournent le dos à ALI car il y va de l’intégrité de notre pays, au moins nos petits diront qu’ils ont défendu le Gabon contre l’imposteur qui est ALI.

  3. Ekooll dit :

    L’entêtement n’a jamais rien produit de positif. Le président Ali doit comprendre que ce ne sont pas les syndicats, la population et l’opposition qui sont ses enémis. Mais plutot se collaborateurs qui lui font croire que tout va bien.

  4. tara dit :

    Il faut, en effet, froidement se demander s’il y a véritablement un problème de gouvernance politique et économique au Gabon. Chercher quels sont les déterminismes de ce qui parait être un malaise. Enfin, toutes ces personnalités peuvent-elles avoir tort au même moment ou y a-t-il véritablement péril en la demeure ?
    Mon DIEU on est où là ils n’ont rien à foutre de l’économie et même de ce que sera le GABON après eux tous ce qui les intéresse c’est comment bien manger et faire bien manger leurs enfants avant de tirer révérence s’ils ont encore quelque chose à gagner si y’a rien ils s’en vont à l’opposition ils étaient habitué lorsqu’ils menacent d’aller à l’opposition OMAR leur donne des postes pour les calmer ou de l’argent mais la donne à changer les mentalités aussi ils ne peuvent et ne veulent pas s’adapter à la nouvelle donne c’est à eux qu’OMAR avait DIEU ne nous à pas donner de faire du GABON ce que ns sommes entrain il ne s’adressait pas aux jeunes de 20 30 ans mais de ses vieillards qui veulent mourir à leurs postes c’est pas difficile à comprendre

  5. imagine56 dit :

    Ils ont été à l’école de Bongo père et Ali avec eux
    donc ils veulent mourir au pouvoir
    dommage qu’à l’époque du père les Ali Akbar Onanga et votre génération n’ayez fait des marches pour dénoncer et la vieillesse de Bongo
    et sa volonté de mourir au pouvoir.

  6. Reflechissons dit :

    ça ne fait que commencé!!!

  7. action dit :

    est ce l’argent de bongo ou l’argent du gabon ?

  8. J'ai mon acte de naissance. dit :

    A tous ceux qui adorent le roi et veulent la continuité.
    1. Il faut être né maudit et idiot pour ne pas changer
    2. Ceux qui n’ont pas de conscience ne comprennent pas les enjeux de l’heure et donc se foutent du peuple et de l’intérêt général
    3. On ne nait pas pdgiste, ON LE DEVIENT et donc on peut DEVENIR AUSSI autre chose que pdgiste.
    4. Quand tout va bien dans un pays, celui si n’est pas en grève (C’est tout le pays qui est en grève, on le voit) Gros paradoxe quand vous dites que tout va bien.
    5. Il n’est pas question de soutenir nécessairement un homme pour changer le pays, mais c’est à NOUS (le Peuple) de le faire et celà passe par Election à 2 tours, 2 mandants et pas plus.
    6. On chante « LE GABON EST UN PAYS DE DROIT » Merci de faire appliquer ce droit par la supposée première autorité du pays. « Etre en conformité avec la législation. Avoir un acte de naissance en bonne et due forme.
    En définitive, retenez que quand nous aurons réussit le point 5, nous aurons gagné. Le Pouvoir sera à nous. Car celui qui sait que son mandat est limité dans le temps n’agit pas comme un immortel.

  9. kango dit :

    Mon cher stephane sache tout simplement  » qu’on n’est jamais trop vieux pour mourir » en un mot on peut mourir a tout age. Donc ton debat est con

  10. wa makebe dit :

    divungi n est pas populaire les gars.etes vs sur de gagner le P-D-G en 2016?

  11. azerty dit :

    En France il y avait plus de fraicheur …
    … que ces quadra rentrent donc !!

  12. BEKALE BITEGUE dit :

    Ceux qui parlent de l’âge de nos opposants peuvent-ils nous donner celui d’ALLASSAN OUATTARA qui n’est qu’à son premier mandat en COTE d’IVOIRE.

  13. Jean-Marcel Boulinguil dit :

    La saignée va se poursuivre. Un ancien vice-président du RPG va annoncer son ralliement au Front Uni de l’opposition dans les prochains jours.

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