La formation politique prohibée de Zacharie Myboto a tenu son «meeting interdit», le samedi 25 août à Libreville. Alors qu’on craignait de nouveaux heurts entre les partisans de l’Union nationale et les forces de l’ordre, il n’en a rien été. Le rassemblement s’est essentiellement limité à la réclamation d’une conférence nationale au Gabon et à la réhabilitation du parti dissout.   
Arrivée de Mba Obame au meeting de l'Union nationale, le 25 août 2012 - © Jordan/gabonreview.com
L’Union nationale (UN), parti politique d’opposition proscrit, a fini par tenir, le samedi 25 août, le meeting tant annoncé depuis le retour d’André Mba Obame au Gabon, le 11 août 2012. D’abord programmé pour le 15 août, le rassemblement n’avait pu se tenir du fait des émeutes dites de Cocotiers. La formation politique avait ce jour-là mobilisé 2 000 à 3 000 personnes. Ils étaient environ 1 500, ce samedi, au quartier Ancienne Sobraga de Libreville où se trouve le quartier général de l’UN.
Mise en garde du ministère de l’Intérieur
Jean François Ndongou, le ministre de l’Intérieur, le 25 août 2012 - © Jordan/gabonreview.comDans la matinée du 25 août, le ministère de l’Intérieur a diffusé un communiqué à travers lequel il rappelait que «l’organisation d’une manifestation publique au Gabon est assujettie à une demande d’autorisation adressée au Ministère de l’Intérieur (…) En l’absence de cette autorisation, les manifestations publiques sont interdites.» Le ministère de l’Intérieur a déclaré avoir été informé de ce que les partisans du parti dissout entendaient, après ce meeting, «organiser une marche dans les rues de Libreville, avec pour objectif, de détruire les biens publics et la ferme intention d’amener les Forces de Sécurité et de Défense à commettre des bavures, afin qu’ils puissent faire valider l’idée selon laquelle, le Gouvernement Gabonais ne respecte pas les libertés publiques. Promettant même de s’attaquer aux biens de certaines personnalités du pays.» Plus tard, dans une conférence de presse donnée en milieu de journée, Jean François Ndongou, le ministre de l’Intérieur, a rassuré que les forces de l’ordre ne devaient pas intervenir si le meeting se cantonnait au siège du parti, non sans avertir : «S’ils organisent une marche sur la voie publique, nous interviendrons.» Tout de même visible à proximité du principal carrefour du quartier, le Groupement d’intervention de la Gendarmerie nationale (GIGN) est resté en observation.
Myboto accuse Ali Bongo de «haute trahison»
Zacharie Myboto, pprésident de l'Union nationale, le 25 août 2012 - © François Ndjimbi/gabonreview.comLe discours à la Nation du président Ali Bongo, le 16 août, à la faveur de la fête de l’indépendance du Gabon, a visiblement irrité les dirigeants de l’UN. Si André Mba Obame en a donné sa réponse, Zacharie Myboto, patron de l’UN, y a consacré tout son speech. Pour rappel, le président Ali Bongo a notamment soutenu dans ce discours : «Je ne vais pas laisser notre pays entre les mains de ceux qui, après avoir été aux affaires et s’être illustrés par la trahison, la manipulation, l’enrichissement personnel, l’intolérance et le mépris des populations, veulent aujourd’hui casser et détruire le Gabon.»
Brisant sa circonspection habituelle, Zacharie Myboto a clamé qu’Ali Bongo est coupable de haute trahison. «Nous avons trahi qui ? Quel contrat avions-nous signé pour dire que nous devions rester au PDG même lorsque les choses ne vont plus bien ? Nous lui demandons d’apporter ce contrat». Et de relire l’article 12 de la Constitution portant sur le serment présidentiel. Ce, en vue de démontrer avec quelques exemples, que le président gabonais n’a pas, selon Myboto, respecté ce serment et déduire : «c’est de la haute trahison.» Pour ce qui est de l’enrichissement personnel, Zacharie Myboto, visiblement remonté, a proclamé haut et fort : «s’il y a quelqu’un qui s’est enrichi c’est lui (…) les hôtels particuliers, les voyages à droite et à gauche, les sociétés qu’on achète ici et là (…) Olam, qu’est-ce qu’il y a derrière Olam ?» Zacharie Myboto a enfin lancé : «s’il ouvre la boite de Pandore, il verra ce qu’on lui dira et à ce moment là, il se taira.»
Accrombessi, émeutiers emprisonnés, conférence nationale
Militants de l'Union nationale au meeting du 25 août 2012 - © François Ndjimbi/gabonreview.comPour l’essentiel le message de tous les orateurs a tourné autour d’un appel à l’organisation d’une conférence nationale et de la réhabilitation de l’Union nationale. Dès l’entame de son intervention d’une cinquantaine de minutes, André Mba Obame a décliné le menu : «J’aimerais vous parler de celui qui est parti sur une chaise roulante, dans un état plus grave que moi-même je ne l’avais soupçonné. J’aimerais vous parler de nos erreurs, de nos doutes, de nos atermoiements, des espoirs qui ont pu être, même temporairement, déçus. Mais tout cela n’appartient qu’au passé. Et ce dont je vais vous parler, aujourd’hui, c’est de l’avenir, un avenir ouvert, un avenir engagé, un avenir plein d’espoir, un avenir plein d’espérance
Le rassemblement du 25 août 2012 au siège de l'Union nationale - © Jordan/gabonreview.com
Gabonreview.com - Les militants au méétin de l'UN - © Jean-Pierre RougouMagistral au début avec la lecture d’un discours à travers lequel il a déploré biens de maux de la société gabonaise, il a terminé versant dans un humour populiste, saupoudrant son propos de piques envers le président de la République. Il n’a pas manqué, par ailleurs, d’aborder le problème de la liberté de la presse, de la destruction des logements à Libreville, du droit au travail et à l’emploi, du droit à l’instruction, de la propriété immobilière, etc. Une énumération qui a débouché sur un appel à la mobilisation des Gabonais à soutenir et à se battre pour la tenue d’une «conférence nationale souveraine».
Andre Mba Obame lors du meeting de l'Union nationale, le 25 août 2012 - © Jordan/gabonreview.comMaixent Accrombessi, le directeur de cabinet du président de la République, à qui Mba Obame a adressé un ultimatum de deux semaines pour quitter le Gabon, n’a pas manqué au menu : «Aux dernières nouvelles, il n’est plus ici (…) il est parti. Il va revenir (pour des photos, ndlr). Mais, moi, je peux déjà vous dire il est parti.»  Mba Obame a tout de même invité les Gabonais à ne «jeter le bébé avec l’eau du bain» et donc à ne pas mêler la communauté béninoise, qui vit en bonne intelligence avec les Gabonais, au cas Accrombessi.
Déplorant le retour de prisonniers d’opinion qui avait disparus du Gabon depuis 1985, Mba Obame a raconté avoir dit aux parents des émeutiers de Cocotiers, actuellement emprisonnés, «n’empêchez pas à vos enfants de vivre leur destin, parce qu’ils sont entrain d’écrire l’histoire. Ils sont dans l’histoire. On ne les oublie pas. Dieu est au contrôle. Il sait ce qu’il fait. Nous à l’Union nationale nous nous battons pour leur libération. Nous avons payés des avocats, notamment.» Et d’annoncer la plausibilité d’un mot d’ordre pour se constituer massivement prisonnier.
Dieudonné Milama, président de l’Observatoire national de la démocratie - © François Ndjimbi/gabonreview.comDieudonné Milama, président de l’Observatoire national de la démocratie (OND), qui était monté sur l’estrade avant André Mba Obame, a communiqué l’essentiel des démarches de la société civile pour la promotion de la conférence nationale : les échanges avec l’ambassade des USA au Gabon en vue d’un soutien de cette puissance à la promotion de la démocratie, de l’État de droit et des droits de l’homme au Gabon. Ne présageant pas de l’annonce que fera plus tard par Mba Obame à ce sujet, il a également décliné les démarches entreprises pour éviter un problème béninois au Gabon, consécutif au cas Accrombessi. Le leader associatif a promis de saisir très prochainement le président béninois, Yayi Boni, en vue de lui demander d’intercéder à ce sujet.
Zacharie Myboto et André Mba Obame n’ont pas manqué de se réjouir de la déclaration, le 24 août, de René Ndemezo’o Obiang, député de Bitam, ex-ministre et baron du PDG, concernant la nécessité d’organiser une conférence nationale.
Le «meeting de clarification» n’aura en tous cas pas permis d’entrevoir le plan d’action des promoteurs d’une conférence nationale au Gabon mais il s’est terminé sans les heurts appréhendés.

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Le fils de la Veuve dit :

    Le GIGN était là ? je constate que cette entité relève du ministère de la Défense. Or, c’est le ministre de l’Intérieur qui est garant de l’ordre public. Ouvrez donc vos yeux dès à présent et constatez que, comme toujours, le ministre de la Défense réprime et c’est celui de l’Intérieur qui assume les dégâts…. Demain, vous direz « Nongou faisait ceci, Ndongou faisait cela… » alors que le vrai responsable se nomme Ondzounga. Comprenne qui pourra….

  2. Le citoyen libre dit :

    ALI Bongo n’a pas confience au ministre de l’interieur, il prefere s’appuyer sur l’armee pour mieux assoire son pouvoir.

  3. ni lire ni écrire dit :

    Tant mieux si tout s’est déroulé dans le calme. Les uns et les autres, dans les deux camps, ont fait preuve de responsabilité dans les actes sinon dans les paroles. Pourvu que ça dure !

    • La Fille de la Veuve dit :

      @ Ni lire, ni ecrire,
      Pourquoi ne denoncez-vous pas cette fois le fait que ce meeting ce soit tenu sans autorisation et en violation de la,loi ?
      Pourquoi ne signalez-vous pas le fait que lorsque les gabonais ne sont pas empeches dans la libre expression de leur opinions, ils son capable de se rassembler par milliers sans heurts ?
      Pourquoi ne pas conclure que le 15 aout dernier a Cocotier, c’est donc l’intervention des forces de securite qui a ete la source des heurts et que si le Ministre de l’Interieur et le Ministre de la defense n’avait pas envoye Policiers et gendarmes empecher la libre expression des opinions des Gabonais, le meeting prevu se serait derouler dans le calme et la bonne humeur que ce fut le cas samedi dernier ?
      La preuve est desormais faite que le regime est bel et bien responsable et a l’origine des violence du 15 aout 2012 a Cocotier.

  4. nababy dit :

    cher « fils de la veuve » revois les attribus des « forces des defenses nationales » tu comprendra que tu fais dans la langue de « bois »! la seule chose que tu doit faire toi et tes « bouro » de l’UN c’est de respecter les institutions de la republique! car un jour s’ils repartent au pouvoir ils n’accepterons jamais qu’on brave l’autorité de l’etat. AMO en sait quelques Choses!!!!

    • Le fils de la Veuve dit :

      @Nababy. Qui a parlé d’attributions ? On parle de tutelle ici non ? Qu’est-ce que vous nommez « institutions de la République » ? Ce groupe de mots sera valable le jour où Nababy pourra aller au tribunal affronter Pascaline Bongo ou Assélé pour un terrain et gagnera son procès. Qui peut dire la main sur le coeur qu’il peut aller au tribunal porter plainte à un membree du clan Bongo qui l’aurait dépossédé d’un terrain ? Ne jouons pas avec les mots….. « Institutions de la République  » ;;;;; Et puis quoi encore ? Omù avez-vous une République dans cette jungle où seule la loi du plus fort compte ? TV° a été saccagé, mitraillée, avez-vous entendu le CNC réagir ? Qu’en aurait-il été été si ça avait été TéléAfrica ? Vous vous bandez les yeux cher ami, en plus de faire du hoprs sujet et de la diversion…… Tout cela ne change rien à mon propos à savoir que c’est Ondzounga qui réprime et Ndongou qui assume. Comme toujours le ministre de l’Intérieur assume les inepties de son collègue de la Défense. Encore une fois, comprenne qui pourra….

  5. MissMaroundou800 dit :

    C’est une bonne nouvelle, que le meeting se soit passé sans heurts.Après ça à quoi s’attend-t-on maintenant ?

  6. Prince dit :

    Mes Chers frères, le Gabon va mal depuis 43 ans mais tout s’est dégradé depuis 3ans.
    il est encore temps de bâtir des institutions solides et laisser le peuple s’exprimer. Les problèmes électoraux nous divisent depuis 1990, parce que tout le monde sait que notre système électoral.
    Laissez le peuple s’exprimer, autoriser et encadrez, les marches et les rassemblements pacifiques, on verra dan quel camps la légitimité se trouve !!!
    En 2009, le peule s’est massivement exprimé comme jamais après 1993 ; les Gabonais on cru au changement mais les résultats des urnes n’ont pas été entendus
    Regardez le boycotte des dernières législatives ; dans un pays où le peuple ne s’exprime plus, je vous le dis, ça peut exploser à tout moment.
    Ça été le cas au Maghreb où rien ne présageait une telle crise qui frapper des pays qui semblait stable comme l’égypt. et la Tunisie.

  7. MOUSSAVOU dit :

    Où est la séparation des pouvoirs au Gabon?
    Nous vivons dans un pays militarisé depuis 2009 avec un recrutement de plus de 5.000 militaires en trois ans pendant que nous attentons toujours les 5.000 Logements par an.
    Avec la dernière constitutionnelle, le chef de l’Etat peut désormais, sans l’val parlement, librement décider sur les question de défense & Sécurité.
    Toute forme d’opinion contradictoire est violemment réprimée : Qu’ils agisse de la société civil, des étudiants, des médias, de la presse, des partis politiques qui peuvent être dissous alors que Le mandat de leurs élus est encore en cours au parlement.Même le code électoral révisé a retiré l’obligation de la parité Majorité-opposition à la CENAP.
    Tout est au ordre d’un seul homme dans ce pays : Le Parlement dont le SENAT et Assemblée Nationale sont aux ordres avec 114 Députés/120, la CENAP, le CNC , le CES, la Cour Constitutionnel, les médias d’Etat, l’armée, La justice et le conseil nationale de la magistratures, l’administration, le Gouvernement et ses ministres sont des figurants avec des puissantes agences sous tutelle du palais.

  8. Prince dit :

    Mes Chers frères, le Gabon va mal depuis 43 ans mais tout s’est dégradé depuis 3ans.
    il est encore temps de bâtir des institutions solides et laisser le peuple s’exprimer. Les problèmes électoraux nous divisent depuis 1990, parce que tout le monde sait que notre système électoral.
    Laissez le peuple s’exprimer, autoriser et encadrez, les marches et les rassemblements pacifiques, on verra dans quel camps la légitimité se trouve !!!
    En 2009, le peuple s’est massivement exprimé comme jamais après 1993 ; les Gabonais on cru au changement mais les résultats des urnes n’ont pas été entendus
    Regardez le boycotte des dernières législatives ; dans un pays où le peuple ne s’exprime plus, je vous le dis, ça peut exploser à tout moment.
    Ça été le cas au Maghreb où rien ne présageait une telle crise qui frapper des pays qui semblait stable comme l’Égypte. et la Tunisie.

  9. kevazingo garnett dit :

    Mr ali avait bien di qu’il pronnait le changement dans la continuité. aujrd’hui peut-il ns mtré ce changement?ls altogoveens ont cmmencé à s’organiser et ils ont appelés cela « forum! » fesons atention,ce pays prends un virage ki dis pas son nom.woleu ntem d’un coté ,haut ogooé s’en va de l’autre demain ça sera la ngounié et bien d’autres. k ls politiques fasssent atention aux actes k’ils posent!

  10. manondzo dit :

    Arrêtez de vous torturer les méninges pour ce que je considère comme une tempête dans un verre. L’UN est un parti dissout, quelle est sa légalité pour reclamer une conférence nationale? Ces gens ne reconnaissent pas le pouvoir d’ABO pourquoi le supplient-ils d’organiser une conférence? Ils ont un président de la république et un gouvernement, alors qu’ils fassent leur conférence. On les voit clair, pendant longtemps ils ont reclamé la biométrie, maintenant que le gouvernement légal et légitime s’y emploie, ils bottent en touche pour demander une conférence nationale; heureusement que l’opposition responsable ne les a pas suivi et est restée fidèle à sa révendication: la biométrie. Et puis, entre nous, ne nous leurrons pas, ceux qui ont toujours été dans l’opposition depuis OBO n’oublierons JAMAIS ce que les MYBOTO, MBA OBAME, EYEGHE NDONG leur ont fait endurer, au grand JAMAIS ils ne s’aligneront avec eux, à bon entendeur….

  11. Le fils de la veuve dit :

    @Manondzo. On ne va pas revenir sur la notion de légalité ou sur l’arbitraire ou encore sur le putsch d’Ali Bongo et la partialité de vos fameuses institutions telles que la cour constitutionnelle de la copine de papa. Vous etes libre de jouer a l’ane. Mais on veut savoir comment oublier ce que les Bongo, Mborantsuo, Assélé, Patience Dabany, Ngari, Nzouba Ndama, Boukoubi, Essonghé Michel, Lemboumba, Mabala Martin, Ona Ondo Daniel, Ikambouayat Rigobert, Doumba Emile, Ngozo Maxime….ont fait aux familles gabonaises

  12. MissMaroundou800 dit :

    @ le fils de la veuve c equ etu dis là est vrai, ces personnes méchantes ont fait du mal à nos parents. Today encore ils sont intouchables ça frise la folie pour moi. Comment ns pouvons oublier tout ça? ces personnes sont aux affaires, ils ont fait du tort à des personnes, des choses horribles, inhumaines et voilà qu’aujourd’hui,rien à changer. vs voulez balayer ça comme ça , impossible. ils méritent tous autant qu’ils sont des sanctions sévères.
    Y en a pleins d’autres qui doivent rendre des comptes à la société gabonaise. j’en ai marre je ne suis pas un mouton. un jour ils paieront ça, à coup sûr. D’autres voix s’élèveront contre eux. ils ne sont pas amnésiques ces crapules. Ndoungou parle de solidarité à qui, pour qui, bon de dieu ??? il se moque des pauvres gens comme nous ou bien ? Tout se paie si bas .

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