Annonçant la tenue prochaine à Libreville d’une conférence débat, chapeautée par un expert international, sur le thème «Crise économique et financière dans les pays de la CEMAC : Quelles solutions pour le Gabon ?», Léandre E. Bouloubou, président de l’Association Imagine-Gabon, ouvre d’ores et déjà le débat, à travers la tribune libre ci-après.

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Léandre E. Bouloubou. © D.R.

La crise économique et financière qui sévit dans les pays de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) est l’objet de nombreuses controverses dans l’opinion publique des pays concernés.

Il s’agit d’un sujet au cœur de l’actualité en raison de la persistance et l’aggravation de cette crise née de la chute des prix du baril du pétrole dont la santé des économies des pays de la CEMAC reste encore largement tributaire.

En effet, les économies des pays de CEMAC font face depuis 2014 aux conséquences du choc pétrolier qui s’est traduit par une nette détérioration des équilibres macroéconomiques ayant pour corollaire un fort ralentissement de la croissance économique, une détérioration des comptes publics et extérieurs et une dégradation de la situation monétaire.

Selon la BEAC, la croissance économique dans la zone CEMAC a atteint à peine 1% en 2016 contre 2,4% l’année précédente. Les termes de l’échange se sont fortement détériorés au point de laisser planer sur ces économies le spectre d’une seconde dévaluation du FCFA.

Le Gabon, bien que son économie soit plus résiliente aux chocs exogènes grâce aux efforts de diversification entrepris au cours des dernières années, est également affecté par l’onde de choc de cette crise qui place le pays sur un équilibre macroéconomique instable.

Devant cette situation préoccupante et en l’absence d’un horizon prévisible de sortie de crise, les chefs d’Etat des pays de la CEMAC se sont résolus à adopter le 23 décembre 2016 à Yaoundé, la décision de recourir à des programmes d’ajustement structurel (PAS) ou plans de redressement économique sous l’égide du Fonds Monétaire International (FMI) pour envisager une sortie de crise rapide et mettre en place les conditions d’une relance durable de leurs économies respectives.

Mais d’ores et déjà des voix s’élèvent dans l’opinion publique pour contester ce retour en arrière en raison des résultats mitigés de nombreux PAS appliqués dans les pays concernés, notamment au Gabon où le souvenir douloureux de la vague des privatisations des entreprises parapubliques des années 90-2000 est encore vivace dans la mémoire collective.

Pour ce nouveau round, des organisations de la société civile soupçonnent le Gouvernement de mijoter un plan d’austérité assorti d’une diminution des salaires et des primes alors que sans attendre les recommandations du FMI, le Gouvernement a déjà amorcé une réforme de la fiscalité dont les effets sont redoutés par les chefs d’entreprises, les associations de consommateurs et les administrations fiscales concernées par la réforme.

Malgré cette psychose, la décision des chefs d’Etat de la CEMAC est actée. Il appartient désormais à chaque pays d’optimiser et de tirer le meilleur parti de ces nouveaux PAS en veillant à ne pas reproduire les erreurs du passé.

En effet, la problématique de la gestion de la crise pétrolière débouchant sur des programmes de redressement économique n’est pas nouvelle dans les pays de la CEMAC et singulièrement au Gabon.

Ainsi, dès le 22 décembre 1986, le Gabon frappé de plein fouet par le contre choc pétrolier a conclu avec le FMI son premier programme d’ajustement structurel soutenu par un crédit stand-by d’un montant de 98,7 millions de DTS.

Après le traumatisme de la dévaluation du franc cfa en 1994 assortie d’un PAS drastique, le Gabon a signé en 2004 un nouveau programme stand-by suivi d’un accord de confirmation triennal conclu le 07 mai 2007.

La décision des chefs d’Etat de la CEMAC du 23 décembre 2016 à Yaoundé, confirme que depuis 1986, les pays de la CEMAC et particulièrement le Gabon n’ont eu de cesse de solliciter l’assistance technique et financière du FMI pour soutenir leurs efforts de sortie de crise de paiement et de soutenabilité des finances publiques.

Pourtant, la crise pétrolière au Gabon et les politiques d’ajustement et d’adaptation bénéficient au plan théorique d’une abondante littérature (Emmanuel Eyeghé Nzé [2001], Ajustement structurel au Gabon : une vue d’ensemble depuis 1986 ; Gabriel Zomo Yebé [1993], Comprendre la crise de l’économie gabonaise ; Alfred Mabika Mouyama [1994], Stratégie de redéploiement de l’économie gabonaise ; Sylvain Engone Mvé [2001], La soutenabilité de la politique budgétaire au Gabon ; Alexandre Barro Chambrier [1990], L’économie du Gabon, politiques d’ajustement et d’adaptation ; Léandre E. Bouloubou [2008], La soutenabilité des finances publiques dans les pays africains producteurs de pétrole : le cas du Gabon, etc.).

Mais visiblement cette riche littérature, les traitements préconisés dans le cadre des précédents PAS et appliqués par les gouvernements successifs ainsi que les efforts de transformation structurelle de l’économie entrepris ces dernières années ne sont pas encore suffisants pour permettre au Gabon de s’affranchir de ce que les économistes appellent « la malédiction pétrolière » ou « oil doom ».

Dans ce libre-propos, nous n’avons pas la prétention d’apporter une recette infaillible à la crise économique et financière que traversent actuellement les pays de la CEMAC et particulièrement le Gabon. Sa seule ambition est de planter le décor et susciter le débat auprès de tous les acteurs intéressés par cette problématique.

C’est dans cette perspective que l’Association IMAGINE-GABON dans sa composante Think-tank annonce à travers cette tribune, l’organisation d’une conférence-débat ayant pour thème : « Crise économique et financière dans les pays de la CEMAC : Quelles solutions pour le Gabon ? ».

Ainsi, l’objectif principal de cette conférence-débat est-il de réunir sur un même panel, des experts internationaux, locaux et des personnalités de haut rang pour échanger avec des participants.

Cette rencontre qui s’inscrit dans sa mission de relais utile entre les pouvoirs publics et les populations, permettra à IMAGINE-GABON de donner la parole aux citoyens afin qu’ils apportent leur contribution pour aider les autorités à prendre de bonnes décisions et optimiser le plan de redressement économique du Gabon en cours de préparation.

La Conférence-débat qui sera organisée à Libreville dans les prochaines semaines sera animée par un expert de renommée internationale ayant une bonne connaissance des questions économiques du Gabon et de la sous-région.

Il sera accompagné des panélistes de haut rang représentant le Gouvernement, le secteur privé, les partenaires techniques et financiers, l’université gabonaise et la société civile. Chaque composante ayant son point de vue à présenter au sujet de cette crise et des solutions à partager.

Aussi, IMAGINE-GABON Think-Tank a-t-elle l’immense plaisir de convier d’ores et déjà les cadres d’administration, du secteur privé, les étudiants, les parlementaires, les organisations de la société civile, les médias, les experts locaux, la diaspora, etc. à prendre une part active à cette importante rencontre et à transmettre dès à présent leurs contributions écrites à l’adresse suivante : contact@imaginegabon.ga.

Toutes les contributions et les recommandations issues de cette rencontre seront consignées dans un rapport qui sera transmis aux autorités chargées de la politique économique et financière au Gabon et publié.

Léandre E. Bouloubou

Président de l’Association IMAGINE-GABON

© Imagine-Gabon Think-Tank/Working Paper N°1/02/17

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. MEYE dit :

    Très bon texte. Mais demandez aux gouvernants de ce qu’ils ont des recettes pétrolières entre 2009 et 2014, quand le prix du baril du pétrole était à plus de 100 dollars US. d’après les experts, le Gabon n’avait jamais eu autant d’argent dans l’exploitation du pétrole et depuis son entré à l’OPEP.
    Pour moi, la solution de sortie de crises multiformes au Gabon, c’est le départ des bongo du pouvoir. Le reste, nous pouvons asseoir tranquillement et parler franc, comme disent les enfants face to face.
    Tout les reste n’est que littérature. La seule et unique solution, le départ d’ali bongo du pouvoir. Aka ? Akiééééé !!!!! Pourquoi vous ne comprenez pas que le problème du Gabon c’est le pouvoir bongo. J’ai bien lu la thèse de doctorat en science politique de Mme SOIRON, dont le thème est La Longevité d’un pouvoir, le cas du Gabon. Ce sont ces éléments que nous voyons en ces moments. Merci

  2. PMM dit :

    Quoi qu’on dise, je pense à mon humble avis que le Gabon avec une population estimée à 1.5 million d’habitants ne pouvait être autant affecté,si la gestion du pays respectait les normes de la bonne gouvernance.
    Prenons simplement la période de 2009 – 2016 , Ou sont les chantiers qui ont absorbé tous ces gros budgets annoncés par les différents gouvernements ? Tout ça pour quels résultats?

  3. Faustino Nze Ondo dit :

    Bouloubou !

    Votre aîné Jean Gaspard Ntoutoume Ayi vous l’avait déjà rappelé ici même! Elevez-vous, sortez de la courtisanes!

    Tant que les pays d’Afrique centrale ne se seront pas libérés de leurs dictateurs, il n’y aucune perspective possible de développement economique.

    Regardez la réalité en face et cessez de vous mentir a vous-mêmes! Vous en êtes pitoyable. Vous vous attendiez a entrer au Gouvernement, Ali Bongo vous a préféré Manfoumbi, ce quasi-illettre et Ben Moubamba qui a enfin sa première feuille de paye.

    En juin juillet, Immongault et vous vantiez la bonne tenue des agrégats macro-économiques du Gabon, et maintenant vous voulez cacher votre échec derrière la Cemac.

    Sachez une chose toute simple, en économie, sans la confiance, rien n’est possible. Et le Gabon ne pourra inspirer confiance a personne, tant qu’Ali Bongo s’accrocher au pouvoir.

  4. Mankwel dit :

    M BOULOUBOU,
    il faut d’abord reconnaitre que les différents gouvernements qui se sont succédés à la tête du Gabon depuis les années 70 ont échoués dans leur mission principale : faire correspondre le niveau de vie social de la population gabonaise dans son ensemble avec le potentiel des richesses du pays, en bref une juste corrélation entre le PIB du pays et l’IDH de sa population.
    Est-ce que votre Conférence-débat ne va pas tourner à la « masturbation » intellectuelle qui va perdre de vue l’objectif réel de tout gouvernant : la mise en place d’une politique économique orientée vers le bien être des populations?!
    Même si l’économie gabonaise dépend totalement du pétrole où est le problème si le gabonais moyen peut vivre comme le dubaïote?! après si il y a la crise il s’adapte…
    Mais si même en période vaches grasses pour les finances de l’Etat avec un taux de croissance macroéconomique « annoncé » (et pas vérifié) à 7% le gabonais du quartier ne voit aucun impact positif sur sa condition sociale et environnementale où est l’intérêt de votre PSGE?
    Vous pouvez faire quoi pour lui en période de vache maigre comme maintenant?!

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