Protagoniste avec les autres panélistes du débat sur les fondements de la démocratie au Gabon, ayant ouvert le forum citoyen de Libération, le secrétaire exécutif de Brainforest dénonce une forme de connivence institutionnelle voire une concentration des pouvoirs entre les mêmes mains.

Marc Ona Essangui, le 9 octobre 2015 à Libreville. © Gabonreview

Marc Ona Essangui, le 9 octobre 2015 à Libreville. © Gabonreview


 
Gabonreview : Vous avez participé à un panel sur les défis de la démocratisation. Quels sont les défis qui se posent au Gabon sur ce point ?
Marc Ona Essangui : Le premier défi pour la démocratisation au Gabon est celui des élections crédibles, transparentes où le citoyen reconnait avoir accompli un devoir civique. Tant que le citoyen ne se reconnait pas dans les résultats rendus publics, on peut tout faire,  on va tout dire, il n’y a pas de démocratie. La démocratie, c’est la participation du citoyen. La démocratie, c’est le contrôle citoyen de l’action publique. La démocratie, c’est le citoyen au cœur de toutes les décisions. Puisque c’est ce citoyen que l’on sollicite pour désigner les responsables, ces responsables doivent rendre des comptes au même citoyen.  Pourquoi à un moment donné, on va demander au citoyen de jouer un rôle et à un autre moment, on va lui dire qu’on ne reconnait pas exactement son statut de contrôleur de l’action publique ? On est en contradiction. Les institutions : le président de la République à lui seul est une institution. Cela veut tout simplement dire que toutes les institutions qui sont mises en place sont indépendantes de l’institution qu’est le président.  Mais j’ai l’impression que le président, à lui seul, a mis la main sur toutes les institutions.
Que proposez-vous pour que cela change ?
Il faut mettre en place les institutions républicaines, un système judiciaire qui soit républicain, parce que la justice au Gabon fonctionne  comme une toile d’araignée qui n’attrape que de petites mouches. On parle de corruption. Dans un système démocratique, on sait bien que quand quelqu’un est coupable d’un délit, il y a des éléments qui sont là, des juges pour juger. Mais ici, on est obligé de fonctionner avec la justice gabonaise comme une épée de Damoclès, pour des raisons politiques. On n’est plus dans un système démocratique.
Sur quoi vous vous basez-vous pour dire que le système juridique gabonais fonctionne comme un parti politique ?
Vous savez ce qui a été dénoncé. Vous savez le rôle de la justice. Même une dénonciation dans la presse, le procureur s’en saisit. Trop de scandales financiers sont annoncés. Vous savez qu’à la  Gabon oil company, il y a un gros scandale, est-ce que la justice gabonaise s’est saisie de ça ? On a arrêté le directeur du cabinet du Président de la République en France, est-ce que la justice gabonaise s’est saisie de ce dossier ? Nous avons porté plainte contre Gemalto, cette entreprise française  qui a organisé la biométrie ici avec des sommes colossales mais avec un résultat rikiki, est-ce que la justice gabonaise s’est saisie de cela ? Non. Mais vous allez voir la justice gabonaise faire dans le spectacle, parce que Mabiala a été arrêté. Nous ne sommes pas allés simplement soutenir Mabiala, comme Billie-By-Nze l’a dit. Nous sommes allés soutenir Mabiala parce que les conditions de son arrestation ne sont pas conformes à la procédure.
Curieusement, vous avez dit tout à l’heure que vous êtes un opposant. Alors que vous êtes plutôt connu comme un membre de la Société civile qui s’implique dans les questions environnementales. Expliquez-nous cela.
Mais vous êtes journaliste.
Ce n’est pas pour le journaliste que vous vous exprimez, mais pour ceux qui ne comprendront pas très bien ce que vous avez dit. Opposant et membre de la société civile, quelle explication ?
C’est quoi le statut d’opposant ? Être opposant, c’est s’opposer à un système, ne pas appartenir au camp au pouvoir. C’est la définition la plus simple. Ne voyons pas l’opposant dans le style on conquiert… C’est pour cela que j’ai précisé que depuis 1990, je n’ai jamais sollicité le suffrage des Gabonais. Vous m’avez déjà vu candidat quelque part ? Non. Cela ne m’intéresse pas, mais je reste opposant dans le cas du contrôle citoyen de l’action publique.
Tout citoyen qui estime que le système fonctionne mal est un opposant et l’opposant n’est pas un statut. Etre un opposant n’est pas un statut politique. Etre opposant, c’est s’opposer à quelque chose. On peut être opposant à sa femme à la maison. On peut être opposant à ses enfants. Je suis opposant au système en place depuis 50 ans parce que je ne partage pas ses dérives.
Brainforest est-il donc un parti politique ?
Marc Ona ce n’est pas Brainforest. Vous confondez tout. Mais je m’exprime correctement. Avez-vous déjà vu le label Brainforest quelque part dans un meeting politique ou dans une campagne électorale ? Je suis le Secrétaire exécutif de Brainforest, oui. Brainforest est une organisation que je dirige. Mais Marc Ona est aussi citoyen.
Vous avez dénoncé tout à l’heure la corruption à grande échelle au Gabon et vous dirigez une organisation qui reçoit des fonds, on ne sait d’où et comment ils sont gérés ?
Les fonds viennent des fondations. Les fonds viennent de partout et il y a une traçabilité. Si le gouvernement voulait faire son travail, au lieu de porter des accusations sur les acteurs qui se veulent indépendants, il l’aurait fait. Le gouvernement est libre d’aller voir d’où viennent nos fonds puisque nos comptes sont logés dans les banques locales.
En participant à ce forum citoyen organisé par Libération. Quels enjeux y avait-il ?
Les seuls enjeux de ce type de forum c’est les enjeux de communication pour le client qui a commandé. C’est une opération de communication pour le client Ali Bongo. Mais je suis un peu surpris  de constater que son directeur de cabinet est parti quand il a fallu parler des problèmes de corruption alors qu’il était dans la salle. Bon, ça veut dire que, tant qu’on caresse dans le sens du poil, on reste dans la salle et quand on commence à appuyer là ou ça fait mal, on sort de la salle.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. jean-jacques dit :

    Mais Monsieur comment voulez de la democratie en pratiquant la politique de la chaise vide? le min de l’int. a convoqupé vos faux opposants ils ont refusés pour que demais ils vont crier qu’ils n’ont pas participer à la revision du fichierelectoral.
    la justice que vous demander, tu etais parmis ceux qui demandait la liberation du faussaire, et tout dernierement du ex min, qui est en prison en ce moment donc vous comprenez que sa prison est bien justifiée on combat le detournement d’argent public.
    DITES AUX FAUX OPPOSANTS DE RENDRE TOUT L’ARGEMNT QU’ILS ONT DANS LEURS COMPTES

    • libertré (collins) dit :

      en fait, ce que je comprend c’est au Gabon, la présomption d’innocence qu’avait tant prôné notre procureur à l’époque des crimes rituels s’applique pour certains et pas pour d’autres. quel intérêt aura marc ona à demander la libération d’un ministre corrompu.comme la plus tombe sur les bons comme les mauvais et homme de vertue et de morale, il serait bien de respecter tous le monde dans ses droits. Sadam était un assassin, mais toute la communauté internationale a réclamer une enquête sur les circonstance de ses son décès. juste pour dire aucune démocratie n’est parfaite, mais c’est à nous de définir le minimum. un pays fort repose sur des institutions républicaines de manière à ce que nous ayons un rapport de force entre ses dernières et de pouvoir dans la liberté confronté nos opinions. les Opposants ne peuvent pas venir aux rencontres sachant que les dés sont pipés. on a besoin d’avoir un doctorat pour voir que tous ce qui est organisé est une mascarade?donc chers citoyens restons patriote au moins pour la gestion de notre pays. et le reste on verra.

    • ME DIBABE dit :

      Jean jacques il faut evier stp met toi a l’écart de ce debat ok ? stp sa ne te regarde pas donc ne cherche pas les palabres ou il n y a en pas.

    • mossodjo dit :

      va au boulevard jean paul 2 et dit moi si ce que tu vois la est normal pour un pays comme le Gabon. Ensuite va au bord de mer la ou il y avait la foire, l ancien Dowe ou ily a un tas de sable dans la mer. Si tu ne ressens aucune tristesse au fond de ton coeur c est rien. Mais une chose est sure les gens qui gouvernent n aiment pas ce pays. Quand on aime quelque chose on en prend soin. on ne peut pas abandonner la capitale de la sorte Libreville la coquette etait une belle ville. Vous ne comprennez pas que le monde entier voit cela et se moque de nous parceque nous n arrivons pas a maintenir des boulevards ni debrousser l herbe qui pousse desormais sur le goudron… malgre 3000 milliards de budget et des administrations qui fonctionnent

  2. Roberto dit :

    Marc Ona Essanguy a entièrement raison. Tout est confisqué. Les élections sont truquées. Demander comment Mamfoumbi s’y prend pour acheter les consciences dans la Dola ? A coup de distribution de Francs CFA. C’est çà la politique noble ??? Et un Directeur de Cabinet qui fait l’objet d’une information judiciaire en France pour des faits graves et qui n’est pas entendu par la Justice Gabonaise : c’est çà la Démocratie ?????

  3. jean Max dit :

    Nous faisons dans l’amalgame depuis un certain temps. le dossier sur Ali Bongo n’a pas trouvé de solution à ce jour. Que faisons nous de cet imposteur? Aussi, parlant de 2016, comment organiser une telle élection alors que toutes les institutions de contrôles sont dirigées par le PDG? CENAP, MINISTERE DE L’INTERIEUR, Cour CONSTITUTIONNELLE …..

  4. CANTON LEYOU dit :

    M. JJ excuser moi mais, j’avoue que vous êtes tellement puérile et « nul » à tel point que vous êtes illisible et impertinent. Évidemment que toutes les institutions sont à la solde du « roi »; c’est la marque des gens pessimistes qui sont arrivées au pouvoir par …..!!!!!.
    Cordialement.

  5. Cassandre de Troie dit :

    En voici l’illustration nationale de ce qu’on appelle la Société civile. Elle ne regorge que d’Opposants; Ils sont nés opposants, ils mourront opposants.
    Non!Cher Goldman ou Goldorak, le contrôle de l’action du gouvernement ne vous fait pas opposant. Au contraire! Parce que nul n’est parfait. En réalité vous êtes opposant par nature, et tout ce que vous dites le traduit. Vous dites ne pas chercher un mandat, en fait un mandat politique, mais les mandats peuvent être aussi donnés y compris dans les ONG. Pourquoi restez-vous Inamovible au sein de Brainsforest et autres tralala? Parce que c’est votre nature, qui n’admet pas la contradiction; ce que vous reprochez aux autres. J’ai fouillé partout à Transparency International, à L’Initiative pour la transparence des industries extractives, etc.. tous les patrons qui étaient à la tête de ses ONG ont été remplacés, pourquoi pas vous ici?

    • Leflirt dit :

      La question posée est très intéressante et je doute que quelqu’un puisse apporter une réponse franche et satisfaisante car je reste convaincu que certaines raisons ne sont pas aussi nobles qu’on le laisse croire.
      J’ai comme l’impression que certains qui s’érigent en censeurs ne le sont que pour répondre à leurs propres envies et besoins. Pourquoi ne pas dire simplement que l’on veut notre part du gâteau au lieu de faire croire que l’on discute pour le peuple?

  6. Stephan Owen dit :

    Monsieur Ona Essangui s’accroche à Brainforest comme le feraient des moules affamés à un rocher. Il est d’ailleurs en procès pour vouloir s’accrocher à une autre organisation de la société civile, au point où Paulette Oyane y a été nommée Administratrice provisoire de long terme. Et c’est cet individu qui prétend donner des leçons de démocratie? Il n’y a qu’au Gabon où ce genre d’énergumènes s’expriment sur des sujets dépassant largement ses capacités. Il a été désavoué par tant d’OSC qu’il devrait se taire. Il utilise des mots juste parce qu’il en a entendu parler ailleurs. C’est ainsi qu’il utilise le mot génocide pour 2 éléphants tués à Minkébé. Triste sort que connaît la société civile gabonaise avec des apprentis sorciers de cette nature.

  7. Alpha dit :

    Lorsque quelqu’un dénonce quelque chose,moi je pense qu’il faut d’abord essayer de comprendre ce qui est dénoncé,vérité y est ou pas?ces actes sont elles à dénoncer ou pas? avant de prendre des positions irrationnelles par rapport à ce qui est dit.Pourquoi se voiler la face?les institutions ne sont pas indépendantes au Gabon.C’est un véritable frein dans le processus démocratique.
    Les soit disant « opposants »devenus riche sous la bannière du PDG alors qu’ils ont occupé des hautes fonctions,qui était censé les poursuivre lors des différents détournements des fonds publics?n’es-ce-pas les instances juridiques compétentes?
    L’assemblée Nationale dont l’une des missions est de contrôler l’action du gouvernement,pourquoi n’a telle jamais demandé la mise aux arrêts d’un quelconque membre du gouvernement pour détournement des fonds publics après investigations?
    Cela signifie que lorsqu’on occupe des hautes fonctions de la république et qu’on appartient au parti au pouvoir(PDG),on peut voler l’argent du contribuable sans s’en inquiété car aucune institution n’en aura après nous.
    Si ces choses sont dites haut et fort,c’est pour interpeller nos dirigeants afin que de telles pratiques prennent fin car notre beau pays n’en profite nullement.
    Les ministères qui fonctionnent sans budget alors que le budget du Gabon est dans les 3000 Milliards.ça aussi on ne doit pas en parler?et que fait l’assemblée Nationale face à cette situation?ne devrait elle pas appeler le gouvernement pour qu’il s’explique?et on va dire que c’est une assemblée Nationale indépendante ça?
    A ceux là qui on pillé ce pays de près ou de loin,sachez que vous aller rendre des comptes au moment venu.
    Un pays avec autant de richesse et une population aussi insignifiante ne peut pas être dans ce état,s’il était aimé des ses dirigeants.

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