Le plus grand et plus bel ouvrage routier jamais construit sous le « règne » du prédécesseur et père de l’actuel président de la République, le Boulevard Triomphal Omar-Bongo, fleuron des voiries urbaines gabonaises, est littéralement entré en phase de putréfaction… sous le regard impassible des successeurs d’Omar Bongo, ayant pourtant promis l’émergence du pays dans 7 ans.

Une partie du Boulevard Triomphal Omar-Bongo vue du pont de l’ancienne RTG. © Gabonreview

 

Réalisé entre 1975 et 1977 à la faveur du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) abrité par le Gabon du 2 au 5 Juillet 1977, le Boulevard Triomphal Omar-Bongo apparaissait comme le joyau de la couronne en ce qui concerne les voiries urbaines du Gabon. De fierté nationale, cette route des plus pratiquées et fréquentées de Libreville accuse le coup de la «négligence» de la puissance publique. En plus des crevasses se formant dans l’indifférence de tous, de nombreux lampadaires percutés et arrachés de leurs socles par des chauffards, déglinguent l’image de ce tronçon. D’ailleurs, le seul boulevard digne du nom au Gabon est, de plus en plus, mal éclairé ; les lampadaires arrachés par les accidents n’étant jamais remplacés.

Champs-Elysées du Gabon ?

© Gabonreview

Pis, devant le palais Omar-Bongo, siège du Sénat, et la Maison George-Rawiri abritant la télévision nationale, il y a urgence. Si rien n’est fait, le boulevard pourrait être coupé en deux à ces endroits ; l’état de dégradation étant alarmant. Outre des poteaux électriques et des arbres qui se dandinent et pourraient lâcher à tout moment du fait de l’érosion, les pluies qui s’abattent sur la ville ne sont pas pour arranger les choses. On assiste d’ailleurs déjà à un début d’effondrement de la chaussée, mais personne ne s’en émeut. Les plots ayant été posés pour prévenir les automobilistes de ce cratère, sont visiblement la solution définitive au délabrement de ce qui aurait pu être les Champs-Elysées du Gabon.

Construit sur le modèle des grandes artères occidentales avec pour objectif d’offrir une avenue enjolivant à la capitale, mais également de meilleurs conditions de circulation aux automobilistes de Libreville, le Boulevard Triomphal Omar-Bongo, bordé de part et d’autre, sur une bonne moitié de son linéaire, de représentations diplomatiques, d’institutions républicaines à l’exemple des deux chambres du Parlement, du Conseil national de la démocratie (CND) ou de quelques départements ministériels, est résolument entré en phase de déliquescence. Omar Bongo, dont l’ouvrage porte le nom, doit certainement maugréer dans sa tombe. Ses successeurs, ayant pourtant promis l’émergence du pays dans 7 ans, semblent ne pas s’en soucier.

L’Arlésienne des travaux de réhabilitation

Récemment pourtant, la Secrétaire générale du ministère des Travaux publics (TP), Yolande Nyonda, avait effectué une descente de terrain afin de visiter ce linéaire qui part du Rond-point de la Démocratie jusqu’au feux tricolores des Affaires étrangères. Et là encore, le gouvernement n’a fait que promettre des travaux de réhabilitation qui n’arrivent toujours pas.

Mais afin d’assurer la sécurité des usagers, Yolande Nyonda avait instruit les techniciens de l’Agence nationale des grands travaux d’infrastructures (ANGTI) d’y installer, dans l’urgence, un cordon de sécurité et des panneaux signalétiques. Résultats : des plots en béton ont été  installés autour des zones détruites. Conséquence : rétrécissement de la route et réduction de la vitesse de circulation des automobilistes. Plus encore, les indélicats sont exposés à de grands risques à cet endroit au cas où il y aurait un dérapage, les plots étant d’éventuels dangers. «Comme on a vu par le passé, chez nous, le provisoire deviendra définitif. Il faudra attendre que ces plots soient à l’origine d’incidents voire de morts pour que les responsables réagissent», fustige un usager de la route.

Taxi-bus, «mapanisation» et faillite du pays

Si le ministère s’est ainsi manifesté, d’autres usagers se demandent par ailleurs ce que fait la municipalité. Les poteaux heurtés et reversés depuis des lustres continuent d’encombrer et d’achever l’extinction du peu de beauté restant à ce bel ouvrage. A cela, s’ajoute un autre phénomène : depuis un bon moment, la sortie du supermarché Mbolo Géant Casino, côté Institut français du Gabon (IFG), est transformée en arrêt de taxi-bus, avec tout ce que cela comporte d’aspect du mapane (quartier sous intégré, dans l’argot librevillois). Les bas quartiers se greffent ainsi sur l’îlot de modernité que reste encore un peu le Boulevard Triomphal.

La détérioration progressive de cette artère est vraisemblablement symptomatique de la faillite du pays tout entier.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Rév. Pasteur Israël Nahum dit :

    La mort « en direct » du Boulevard Triomphal Omar-Bongo est l’état d’âme des gouvernements de son excellence Ali Bongo et c’est aussi l’état de faiblesse de la ville de Libreville. Car dire le contraire c’est un mensonge grave à la vérité. Cette phase de putréfaction routière est le manque systémique aux politiques de l’émergence du parti PDG. Les gabonais et les gabonaises ne doivent plus croire aux avis des politiciens pedegistes, car ils nous ont assez habitués à cet esprit de sirènes. Moi, mon père me disait un homme ne fait jamais des promesses mais il agit au moment favorable comme lion cependant, les panthères du Gabon se couvrent toujours la face comme des autruches. Comment comprendre qu’un pays de pétrole avec des nouveaux gisements presque chaque année mais les caisses de l’État sont toujours vides ! La municipalité de Libreville est aussi pauvre que le trésor public mais les pauvres taximen souffrent avec des taxes chaque année sans compter que la taxe policière se donne en catimini sur les mauvaises routes de Libreville ; en tout cas, c’est une honte évidente pour un pays qui devrait être une grande fierté régionale de l’Afrique Centrale en terme de progrès social.
    Vive Dieu et Vive le Gabon
    Rév. Pasteur Israël Nahum

  2. L’illettré du Littré dit :

    César Ali, les morituri (du Boulevard) te salutant !

  3. Shaka Loubedi dit :

    Quand on n’a pas ete elu on ne peut rien reussir.

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