Mardi 13 février était célébrée la Journée mondiale de la radio au Gabon, un pays dont les deux principales chaînes publiques, Africa N°1 et Radio Gabon, sont à l’agonie en dépit des multiples promesses du gouvernement de les sortir de leur difficile situation.

Depuis décembre 2014, le personnel d’Africa N°1 réclament de meilleures conditions de vie et de travail. © D.R.

 

Des années que leur situation s’empire, et toujours aucune réponse concrète des autorités. Ces dernières années pourtant, les promesses se sont succédé aux promesses, au point que la limite du mensonge risque très vite d’être franchie. A l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la radio, le ministre d’Etat en charge de la Communication a renouvelé «l’engagement du gouvernement à accompagner (les professionnels de la radio) par un vaste plan de modernisation de leur outil de production, dont l’acquisition s’imbrique parfaitement dans le processus des réformes, engagées dans le secteur de l’audiovisuel». Cette modernisation, Alain-Claude Bilie-By-Nze la promet depuis son arrivée à la tête du département ministériel dont il a la charge. Les faits sont toujours attendus.

Créée peu après l’indépendance du pays, Radio Gabon, n’a vu son matériel que rarement renouvelé. L’obsolescence des appareils à la disposition du personnel de ce média public est si avancée qu’elle rend davantage difficile le travail des professionnels, dont certains n’ont pas hésité à se plaindre auprès des responsables. A plusieurs reprises, pour déplorer leurs mauvaises conditions de travail, les agents avaient dû interrompre à des moments les programmes de la radio. Ni les grèves initiées en interne ni les engagements du gouvernement n’ont permis jusque-là de remplacer le vieux matériel ou de doter les journalistes d’outils nécessaires pour leur travail. Même le transport des agents a été interrompu plusieurs jours en raison d’une panne du véhicule assigné à la tâche. Cette interruption avait occasionné des changements dans la matinale de la chaîne, une des plus écoutées après RFI, selon les derniers résultats d’Afriscope 2017.

«Aujourd’hui à Radio Gabon, c’est l’agonie !», s’est exclamé un journaliste de la chaîne. Pour lui, c’est encore pire à l’intérieur du pays. «La situation des stations provinciales de Radio Gabon est encore plus difficile. Elle est même chaotique, d’autant que le personnel qui y travaille n’est pas intégré. Même les journalistes qui nous sont indispensables sont classés dans la main d’œuvre non permanente, et depuis des mois, ils ne sont pas payés. Les déplacements et enregistrements sont souvent faits grâce à leurs propres moyens.» Drôle de modernisation tout de même.

Au moment où le pays célébrait la journée mondiale de la radio sous le thème du sport, à Africa N°1, l’heure n’était pas non plus à la fête. La radio panafricaine qui avait fait rayonner le Gabon à l’international n’est plus que l’ombre d’elle-même. Appartenant en partie à l’Etat libyen, elle est dans la tourmente depuis plus de trois ans, alors que les impayés de salaires aux journalistes qui s’y aventurent encore n’ont pas cessé de s’accumuler. Depuis la rencontre entre le ministre de la Communication et les représentants du personnel de la radio en janvier 2017, plus rien n’a filtré quant à la matérialisation des promesses faites à l’occasion de ces échanges par le membre du gouvernement. Le projet d’intégrer Africa N°1 dans le Groupe Gabon Télévisons, lui, irait bon train. Nul doute que la prochaine Journée mondiale de la radio sera célébrée au Gabon dans les mêmes conditions pour les principales chaînes nationales.

 
GR
 

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