L’écrivain a été amené, dans cette interview, à revenir sur ses œuvres. Celles-ci l’ont élevé au rang de défenseur de la mémoire du Gabon. Il évoque donc ici ses expériences culturelles à travers le pays et prédit la pérennité de la culture gabonaise.

Jean Divassa Nyama en novembre 2014. © Gabonreview
Jean Divassa Nyama en novembre 2014. © Gabonreview

 

Votre parcours dans la plupart des provinces du Gabon vous a vraiment trempé dans le «melting-pot» culturel du pays. Que retenez-vous de ces expériences ?

Les voyages que j’ai effectués dans les provinces m’ont permis d’être en contact avec plusieurs communautés ethniques d’une part, et, d’autre part, de découvrir la culture gabonaise dans son ensemble. Cette possibilité me rend capable de m’adapter et ne pas paraître étranger à une ethnie, quelle que soit sa langue, à l’exemple des  Myéné, Vili, Tsogho, Loumbou, Fang, etc. J’ai absorbé la culture du pays comme une éponge. C’est également la raison pour laquelle dans mes ouvrages, je valorise toute la culture gabonaise.

Votre premier roman «Oncle Mâ» et votre 3ème ouvrage «Le bruit de l’héritage» sont considérés comme des best-sellers au Gabon. Quelles sont les raisons de ce succès ?

Les Gabonais souhaitent que l’on parle de leur pays, leur culture et leur vie quotidienne. Je crois aussi que ce qui fait le succès de mes œuvres, c’est que les Gabonais se retrouvent dans les histoires évoquées. En effet, quand ils me lisent, ils se rendent compte qu’ils sont dans leur milieu et se souviennent de leur passé. C’est, à mon avis, les principales raisons pour lesquelles mes œuvres occupent une place de choix pour mon lectorat.

Dans votre dernier roman «L’amère saveur de la liberté, la paix des braves», vous évoquez le courage des guerriers Fang face aux colons. Pensez-vous que cette qualité les caractérise encore aujourd’hui ?

Je dirais oui ! Car les Fang, comme toutes les autres ethnies, sont courageux. Mais la guerre contre l’administration coloniale les a affaiblis et divisés. Et la crainte de se voir trahis par son semblable fait en sorte que les gens se replient sur eux-mêmes, au lieu de soutenir l’effort collectif. Ils le font pour éviter de subir les mêmes représailles que les héros qui ont défié l’autorité des colons. Parmi ces héros, je cite Mavouroulou, les Bizima, Oyono Mintsa et Mbombè. Je réaffirme que les Gabonais ne manquent pas de vaillance mais la peur de s’exposer constitue un véritable frein pour relever les défis de la société.

Vous retracez avec originalité le vécu de populations rurales, qui plait d’ailleurs à vos nombreux lecteurs. Comment entrevoyez-vous l’avenir de la culture gabonaise ?

La culture gabonaise restera toujours authentique aux origines de ses fondements. Elle ne sera pas altérée pour la simple raison qu’il y a des pans de la jeune génération gabonaise qui s’efforcent de la pérenniser par les chants, les contes, la danse, la musique et la littérature. Elle reste vivace dans la mémoire des Gabonais.

A quoi vous sert aujourd’hui votre formation de base en marketing, puisque désormais vous exercez la profession d’écrivain ?

Je fais ce que j’appelle souvent le marketing culturel, c’est-à-dire qu’avant d’écrire un texte, je cherche à savoir les besoins de mon lectorat, en termes de lecture. Ce n’est qu’après avoir décelé leurs attentes que je commence la rédaction. Cette démarche est probablement adoptée par tout technicien en marketing. Si vous vous rendez, par exemple, dans une grande surface de la place, vous constaterez que les produits placés à un endroit tel jour, se retrouveront ailleurs un autre jour. Tout ceci vise à améliorer la présentation des articles et séduire les consommateurs.

 

 
GR
 

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