En empêchant la tenue d’un rassemblement prévu dans une enceinte privée, le gouvernement a porté atteinte au droit à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à la liberté d’association. Pour les démocrates de tous bords, il est peut-être temps d’exiger le respect des droits civils et politiques, universellement reconnus et consacrés par la Constitution.
Forces de l’ordre lors d’une manifestation de l’opposition, en novembre 2014. © D.R.
 
La technique est connue : à chaque rassemblement de l’opposition, le gouvernement s’empresse de déployer un important dispositif policier. Pour les événements prévus dans les lieux publics, il se réfugie systématiquement derrière des risques de trouble pour recourir aux forces de sécurité. Quand la manifestation doit se tenir sur un site privé, la zone est invariablement bouclée. Sur ce point, chacun peut raconter des anecdotes à la pelle. Récemment encore, la police s’est opposée à la tenue du meeting de la Coalition pour la nouvelle République, prévue sur l’esplanade du collège N’tchoreré à Libreville (lire «Le meeting de l’opposition empêché»).
Si cette manière de faire suscite l’indignation des observateurs, le gouvernement n’en tire aucun bénéfice. Bien au contraire. En empêchant la tenue de ce meeting, il ne s’en est pas seulement pris à Jean Ping et à sa coalition. Il a porté atteinte au droit à la liberté d’expression, à la liberté de réunion et à la liberté d’association. Faute de trouver une issue politique à un contentieux électoral vieux d’un an, le pouvoir sombre dans la négation des droits civils universellement reconnus et consacrés par la Constitution. Au-delà, il renvoie de lui-même une image peu reluisante, notre pays ayant ratifié le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, le 21 janvier 1983, c’est-à-dire, en plein parti unique triomphant. Mais, pourquoi une telle dérive ?
Rémanences du monopartisme
En réalité, cette situation revêt une dimension institutionnelle : si la démocratisation à marche forcée s’est traduite par le multipartisme, le principe fondamental d’alternance n’a jamais été intégré. Les structures étatiques se croient inféodées au parti au pouvoir. Leurs agissements sont dignes d’organes spécialisés d’un parti unique. À leurs yeux, toute activité politique menée en dehors du Parti démocratique gabonais (PDG) est séditieuse. Malgré la novlangue officielle, les atteintes aux libertés fondamentales ne relèvent pas du maintien de l’ordre public. Elles découlent plutôt d’une mauvaise compréhension du jeu politique. Elles soulignent une persistance des méthodes de la sombre époque du parti unique. Elles traduisent une tendance à assimiler l’opposition démocratique à une conspiration antirépublicaine. À la fin des fins, toutes ces brimades visent à semer la peur, l’objectif ultime étant la perte d’influence de l’opposition.
N’empêche, cette stratégie se révèle contre-productive. À l’analyse, sa principale victime se trouve être le PDG lui-même. De l’Union africaine, au National democratic institute (NDI) en passant par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), de nombreux partenaires du Gabon ont déjà émis des doutes sur la gouvernance actuelle. À quelques variantes près, ils ont relevé des insuffisances sur les processus électoraux et la pratique démocratique. En conséquence, le combat pour la défense des libertés doit aussi être celui des militants PDG et commis de l’État. Pour eux, cette question doit s’analyser sous l’angle de la liquidation des rémanences du monopartisme. Le respect des libertés passe certes par l’acceptation de la compétition politique. Mais, la lutte contre les dénis de droit oblige à envisager la perte du pouvoir. Elle condamne à la considérer comme une simple étape de la vie politique et non comme le début d’une mort programmée. Aux militants PDG et agents publics de le comprendre.
Respect et promotion de la citoyenneté
Globalement, le combat contre les violations des libertés ne saurait être l’affaire des seuls partis politiques. Toutes les forces sociales, notamment les corps intermédiaires, doivent se sentir concernées. Sans une réelle implication des acteurs non étatiques, cette lutte court le risque de se muer en un duel à mort entre majorité et opposition. Or, il est ici question de défendre les droits civils et politiques. Autrement dit, l’enjeu réside dans le respect et la promotion de la citoyenneté. Personne, même au PDG, ne gagne à s’y opposer. Après tout, plusieurs privilégiés d’hier croupissent aujourd’hui dans les geôles, sans égard aucun pour leurs droits. De ce point de vue, la défense des libertés n’est pas seulement une exigence démocratique. C’est aussi un devoir civique. Laisser le gouvernement restreindre les libertés aujourd’hui revient à s’exposer à des brimades demain.
Un an après la tenue de la présidentielle la plus chaotique de notre histoire, les frustrations sont profondes et les passions encore vives. Du fait d’une tendance à user de la force, le gouvernement se met trop souvent en délicatesse avec la pratique démocratique. Or, la démocratie fonctionne au droit et non à la force. Banaliser l’usage intempestif de la force, c’est consacrer la restriction des libertés. Restreindre les libertés, c’est glisser vers un régime d’exception. Aux citoyens et démocrates de tous bords d’y réfléchir.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. RTG1 dit :

    Nous on prépare tranquillement « l’Assaut Final »… LooooooooL !!!!
    La minorité ne peut pas l’emporter sur plus de 90% du peuple… Ou bien ? On va s’enjailler… LoooooooL !!! 😉

  2. diogene dit :

    Mauvaise compréhension du jeu politique, certes non.
    Depuis l avènement du multipartisme au Bongoland, jamais la démocratie n a été promue réellement. Quelques avancées sur la liberté de parole et d association toujours soumise à la contrainte de ne pas toucher aux fondamentaux du parti unique et surtout défense absolue de rappeler les crimes d Omar le divinisé.
    Partis politiques considérés comme négligeables, après l achat et/ou compromissions de ses dirigeants.
    Terrorisme d état comme seul réponse,crimes,tortures,intimidations…
    Le Pdg garantit l impunité. Ses militants sont tous des délinquants ou des pistonnés…Tous ont quelque chose à se reprocher…
    Croupir en prison après un procès équitable n est pas une option pour les pdgistes
    Se mettre en délicatesse avec la pratique démocratique n est jamais un problème pour le fascisme, bien au contraire c est sa marque de fabrique.
    L hypocrisie du système est illimitée, elle prend sa source dans la fraude électorale.

  3. Le patriote 123 dit :

    (…)Un an après la tenue de la présidentielle la plus chaotique de notre histoire, les frustrations sont profondes et les passions encore vives.(…)
    Comment ne pas le comprendre ! En 50 ans la famille Bongo a toujours usurpé le pouvoir. Fraudes, assassinats, corruption, détournements et répression sont le lot quotidien au Gabon. Ce qui s’est passé ce lundi n’est que probablement les prémices d’un ras-le-bol populaire qui prend corps tout doucement. Le peuple ne faiblira pas. Pas cette fois !

    • DANIELLE dit :

      Les frustrations vont passer. les marches vont passer. les ras-le-bol vont passer. Enfin tout va passer. La lutte meme va passer. Car on ne peut pas passer toute sa vie a lutter pour un vieux qui n’a aucun respect pour ses militants et ne se presente jamais aux marches quand on veut le voir à la tete. Ke Dieu ait pitié des aveugles

  4. Panurge dit :

    En république très, très démocratique du Bantoustan où les Bantoustanais ne naissent pas tous libres et égaux en droit, la seule chose vraie et supportable c’est l’anarchie. Dans un système anarchique, l’ordre ne règne pas. Les forces de l’ordre c’est pour ainsi dire, un non sens…un anachronisme!!

    • DANIELLE dit :

      C’est une généralité en Afrique. Tous ces phénomènes se voient partout. Donc il faut laisser les gens respirer. Quand on en a marre d’un regime, on brave tous ces forces de l’ordre, on donne sa poitrine comme les Burkinabés Sinon, les belles phrases ici ne servent à rien. La France même que certains opposants appellent à l’aide a connu sa révolution en 1789 quand elle en a eu marre avec son cortège de morts. Quand on veut etre libre on accepte de mourir pour la liberté des descendants. La liberté ne se donne pas, elle se prend.

  5. Marquiz dit :

    Pardon oh mourez pour nous nous on veut encore vivre. Donc ce ne sont pas les 90% qui sont tout a fait avec vous.

    • Mboung dit :

      Mais personne ne t’a appelé(e?) aka !?Restes surtout bien au chaud serrant les fesses en priant que les(sanguinaires souriants ?) encagoulés ne viennent pas te visiter…Pfff !!!
      il n’y a pas au monde de pire malheur que la servitude. Sophocle

  6. Sameline dit :

    S’il y a dans ce forum quelqu’un pour m’éclairer, je lui serai très reconnaissant.
    Je voudrais comprendre ce que veut dire ETAT DE DROIT et si le GABON est un ETAT DE DROIT ?
    FANATIQUES DE TOUS BORDS S’ABSTENIR, MERCI

  7. Panurge dit :

    En république très, très démocratique du Bantoustan où règnent l’équité et la justice, où le Bantoustanais lambda est libre d’aller et venir sans que la police de l’air et des frontières le stoppe à l’aéroport international du Bantoustan parce que ses opinions sont contraires à celles du chef suprême, où le Bantoustanais lambda peut manifester dans les rues de sa ville, escorté par les forces de l’ordre sans matraques, ni bombes lacrimo…où les mêmes ne gagnent pas les élections tout le temps que Dieu fait…où on n’envoie pas le compatriote croupir à sans famille à cause de ses opinions politiques…tout baigne comme dans de l’huile de palme!

    • DANIELLE dit :

      aucune révolution ne se fait sans morts. Si les citoyens lambda ou les banthoustanais acceptent de mourir, la situation changera.et jean ping sera sur le trone. C’est ca aussi le prix du changement. Ca ne se passe pas dans les salons, ni dans la diaspora. c’est sur le terrain au pays dans un corps a corps avec l’autre partie.

  8. Panurge dit :

    En république très, très démocratique du Bantoustan, certains Bantoustanais ont la mémoire courte. Ils oublient souvent vite. C’est pour cela que certains Bantoustanais leur font subir toutes les misères pas pissibles. Ils se disent qu’ils vont vite oublier! Moi, Panurge, j’ai une mémoire d’éléphant. Il y a près de 27 ans, jour pour jour, les Bantoustanais s’étaient léver comme un seul homme. C’était une révolution? Ils ont poussé le bouchon jusqu’à déboulonner leur idôle suprême du Bantoustan. Mais Sieur Dindonneau est arrivé avec son aviron pour m’empêcher d’émerger avec mes noutons!

  9. Le citoyen dit :

    Excusé moi ya des toto parmi vous.
    Demander moi pourquoi
    Vous revendiqué tous les mêmes choses la liberté d’organiser les meeting des voyous.donc liberté est de detruir les biens publics?

  10. Panurge dit :

    En république très, très démocratique du Bantoustan où tous les Bantoustanais ne naissent pas libres et égaux en droit, la voyoucratie comnence avec le tripatoullage des résultats issus des urnes. Tripatoullage validé par la tour de Pise, toujours penchée du même côté! Quand mr Dindonneau vient avec son aviron empêcher mes moutons et moi de sortir la tête de l’eau, à plusieurs occasions, sans que la communauté internationale ne lève le petit doigt, je fais comment avec mes moutons? On casse!!!!

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