Dans l’après-midi du mercredi 20 juin 2018, un corps sans vie a été découvert au quartier Rio, dans le 3e arrondissement de Libreville. Face à cette nouvelle découverte macabre et la communication du ministère de l’Intérieur, des questions subsistent.

Des étudiants manifestant le 20 juin 2018 pour réclamer la vérité et inviter l’Etat à mieux sécuriser leur établissement. © D.R.

 

Réputé dangereux, le quartier Rio s’est de nouveau illustré par un fait divers macabre le 20 janvier, avec la découverte d’un cadavre en décomposition.

Selon le communiqué du ministère de l’Intérieur, «la Police d’Investigation Judiciaire a été saisie aux environs de 16h45 sur la découverte d’un corps sans vie dans une broussaille jouxtant la direction générale de l’élevage et de la pêche sise au quartier Rio, dans le troisième arrondissement de Libreville».

Le Substitut du procureur de la République, Evrard Boutougou, quelques éléments du Commissariat du 3e arrondissement et des gendarmes de la Brigade sud, ainsi que les policiers parmi lesquels ceux de la police technique et scientifique se sont rendus sur les lieux du drame.

Des étudiants en pleine manifestation, le 20 juin 2018. © D.R.

Selon le constat de la police, « (…) il s’est agi d’un individu de race noire et de sexe féminin, la vingtaine révolue, complètement dénudé et allongé sur le dos, le corps en décomposition très avancée. Non loin de là, ont été découverts une écharpe et un sac contenant des effets scolaires et une carte d’étudiant, le tout répondant au nom de Moussavou Bouanga Jairna Carmen étudiante à l’Institut Universitaire des Sciences de l’Organisation (IUSO)».

Le numéro de téléphone de la présumée victime aurait été donné à la police qui a aussitôt appelé en présence du responsable de l’IUSO. «L’étudiante dont le nom correspondait aux effets retrouvés sur les lieux, a décroché et a dit se trouver actuellement dans la province du Haut-Ogooué puis a reconnu avoir été victime d’une agression avec violence aux feux tricolores de STFO, il y a quelques semaines, agression au cours de laquelle elle a perdu son sac...», précise le communiqué qui relève qu’il ne s’agirait à priori, pas du corps de cette étudiante qui, elle, est encore en vie. Mais une enquête a été ouverte.

Sur instructions du procureur de la République près le Tribunal de Première instance de Libreville, le corps a été inhumé au cimetière de Lalala, dans le 5e arrondissement de Libreville, sous le contrôle des Officiers de la police judiciaire.

Face à cette version du gouvernement, des voix s’élèvent. Les étudiants de cet établissement ont manifesté le 20 juin et ont initié une marche ce 21 juin pour réclamer la vérité et inviter l’Etat à mieux sécuriser leur environnement d’apprentissage. Ceci d’autant que l’on a découvert sur le lieu du drame une espèce de conteneur où trainaient quatre à cinq tenues appartenant aux étudiants de l’UISO. «C’est un choc pour les étudiants de savoir que l’un des leurs a pu être violée et tuer à quelques mètres de l’école», a déclaré une étudiante, estimant que «de nombreuses jeunes femmes ont certainement pu être violées, mais ont gardé le silence à cause de la honte». Selon certaines sources, les responsables de l’école ont saisi à plusieurs reprises la police face à la multiplication des actes de violence aux abords de l’établissement. Rien n’a été fait.

Quand à l’identité de la personne ayant répondu au téléphone, des doutes subsistent. Les responsables de l’établissement, selon des témoins, n’auraient pas encore pu entrer en contact avec cette dernière. Ils ont interpellé les chefs de classe afin qu’ils recensent leurs camarades pour déterminer si des étudiants manquent à l’appel.

Toutefois, des questions subsistent : «Les cours n’étant pas encore terminés à l’IUSO, que fait l’étudiante ayant répondu au téléphone dans le Haut-Ogooué ?», «Avait-elle signalé l’agression perpétrée sur sa personne aux autorités?», «Comment a-t-elle fait pour voyager alors que ses papiers ont été perdus ?».

 
GR
 

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