Le réalisateur Clément Somé sonne l’alerte sur l’immigration clandestine de ressortissants du Burkina Faso vers le Gabon à travers un film-documentaire.

Image à titre uniquement illustratif. © geo.fr

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Inquiété par la recrudescence de l’immigration clandestine des Burkinabè vers le Gabon et la Guinée équatoriale, le délégué du Conseil supérieur des Burkinabé de l’étranger au Gabon a tiré la sonnette d’alarme à travers un documentaire «Immigration clandestine : risques encourus». Un film d’un peu plus de 20 minutes qui, selon Clément Somé, retrace le calvaire que vivent ses compatriotes dans leur tentative de rejoindre le Gabon de façon irrégulière. Projeté il y a quelques jours dans la salle de conférence du ministère burkinabè des Affaires étrangères, ce film met notamment en vedette Fabrice Combary, qui a vécu sept ans au Gabon. «J’ai quitté le Burkina à l’âge de 16 ans en 2004 pour aller au Gabon. Je suis passé par le Togo pour rejoindre Libreville en passant par le Cameroun. Après sept ans au Gabon, je suis parti au Maroc, puis en Géorgie, l’Albanie, la Turquie avant de me retrouver en Grèce où j’ai fait six mois», raconte-t-il. Aujourd’hui âgé de 29 ans, le jeune homme poursuit son récit : «Je dormais dans la rue en plein hiver. J’avais très froid. Nous étions toujours la cible de la police qui nous soupçonnait de posséder de la drogue. Ils nous foutaient très souvent en prison pendant deux ou trois semaines».

Fabrice Combary dit être rentré au pays les mains vides. S’il aura été malheureux dans son aventure, l’ancien immigré semble cependant encourager d’autres à tenter leur chance. «On voit souvent les photos de ceux qui ont réussi sur les réseaux sociaux comme Facebook. Ça fait toujours plaisir de les visionner», souligne-t-il, confiant avoir beaucoup de projets et vouloir repartir à l’aventure, mais cette fois ci de façon légale. Ce film nous révèle que beaucoup de clandestins se retrouvent à affronter les dures réalités de la traversée en pirogue. Un périple qui aura été fatal à certains d’entre eux. «A chaque fois qu’il y a un naufrage au Gabon, il y a toujours un burkinabè parmi les passagers», confie une autorité gabonaise dans le film. Cette dernière souligne par ailleurs que près de 5000 personnes ont perdu la vie durant leur parcours migratoire en 2014, selon les statistiques de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).

Selon Clément Somé, par ailleurs réalisateur de ce film, un peu plus de 25 000 Burkinabè vivent au Gabon. Ils sont organisés en association mais sont, pour la plupart, arrivés de façon irrégulière. S’il y a tout de même, parmi eux, des exemples de réussite qui forcent l’admiration, le réalisateur affirme que l’immigration des burkinabè vers les pays d’Afrique centrale est unique. «Les Burkinabè n’ont pas souvent bonne presse dans ces pays en ce sens que beaucoup intègrent les réseaux de banditisme, de voleurs», soutient-il. A travers cette œuvre, il projette un éclairage nouveau sur ce phénomène qui en plus ternir l’image du Burkina Faso, bafoue la dignité humaine. Comment lutter donc contre ce fléau ?

De l’avis du secrétaire général du ministère bukinabé des Affaires étrangères, les autorités burkinabè prennent à bras-le-corps ce phénomène. «Le fléau d’une gravité importante mérite que des mesures soient prises à la hauteur du mal», souligne Jacob Pasgo, avant d’ajouter : «Il faudra mobiliser toutes les autorités notamment la gendarmerie, la police et la justice afin qu’ensemble, elles viennent à bout du phénomène». Ce film documentaire permet de jeter les bases d’une réflexion plus approfondie afin d’aider l’Etat à trouver des solutions.

 

 
GR
 

1 Commentaire

  1. azerty dit :

    On a besoin de main pour cultiver nos terres, qu’on les accueille ouvertement comme les sénégalais dans le BTP autrefois, ou les béninois dans l’enseignement.

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