La société nationale des hydrocarbures négocie, depuis la semaine dernière, la reprise de quelques stations-service de Petro-Gabon et Engen, deux de ses principaux créditeurs dont la dette globale se chiffre à un peu plus de 40 milliards de francs CFA.

Le siège de la Goc à Libreville. © Gabonreview

 

Si elle vise, à terme, d’en arriver à l’exploration-production et exploitation de champs pétroliers, la Société nationale des hydrocarbures (SNH), également connue sous le nom de Gabon oil company (GOC), s’en est momentanément détournée. Une stratégie, portée par la conjoncture, qui lui permet de gagner en envergure.

80 milliards de créances

En effet, clamant le non-paiement de leurs factures par l’Etat, certains opérateurs éprouvent du mal à éponger leur dette auprès de la GOC. Une dette évaluée, par diverses sources, à 80 milliards de francs CFA pour l’ensemble des opérateurs du secteur, Petro-Gabon et Engen en étant les plus gros débiteurs. La dette de ces deux entités tourne, selon des sources de la GOC, autour de 45 milliards de francs, tandis qu’une source interne et haut placée au sein de Petro-Gabon avoue que cette entreprise comptabilise «13 milliards de francs pour ce qui est des créances échues et à échéance 20 milliards.» On évalue donc aisément le montant de la dette d’Engen.

Alors que diverses sources annonçaient la fermeture des stations de Petro-Gabon et Engen, du fait du sevrage de la GOC en vue du recouvrement de ces créances, la source sus citée de Petro-Gabon, laisse entendre que les discussions ont débouché sur «la nécessité d’une cession d’actifs en vue de compenser la dette». Ainsi le centre gaz de Petro-Gabon à Port-Gentil et deux de ses stations-services vont passer dans l’escarcelle de la GOC, du moins sous le pavillon Gabon Oil Marketing, sa filiale chargée d’assurer la commercialisation et le transport des produits pétroliers et le renforcement de l’activité de stockage.

Vent en poupe

La GOC a résolument le vent en poupe, devenant au fil des années un acteur de plus en plus important du secteur pétrolier gabonais. D’une entité endettée il y a deux ans encore, elle a réussi reprendre le contrôle de l’aval pétrolier national : le raffinage avec la Société gabonaise de raffinage (Sogara), le stockage avec GSEZ (Gabon special economic zone), la distribution avec Gabon Oil Marketing qui compte déjà deux stations-service – à Nkok et à l’Asecna – mais aussi le trading et transport des produits pétroliers.

La GOC a revu sa copie en 2016, après s’être lancée dans l’exploitation des champs de Mboumba et de Remboué. Une bonne partie des actifs de la compagnie sur ce dernier champ viennent d’ailleurs d’être cédés à la canadienne Touchstone Oil & Gas. Le recentrage de la GOC porte essentiellement sur l’importation et la mise sur le marché de produits raffinés (essence, gasoil, butane et pétrole lampant). Elle rachète l’entièreté de la production de la Sogara qu’elle livre à l’ensemble des opérateurs, notamment Total, Engen, Petro-Gabon, Oil Libya et la SGEPP, au sujet de laquelle une source interne de la GOC laisse entendre que la compagnie «négocie à l’heure actuelle une prise position majeure dans la SGEPP (Société gabonaise d’entreposage des produits pétroliers) au-delà des 25% actuel».

Créée en 2011 avec un démarrage effectif des activités en décembre 2012, la GOC est supposée être gérée comme toutes les sociétés commerciales, conformément aux prescriptions et réglementations de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du droit des affaires (Ohada). L’objectif stratégique  était de faire d’elle un acteur majeur dans la production, la transformation et de la distribution d’hydrocarbures en République gabonaise. Les choses sont vraisemblablement sur la bonne voie. Qui ou quoi donc pourrait freiner cet élan et cette baraka d’enfer ?

 
GR
 

3 Commentaires

  1. La Massue dit :

    Bonjour @ Gabonreview…vous aussi vous avez parfois des analyses très simplistes. La GOC a échoué dans sa mission première à être un acteur de 1er plan dans l’amont pétrolier…et je suis désolé mais la crise n’explique pas tout.
    Aujourdhui cette société vit uniquement de rente: rente dans l’amont des parts de l’état dans les hydrocarbures produits par d’autres sociétés, rente également dans l’aval (puisqu’elle s’est mise en tampon entre la SOGARA et les marketeurs…sans aucune réelle valeur ajoutée car SOGARA pouvait elle même gérée cette activité pour éliminer les intermédiaires…je suis même convaincu que tout cela ne joue pas en faveur de la baisse du prix des carburants à la pompe)
    Bref tout ça pour dire qu’on a créé une société en 2011 sur un objectif. Cet objectif n’a pas été atteint …pire aujourd’hui elle n’a aucune valeur ajoutée réelle sur l’industrie pétrolière gabonaise (amont et aval).

  2. MEYE dit :

    Merci La Massue. Ils écrivent pour plaire à la GOC, et des pré-bandes qu’ils reçoivent de la GOC

  3. Mankwel dit :

    Au gabon, on n’est pas très inventif dans le Business quand même!! pourquoi la GOC ne rentre pas dans le capital de Petro Gabon quitte à le faire augmenter et ainsi garder la « marque » Petro Gabon?
    Là on a l’impression que la GOC va « tuer » Petro Gabon qui est 1 société 100% gabonaise à cause d’1 dette « artificielle » causé par les factures impayés de l’Etat à son égard?
    Ce qui serait bien aussi c’est qu’on nous explique comme de sa situation d’endetté, la GOC est parvenu à devenir incontournable sur l’aval du secteur pétrolier gabonais en étant capable de racheter toute la production de Sogara et d’importer en même temps le surplus d’hydrocarbure nécessaire pour être l’unique fournisseur des marketeurs du secteur et de SGEPP en moins d’1 an!!
    Quel est le tour de passe-passe ( coup de pouce important de l’Etat?)? ou bien Arnaud ENGANDJI est un vrai génie?

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