Homosexualité, hypocrisie ou politisation de l’art, tout y était. De l’avis de nombreux mélomanes, le rap gabonais a perdu le poignant qui le caractérisait entre les années 1990 et la moitié des années 2000.

Arrêt sur image du mixtape. © Capture d’écran par Gabonreview

Arrêt sur image du mixtape. © Capture d’écran par Gabonreview

 

Si à cette période le pays avait enregistré un ensemble de compositions aussi «authentiques» les unes que les autres, aujourd’hui, il semble que le suivisme, la bassesse et l’appât du gain aient eu raison de l’art au Gabon et notamment des artistes de rap dans le cas d’espèce. Mais c’était sans compter avec F.A.N.G dont la dernière production, dénonciatrice, fait un énorme buzz sur la toile mondiale depuis une semaine. Après le conflit opposant Kôba à Shad’M en 2005, plus aucun rappeur ne s’était ouvertement positionné contre les basses pratiques de certains artistes qui alimentaient certaines indiscrétions et bien de commérages pour le moins honteux. Des rumeurs faisant état de pratiques homosexuelles attribuées à un ensemble d’artistes aux exigences pour le moins vicieux de certains managers et autres producteurs ou mécènes, le milieu apparaitrait désormais comme une sorte de cour où se retrouveraient tous les vices, tous les excès. Une sorte de cage aux folles, pourrait-on dire.

Pourtant, au regard de cette image «dévalorisante» sinon fort controversée que donne le rap gabonais, il est des artistes, dans le milieu, qui se sont dits outrés mais leur retrait du circuit avait été aussi silencieux que leur coup de gueule. Le seul ayant fait du bruit aura été la diatribe du rappeur Shad’M, alors produit par Dangher production.

En effet, en 2008, lors d’une interview accordée au site Gabonhits.com, Shad’M, au sujet de son conflit avec Black Kôba et suite à la sortie de son tube «Black Boa», avait alors déclaré : « Moi, mon objectif est d’éliminer les mauvaises consciences. Une conscience n’est pas, à proprement parler, un être humain. Cela veut dire que si on tue ton concept, on peut t’aider à créer un nouveau concept. Je n’ai pas un problème contre la personne (Kôba) mais contre sa manière de faire. Si je réussi à abattre, à éliminer sa manière de faire je suis sûr qu’en étant objectif et en suivant le sens de mon concept, il pourra en créer un autre qui nous permettra ensemble d’aider notre population à évoluer moralement.» Mais aujourd’hui encore le milieu semble souffrir des mêmes vices et les mêmes acteurs sont décriés.

Quand d’aucuns déplorent des lyrics d’un niveau et d’un objectif douteux, d’autres à l’instar de F.A.N.G, à travers sa nouvelle production «T.L.M.NO», s’insurgent contre l’hypocrisie des rappeurs et de certains «patrons macaques (véreux)» dont les raisons de soutenir des artistes sont aux antipodes de l’art.

Le titre du dernier lâchage verbal de F.A.N.G laisse entendre que tout le monde sait (Tout Le Monde Know, transcrit en T.L.M.NO) de quoi il parle. Et le jeune homme, en colère, distribue les mauvais points à toute une flopée de rappeurs. Des noms sont cités, des allusions à peine voilées indiquent des relations coupables. Presque tout le monde y passe et chacun en prend pour son grade ou son matricule.

F.A.N.G laisse entendre que le Landerneau rap gabonais n’est plus qu’«un vrai dîner de cons» auquel prendrait part «une bande de zéros (rappeurs et managers)» que la quête effrénée de l’argent pousserait à tout accepter des promoteurs. «Dans le milieu du rap gabonais, il y a trop d’hypocrites, de jaloux et un ensemble de pratiques obscènes. Je suis ce que je suis mais je reste authentique et je dis ce que je vois», a déclaré F.A.N.G à Gabonreview avant d’être renchéri par son manager, Ulrich Kelly, qui a déploré la censure de certains artistes par rapport à d’autre : une réalité issue de la politisation du rap depuis quelques années. «Nous avons choisi de diffuser la vidéo exclusivement sur internet pour ne plus avoir à subir la censure et le mépris de certains haineux qu’on a refusé de suivre», ont-ils indiqué.

Si la mixtape de F.A.N.G fait autant de buzz sur internet (7 831 vues dès les premières heures en ligne), c’est que l’artiste semble faire l’unanimité dans sa dénonciation et son besoin de «nettoyer» le milieu de ces vices. Gageons qu’il suscite d’autres réactions de la part de ceux contre qui va son pamphlet.

 

 
GR
 

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