Si on ne devait retenir que cinq musiciens du cru pour caractériser le 20e siècle musical gabonais, Hilarion Nguéma figurerait résolument dans le choix. L’homme est pourtant quasi inconnu des jeunes générations. Une bonne raison de le redécouvrir.

Il est entré dans sa 69e année, en décembre dernier, et personne ne semble s’en préoccuper sur le plan national. Pourtant, Hilarion Nguéma est l’un des pères fondateurs de la musique gabonaise moderne. Il a commis plusieurs tubes et près d’une douzaine d’albums enregistrés aussi bien en Europe et qu’en Afrique au cours de ses 50 ans de carrière. Notamment les classiques “Ce n’est pas difficile” et “Quand la femme se fâche”. Soutenu par une savoureuse guitare, le chant ténor d’Hilarion Nguema se caractérise par de mélodies très proches du parlé et des textes assez souvent narratifs.

Né le 31 décembre 1943 à Nkoltang dans la province de l’Estuaire au Gabon. On le retrouve dès 1958 au sein de Jeunesse-Band, un petit orchestre d’élèves du Collège catholique Mont-Fort. En 1962, avec le légendaire Paul-Marie Mounanga, il crée l’orchestre Afro-Succès dont il restera le leader de Afro-Succès jusqu’au début des années 80. Au fil du temps il affine son art en empruntant aussi bien au Makossa camerounais qu’au Soukous du Zaïre de l’époque tout en n’omettant pas le Mvett de sa culture natale.

La musique de Hilarion Nguéma est donc une ingénieuse synthèse de toutes ces influences. Ses textes sont de petits sketches qui prêtent à rire tout en étant moraux ou didactiques. Ce sont de véritables chroniques sociales qui collent à l’actualité du moment de leur écriture. A titre d’exemple, il a composé “Sida” au moment où cette pandémie a commencé son invasion, titre que la légende présente comme la toute première chanson francophone sur le sujet. De ce fait, Hilarion Nguéma est alors invité un peu partout dans le monde pour des campagnes de sensibilisation contre le Sida. Cette forte sollicitation internationale l’oblige à s’installer durant près de deux décennies à Paris (France).

Rentré au Gabon il y a moins de huit ans, Hilarion a récemment terminé un duo avec un autre monstre sacré de la musique gabonaise, Makaya Mackjoss, unique invité au mini-concert qu’il a donné en novembre 2009  au Casino Croisette à Libreville. Le chanteur a également sorti un dernier album dont le titre est tout un programme « La gazelle n’est pas l’enfant de l’éléphant ». Le titre n’est pas devenu le succès qu’on pouvait en escompter. Qui donc, quel producteur, impulsera, à l’image de Césarisa Evora, une carrière du troisième âge à ce monument de la musique gabonaise ? Chiche.

 
GR
 

3 Commentaires

  1. Martin dit :

    L’inoxidable reste en bonne place dans la musique gabonaise et qui sait c est pas une fin ,c est aussi une découverte pour la jeunesse et une base fondamental de la vie quotidienne et de l amour de part la parodie et la musique si bien interprété
    Merci Hilarion

  2. Gaëtan Prosper MBENG MEYE dit :

    Grand respect à ce monument culturel de la musique gabonaise, qui n’a pas trop fait dans ce qui tue nos artistes, « les éloges des hommes politiques ». Il a forgé sa personnalité en partant du bas vers le haut. Bel exemple! Bon repos à toi répé! Nganga dansé dansé posé un peu! Comme on dit chez nous.

  3. NGOMAH dit :

    Dommage pour la partialité de la description de notre monument tout bon, beau et bien.

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