Après tout juste dix-neuf mois au «2-Décembre», Daniel Ona Ondo a formé, vendredi dernier, sa troisième équipe gouvernementale. Ce qui porte à six au total le nombre de gouvernements mis en place depuis l’arrivée d’Ali Bongo aux commandes de l’Etat en 2009. Au-delà du nombre élevé des membres de cette équipe, des premiers couacs, de la démission ou du refus de faire partie de l’équipe de deux des personnalités nommées, que va faire la nouvelle équipe ? 

Daniel Ona Ondo, le 11 septembre 2015 à la Présidence de la République (Libreville). © Gabonreview

Daniel Ona Ondo, le 11 septembre 2015 à la Présidence de la République (Libreville). © Gabonreview


 
Dépourvue de budget et donc de moyens de travail, la précédente équipe Ona Ondo a eu beaucoup de mal à mettre en pratique ses missions. Le nouveau gouvernement qui, à peine mis en place, a essuyé le refus de deux personnalités d’y siéger – Jean de Dieu Moukagni Iwangou, ministre d’Etat, et Jean-Robert Endamane, ministre délégué à l’Urbanisme et à l’Habitat – arrive à quelques semaines seulement de la clôture de l’exercice budgétaire de cette année. De plus, la nouvelle configuration gouvernementale amène l’exécutif à réorganiser et à revoir la donne budgétaire.
Les nouveaux ministères, tels que la Formation professionnelle et l’Insertion des jeunes, la Pêche et l’Elevage, le Commerce, les PME, l’Artisanat, le Tourisme et le Développement des Services, la Justice et les Droits Humains, la Communication, l’Urbanisme et le Logement, l’Agriculture et la Mise en place du Programme Graine, les Relations avec les Institutions constitutionnelles, ou l’Egalité des Chances et les Gabonais de l’étranger, auront en effet beaucoup de mal à fonctionner tout de suite, en raison de leur nouvelle configuration, car ils étaient – pour un certain nombre d’entre eux – rattachés à d’autres départements ministériels, tandis que d’autres bénéficient de nouvelles appellations.
La loi de Finances rectifiée en raison de la baisse du prix du pétrole va donc être appelée à connaître un toilettage pour tenir compte des intitulés de la nouvelle équipe gouvernementale. Il va donc falloir attendre la prise en compte de tous ces paramètres pour que puissent se mouvoir les membres du nouveau gouvernement, vraisemblablement au début de l’année prochaine. Pourtant, la situation sociale presse, le climat politique n’est pas très sain, et le secteur économique est morose.
Depuis octobre 2014, date de la formation de l’équipe sortante, ce gouvernement a connu peu de réussite, à l’exception de la mise en place du nouveau système de gestion des agents de l’Etat. Les membres de ce gouvernement se plaignaient régulièrement de la mise en place toujours (trop) tardive du budget. Certains avaient avancé que ce n’est qu’à partir de la mi-juillet qu’ils avaient pu recevoir la première partie du budget 2015, soit 15%. Ils attendaient pour début-octobre une deuxième tranche de ces ressources, soit 35% supplémentaires.
Le fait de former une nouvelle équipe avec une toute autre configuration va sans nul doute amener les services du Budget et du Trésor à reconsidérer ce qui a été fait jusque-là. L’année dernière, à peu près à la même période, un leader de l’opposition, Pierre-Claver Maganga Moussavou, par ailleurs maire de Mouila, avait dit ne pas comprendre la formation de nouveaux gouvernements qui intervient trop souvent après le vote d’une loi des Finances rectificative !
Une chose est certaine : la mise en place des (rares) réformes engagées va encore prendre quelques semaines ou quelques mois avant sa matérialisation.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. MINKO dit :

    Changer les gouvernements ne résoudra aucun problèmes. ….
    Les meilleurs économistes , les meilleurs Spin doctors ne pourront changer la donne ..
    Mon petit doigt me dit que nous assisterons à un autre remaniement avant la prochaine élection présidentielle. ….
    .

  2. MINKO dit :

    Une des question qui me taraude l’esprit est celle du bilan des agences …..
    Ce sont ces fameuse agences qui devraient faire le bilan après 6 ans de détournements sans aucun contrôle
    Ce sont ces fameuse agences qui « gerent » la politique emergente depuis le palais ….
    Qui sont les Directeurs-Ministres de ces goufres a sous qui n’ont de comptes a rendre a personne ?

  3. Roberto dit :

    Et maintenant rien !
    Les ministères n’ont pas les moyens de fonctionnement. L’ancien Premier ministre Raymond Ndong Sima l’avait bien dit. L’argent se trouve dans les caisses noires à la présidence gardée par Acrombessi …..

  4. matho dit :

    Et ces dans de telles approximations que vous avez voulu entrainer JDD MOUKAGNI IWANGOU? Quel toupet!

  5. imagine56 dit :

    Le peu de pouvoir qu’avait Ona Ondo va se voir réduit en peau de chagrin.
    Séraphin Moudounga qu’on ne présente plus et Biyoghe Mba n’accepteront jamais de travailler comme des adjoints, surtout Biyoghe Mba, ça ne va pas être facile pour Ona de gérer ces fortes personnalités.
    Je ne sais pas comment Biyoghe a fait pour atterrir au conseil des ministres, celui qui doit être bien ennuyé c’est Accrombessi, en effet, que l’on l’apprécie ou pas, Biyoghe a plus de cran que Ona Ondo et ne se laissera pas émouvoir par le béninois, je suppose que ceux qui sont allés le chercher lui ont donné des gages en ce sens…
    Ma véritable satisfaction, l’éjection d’Ida Reteno de l’éducation nationale, à force de se prendre pour une déesse, elle a fini par se bruler les ailes comme Icar, et tomber de haut, on va voir comment elle va se dépatouiller avec Accrombessi.
    Merci de nous avoir débarrasser de cette
    photocopie de « la mama » même si la sortie de dame Reteno ne résoudra en rien les problèmes de ce département.

  6. Bouka Rabenkogo dit :

    « FIN DE LA THÉÂTRALITÉ ».
    L’écrivain et homme politique Vincent de Paul Nyonda plusieurs fois ministre sous la présidence de Léon Mba et emprisonné par Omar Bongo avait écrit ceci :  »Tout n’est que théâtralité ». L’opposition pédégiste joue et fait son théâtre. Raison pour laquelle elle n’a jamais appelé publiquement à la destitution d’Ali Bongo pour outrage et parjure à « Etat de droit ». La franc-maçonnerie est le mal endémique des pays africains en général et particulièrement du Gabon. C’est elle « Le Système » qui ne dit pas son nom et que nous avons « Tous Ensemble » le devoir d’irradier. C’est l’exigence du millénaire. Plus aucun franc-maçon à la tête des Etat Africains et du Gabon pour ce millénaire. Faudra présenter patte blanche. Le théâtre est terminé. FIN.

  7. Preguntita dit :

    Trop nuls ces émergents. C’est la bérézina totale avec vous.

  8. Un lecteur assidu et admiratif de GabonReview dit :

    Une première analyse de ce nouveau gouvernement montre qu’il est l’expression manifeste d’un quadruple échec du Président (et accessoirement de son Premier Ministre) et rappel de la dure réalité politique.
    1) Echec à ressembler son parti (PDG). Il n’y a aucun des leaders du mouvement de fronde interne Héritage et Modernité, qui tiennent le bastion stratégique qu’est l’Assemblée Nationale. Mépris ou Impuissance du PR ? Je penche pour les deux à la fois : le Président les méprisent mais a probablement chercher à les intégrer au gouvernement pour les faire taire et encore mieux les humilier et mépriser ; comme rétorsion au mépris de cet « enfant intérieur tyran » (cf. Psychologie et Analyse Transactionnelle), son illusion de toute-puissance et refus du principe de réalité, ceux-ci lui signifient leur refus pour lui dégonfler le « melon ». Ainsi le PR est percuté par la réalité de sa faiblesse et de ses limites. Par ailleurs, ceux qui réduisent les leaders de H et M, à n’être que des « frustrés parce qu’ils ne mangent plus et qu’ils grognent pour pouvoir revenir à la soupe » à réviser leur jugement. La crise est plus profonde dans la maison PDG, crise qui est avant tout une « crise de la relation » : plus de confiance (alors que devient l’avenir en confiance, pour ce qui ont cru ?), plus d’admiration pour chef (fin du Grand Camarade leader charismatique). Certes, ces leaders ne sont pas des « sain(t)s », mais il semble que ces derniers veulent faire payer au PR son mépris lors des futures joutes électorales (2016).
    2) Echec à rassembler sa majorité présidentielle. Le refus du RPG de participer au gouvernement révèle qu’il y a un malaise dans cette nébuleuse qu’est la majorité présidentielle. Ce qui n’augure rien de bon pour le PR sortant alors que nous entrons dans une année de campagne présidentielle. Certes cette majorité est essentiellement composée de partis de « crèvent-la-faim qui veulent manger la soupe », RPG compris. Mais ce refus montre que mêmes ces dernier se désolidarisent de plus en plus, de la gestion « autistique » de M. Ali Bongo Ondimba, et les strapontins ministériels ne suffisent plus à les calmer. Tentatives pour faire monter les enchères ou début de la fin de la majorité présidentielle (et partant, fin de la présidence ABO) ? Seul l’avenir nous le dira.
    3) Echec à rassembler au-delà de ses thuriféraires qui lui chantent louanges et dithyrambes. Il ne rassembler ses opposants autour des enjeux essentiels. Avec sa volonté de nommer ses principaux opposants au gouvernement à un an de la présidentielle, nous avons encore là, l’expression symptomatique de son « enferment autistique ». Car, s’est-il seulement demander : que gagneraient-ils à participer à un « gouvernement de campagne présidentielle » (il n’est pas là pour gouverner, personne n’est dupe) ? S’est-il seulement demander ce que feront ces gens dans un gouvernement de campagne ? A-t- il oublié qu’il les a crânement méprisés pendant 6 ans ? Certes le cynisme des politiciens est immense, mais, NON, tout n’est pas possible en politique, c’est le « sacro-saint » principe de réalité qu’il a encore une fois de plus ignoré.
    4) Echec à rassembler la société civile. Alors, on offre les strapontins à la famille : Nicole Assélé (sœur de …et fille de …), Madeleine Rogombé Berre (sœur de … et épouse de …), Flore Mistoul (fille de …), Irène Lissenguet Lindzondzo (sœur de …). Le pouvoir se referme sur lui-même.
    Autisme ! Autisme ! Autisme !
    Mais la réalité commence à les rattraper. A suivre …
    Un lecteur assidu et admiratif de GabonReview

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