Go ntché (au pays). À la lisière de la satire, notre chroniqueuse gabonaise d’Amérique du nord livre ici une litanie des particularités du Gabon. Une version scripturale de ce que Lybek, le célèbre caricaturiste du quotidien L’Union, dénomme «Gabonitudes». 

Chez nous. © Gabonreview/Shutterstock

 

Chez nous, on dit que les génies (ouais un peu comme dans Kirikou) ne sortent que la nuit quand les gens font semblant d’être morts.

Chez nous, on dit qu’il ne faut pas trop se balader la nuit sinon en rentrant, on peut croiser un feu follet (ouais un peu comme dans Harry Potter).

Chez nous, c’est le grand Patrick qui raconte des fictions qui se passent à Bangoss à tous les noirs d’Afrique francophone.

Chez nous, c’est Okawé qui doit se retourner dans sa tombe en voyant son propre enfant s’asseoir à la même table que ceux qui l’ont torturé.

Chez nous, il y a une manière de dire les choses, sournoisement, une manière de menacer les gens sans qu’ils ne puissent répondre.

Chez nous, les maudits c’est ceux qui volent à leurs propres parents, ils se disent qu’il finira par aller voler chez le voisin.

Chez nous, quand on attrape un voleur, c’est justice populaire directe, net, net, pneu, cordes ou fil de courant, ce sera un voleur mort à la Jeanne d’Arc, et personne n’ira en prison.

Chez nous, on tue les voleurs en tout impunité dans les quartiers pauvres parce qu’on considère que y a pas plus sorcier que le pauvre voleur qui vient voler aux pauvres ce qui les consolent un peu, télévision, blu-ray, sans compter les trois téléphones portable.

Chez nous, pour une télé, une radio ou trois téléphones portables, si tu voles en plein jour, tu peux t’en tirer, mais si tu viens la nuit, tu n’es plus considéré comme un voleur ordinaire.

Chez nous, c’est mystique, demande à tout le peu qu’on est dans le monde malgré le fait que chaque femme fait en moyenne 3 ou 4 enfants.

Chez nous, certaines mères jettent leurs bébés nouveaux-nés dans les poubelles parce qu’ils sont nés par terre, tandis que d’autres restent dehors à même le sol en les serrant dans leurs bras espérant que les lits de l’hôpital se libèrent.

Chez nous, on prie Jésus matin, midi et soir sans savoir, sans retenir la leçon de Jésus quand il a sauvagement chassé les pharisiens du temple.

Chez nous, on vend sa raie fessière pour un travail, une vie décente, une voiture de luxe fonctionnelle et le pseudo respect de toute notre famille.

Chez nous, c’est inondé partout, en ville comme dans les quartiers, érosion spectaculaire, pluie diluvienne et fortes températures au menu mais les cœurs sont asséchés par la haine et la misère dans laquelle nos biens les plus précieux pataugent allègrement.

Chez nous, on dit à certains qu’ils ne seront rien dans leur vie, qu’ils ne sont rien, qu’ils ne représentent rien et le reste du monde assiste à ça en attendant que seul un génocide soit commis pour intervenir.

Chez nous, on a eu un génocide, mais comme les corps étaient ramassés au passage, bilan insignifiant pour qu’on accuse la base militaire française qui ne protège que les intérêts de la France et des gens qui portent des gants blancs (ouais comme Michael Jackson) d’être totalement inutile.

Chez nous, on essaye encore de remplacer des termes comme «crimes rituels» par des termes comme «crimes de sang», en sachant bien que ce sont des pratiques obscures qui poussent certains, en vue du maintien d’une promotion, à fomenter le sacrifice d’un pauvre innocent dont la seule erreur aura été d’être né pauvre dans un pays vraiment riche.

Chez nous, on n’est pas rancuniers, on pardonne pour éviter la honte, on pardonne aux violeurs, aux bourreaux, aux menteurs, on pardonne au mari infidèle mais pas au petit voleur qui choisit de voler la-nuit-la-nuit noire pendant que les gens font semblant d’être morts.

RIDEAUX !

 

 
GR
 

9 Commentaires

  1. gaboma dit :

    Ce ne sont pas les pharisiens que Jésus a chasser du temple. C’est toujours comme ça quand on a la prétention de parler et renseigner de ce qu’on ne maîtrise pas vraiment et qu’on est allergique à la contradiction. Il vaudrait parfois mieux ne rien publier dans cette rubrique quand le texte est aussi pauvre et n’étale que des clichés mal énoncés.

    • Manonze Mulumi a Kengue dit :

      Peu importe. Le Coeur du message est la! Rideau!

      • Gaboma dit :

        Justement quand le texte n’est qu’une succession de clichés rédigés suivant la méthodologie du kongossa des réunions des parents d’élèves il n’y a pas de cœur, absolument rien à tirer de ce texte : ni information, ni leçon.

      • Gaboma dit :

        Et lorsque comme Ika Rosira, on est aussi prétentieuse et narcissique au point de ne pas supporter ceux qui pensent différemment de toi et à qui on prétend livrer une « guerre contre la bêtise humaine », une sorte d’inquisition, on s’assure d’abord qu’on maîtrise le sujet qu’on aborde sinon la bêtise c’est de sa propre bouche qu’elle sort. Lorsqu’on combat la tyrannie par l’émotions on ne se rend compte de ceux qui dans nos rangs ne sont que des opportunistes qui leur ressemblent et sont capables de pire si jamais ils arrivaient dans la position de ceux qui nous tyrannisent aujourd’hui. Méfiez-vous des loups déguisez en peau d’agneau avec leur faux discours sur une pseudo-lumière.

  2. DP dit :

    Jésus a chassé les pharisiens ? Chez nous on devient expert en théologie biblique après avoir regardé le film Jésus de Nazareth.

  3. Inerquest dit :

    Voilà, sur tout ce qu’elle a dénoncé et que vous savez vrai, vous n’avez retenu que la partie où on a parlé de Jésus ? Mougous va…

  4. Son excellence Venguina dit :

    Jésus a fait ceci, Jésus a fait celà… Ceux la-memes, ces africains mêmes qui venez de le connaitre et le connaissez maintenant par coeur, qui connaissez tous les détails de sa vie que vous étalez avec vanité, vous n’appliquez même pas le 1/10e de ce qu’il prônait et vous êtes les premiers a juger les autres. Et quand il voit ce qu’est devenu son enseignement, il a bien raison de ne pas revenir. Continuez à l’attendre, depuis 2000 ans, c’est pas encore assez

  5. Son excellence Venguina dit :

    Bravo Ika, toi au moins tu dénonces tout haut ce que beaucoup de nos frères pensent tout bas !

  6. Dehors la bêtise dit :

    S’il y a bien des sorciers qui empoisonnent notre vivre ensemble l’intolérante Ika Rosira en fait partie parce que quand une personne qui se croit être meilleure que la bande à Ali Bongo s’en prend personnellement jusqu’à l’injure à un compatriote pour peu qu’il dise qu’il aime la lire mais souhaite des textes plus synthétiques. Elle lui dit qu’on n’est pas digne de prétendre être son amie dès lors qu’on ne supporte pas la longueur de ses textes. Un crime de lèse-majesté. Tout le monde est convaincu qu’on marche avec une personne respectueuse de la liberté parce qu’elle critique le pouvoir malsain des Bongos mais il faut démasquer les traîtres de demains et l’imposture d’Ika. On a l’expérience des libérateurs de l’ère coloniale qui après les indépendances on asservi et zombifié leurs frères plus que ne l’ont fait les blancs. Il parait qu’elle n’écrit que pour ceux qui aime ce qu’elle raconte et n’a pas besoin d’être critiquée, mais sauf qu’ici c’est Gabonreview et non sa chambre, elle va devoir souffrir dans son ego.

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