La grenade lacrymogène jetée dans un taxi-bus verrouillé avec une dizaine d’élèves à bord suscite une vague d’indignation. Cette sorte de chambre à gaz tropicale débouche sur de nombreux blessés dont 3 graves, une arrestation, un minibus endommagé… et l’impunité du gendarme auteur de l’acte.

L’acte du gendarme envers les élèves est vivement condamné. © D.R

 

Tôt dans la matinée du 8 novembre, à un arrêt de bus au quartier PK5 à Libreville, un gendarme a balancé une grenade lacrymogène dans un taxi-bus rempli d’élèves du Lycée technique national Omar Bongo. Il a pris le soin d’en fermer la portière principale après l’avoir verrouillé. Puis il s’est acharné à empêcher les élèves restés sur le trottoir de l’ouvrir pour secourir leurs collègues. Une chambre à gaz sous les tropiques, un gendarme jouant au Nazi pour avoir été piqué au vif par des élèves.

Dégâts, moralité et jurisprudence

La vidéo amateur révélant ces faits circule sur les réseaux sociaux. Elle ne suscite rien d’autre que l’écœurement, à minima l’indignation, à maxima une envie de révolte. Du fait de la présence de quelques collègues sur les lieux, le gendarme était visiblement en mission de contrôle de routine. Il reste que, jeter une grenade ne soit-elle que lacrymogène dans une automobile, c’est vouloir absolument faire du mal à ses occupants. Cela ne devrait se faire qu’en cas de grave danger public dûment identifié (dangereux bandit en cavale, tentative d’acte terroriste, etc.). Pour un commentateur sur les réseaux sociaux, le geste du gendarme «ne mérite rien d’autre que la radiation de la Gendarmerie nationale. Il jette le doute sur la formation et la moralité des hommes qui composent nos forces de l’ordre», commente un internaute sur un forum Facebook.

La détonation, son souffle et le sauve-qui-peut des élèves enfumés étaient si violents que les vitres du minibus ont volé en éclats ainsi qu’on peut le voir dans la fameuse vidéo. Il est question, au moment du bilan, de 3 blessés graves, de nombreux blessés légers et d’une arrestation. «Le gendarme, lui, bénéficiera de la solidarité de corps et rien ne lui arrivera», commente un autre internaute avant d’ajouter : «s’il n’est pas sanctionné, il est à craindre que cela fasse école et que, du fait d’une sorte de jurisprudence, tout agent des forces de l’ordre pourra désormais tirer sur des civils juste sur un coup de tête, sans craindre une sanction».

Dénonciation, plainte et appel au chef de l’Etat

© D.R.

L’association des parents pour la défense des intérêts des élèves et des étudiants (Apadie) est montée au créneau, à travers une correspondance adressée au procureur de la République. Elle dénonce «le caractère violent et inadmissible» du comportement de cet agent. Apadie «demande qu’une procédure soit ouverte à l’encontre de cet agent des forces de l’ordre afin qu’il réponde de ses actes devant la justice». De même, elle réclame la libération de l’élève, Jonathan Tsosso Moukoumbi, du LTNOB arrêté suite de cet évènement.

L’association « Au-delà de nous », elle aussi, «condamne l’acte odieux et la bavure de trop perpétrée par certains agents des forces de l’ordre». Elle invite les autorités à établir les responsabilités, car «ne pas agir face à cette situation, c’est faire le lit de la rupture de confiance entre le peuple et les forces de l’ordre, et ça ne présagerait rien de bon. Nous souhaitons aussi, au nom de l’humanité, la reconnaissance de la faute, des excuses des forces de l’ordre à la jeunesse gabonaise», a demandé l’association.

Egalement indignée par cet acte, Martin Edzodzomo Ela, candidat à l’élection présidentielle de 1998, a adressé, sur sa page Facebook, une lettre ouverte au Chef de l’Etat. L’ancien candidat des Makaya (les démunis) estime que les actes et l’attitude des forces de défense et de sécurité renforcent «l’insécurité» du peuple. S’il blâme l’acte désinvolte, l’opposant place son curseur inquisiteur sur l’absence de volonté de l’Etat, incapable selon lui d’assurer pour ses citoyens ses missions régaliennes. Et de rappeler  au président de la République les termes de son serment, consignés dans l’article 12 de la Constitution : «Je jure de consacrer toutes mes forces au bien du peuple gabonais, en vue d’assurer son bien-être et de le préserver de tout dommage, de respecter et de défendre la Constitution et l’État de droit, de remplir consciencieusement les devoirs de ma charge et d’être juste envers tous».

Auteur : Alain Mouanda

 
GR
 

20 Commentaires

  1. Awou dit :

    Quest ce quils ont contre les eleves et etudiants? Vengeance? Silence radio du côté des patrons de ce corps. Impunité et injustice.

  2. Abek dit :

    A Gabonreview,

    L’article est paru relativement tard dans vos colonnes au regard de la viralite avec laquelle cette vidéo s’est propagée.
    Ce qui m’étonne encore plus c’est sa classification en faits divers sur votre site. Au regard de la gravité du fait, il serait plus indiqué qu’il figure au haut de votre page en rubrique société. Car il s’agit là d’un fait société au regard de la prolifération des actes de violences de nos forces de défense et de sécurité et de la réaction du corps social gabonais.
    Cordialement.

  3. ADN dit :

    Ce n’est qu’au Gabon qu’on voit ces conneries.

    • Da Truth dit :

      @ADN
      pourquoi cette tendance à toujours penser qu’il n’y a qu’au Gabon qu’on voit ce genre de chose???? Aux USA, la police fait dans l’excès de zèle en brutalisant et même en tuant les des populations ,des automobilistes tous les jours…ces derniers sont rarement inquiétés et pourtant nous là dans l’une des plus grande démocratie au monde….
      Ce gendarme mérite la prison et la radiation des effectifs de la gendarmerie car il jette l’opprobre sur toute une corporation….

  4. OLSEN dit :

    Trêve de bavardage si réellement nous sommes mécontent rendons nous au PK5 venger ces élèves ce gendarme doit y être.

  5. Vicomte dit :

    Chambre à Gaz?…. Même pas  » Chambre à Gaz »! Vous ne mesurez pas vos propos tout comme la bêtise de ce gendarme. Vous déporter tous, serai la Solution Finale. Sieg Heil!

    • François Ndjimbi dit :

      Chambre à gaz n’est pas une marque déposée. Ce groupe de mots désigne une pièce close dans laquelle un gaz nocif est introduit. L’acte désinvolte et horrifiant du gendarme y ressemble en tout cas. Hormis ce à quoi vous faites allusion dans l’Allemagne Nazi, ce dispositif de mise à mort, d’hommes ou d’animaux, existe ailleurs et aujourd’hui encore : en Corée et aux USA notamment pour l’exécution de la peine ne mort. Là-bas, on dit chambre à gaz, sans qu’il n’y ait de procès d’intention. Merci de continuer à nous suivre.

  6. Nzamata mine dit :

    Quand la majorité des gabonais pense que le pays va mal, une poignée de personne raconte des conneries, Dieu vous voit et va vous punir sévèrement!!!

  7. Negus dit :

    Gabonreview
    Je ne comprends pas cette facilité à parler de « chambre à gaz » quand on sait à quoi renvoie dans l’histoire cette expression. La recherche de titre accrocheur ne devrait pas nous pousser à banaliser l’histoire.

    • François Ndjimbi dit :

      Nous venons de le dire plus haut : Chambre à gaz n’est pas une marque déposée. Ce groupe de mots désigne une pièce close dans laquelle est introduit un gaz nocif. L’acte désinvolte et horrifiant du gendarme y ressemble en tout cas. Hormis ce à quoi vous faites allusion dans l’Allemagne Nazi, ce dispositif de mise à mort, d’hommes ou d’animaux, existe ailleurs et aujourd’hui encore : en Corée et aux USA notamment pour l’exécution de la peine ne mort. Là-bas, on dit chambre à gaz, sans qu’il n’y ait de procès d’intention. Nous avons voulu souligner l’horreur et la barbarie de l’acte du gendarme. Nous ne cherchions nullement un titre accrocheur. D’ailleurs, nous ne vous vendons rien. Gabonreview est gratuit. Merci de continuer à nous suivre.

  8. Nangui dit :

    Je propose pour ce cas d’injustice qu’un cabinet d’avocat assiste ces élèves pour poursuivre en justice ce gendarme.

  9. Polynice A dit :

    C’est un comportement anti professionel il merite la cour martial.

  10. Catherine dit :

    Dénonciation, OUI

    Plainte, OUI

    Appel au chef de l’Etat, POURQUOI ? Que la justice fasse CONSCIENCIEUSEMENT son travail… C’est tout…

  11. Heinz-Levi dit :

    C’est peut-être ce que gendarme entend par : la defense des biens et des personnes, vraiment Pathétique .

  12. Ze grondin dit :

    Quelle est la réaction du procureur de la république, fasse à cette violence gratuite faite aux élèves. En 2015, quand des vandales avaient été arrêtés et ligotés chez le président élu, le procureur avait instrumentalisé la justice en disant non respect des droits de l’homme. Ce qui a abouti à arnaquer 600 millions à monsieur Ping pour diffamation. Ici les images sont parlantes. L’intention du gendarme était de tuer le maximum d’élèves. Celà ressemble aux chambres à gaz des nazis comme le dit gabonreview. L’action judiciaire dois être mis en branle sans délai et en interne une suspension de cet agent de la guestapo.

  13. Obus dit :

    On attend la déclaration du procureur sur cette affaire très grave. La vidéo a fait le tour du monde et notre image a pris un coup. Allez procureur il faut réagir.

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