Le dispositif médiatique déployé le prouve : le Gabon entre incontestablement dans une période de précampagne électorale qui va vraisemblablement durer 22 mois. Qui va garder et gérer l’administration ?

© Gabonreview
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Après les périples provinciaux des membres du gouvernement, les tournées des députés dans leurs fiefs, on constate aujourd’hui que le gouvernement, la présidence de la République et le Parti démocratique gabonais (PDG) multiplient les sorties médiatiques. Depuis vendredi dernier, la toute nouvelle Direction de l’information gouvernementale, créée par la Primature, a lancé une émission de télévision bimensuelle : «Faire Savoir».
Déjà, le 16 octobre dernier, tout ce que le PDG compte de cadres s’est retrouvé au Jardin dit Botanique pour célébrer le cinquième anniversaire de l’accession au pouvoir d’Ali Bongo. Sensationnel ! Grandiose ! Emouvant surtout lorsque le «Distingué Camarade» s’est mis à esquisser des pas de danse – on a alors vu un Michel Essonghé ému aux larmes et un Mathias Otounga aux yeux tout aussi humides ! Ne manquait que l’enthousiasme… La chanteuse Patience Dabany s’est d’ailleurs étonnée de cette absence d’enthousiasme, demandant à l’assistance «pourquoi vous êtes si triste, alors que c’est un jour de fête ?» Il a manqué effectivement un peu de chaleur et d’entrain. Aussi étonnant que cela puisse paraître, ce grand raout n’a pas été programmé pour 15 h 30, heure de sortie des bureaux des agents de l’administration, mais plutôt pour 9 heures ! Le 16 octobre a donc été une journée perdue pour l’administration publique puisque tout ce qu’elle compte de responsables militent au PDG ou en sont des sympathisants. Et tous devaient compter parmi les présents. Avec cette fête, on s’est rendu compte que les responsables du parti au pouvoir ne s’arrêtent devant rien pour satisfaire leurs égos ou leur militantisme pour le moins, quitte à paralyser partiellement le fonctionnement de l’administration. N’eût-il pas été plus judicieux d’organiser ces grandes retrouvailles dans l’après-midi ou le lendemain ? La précampagne qui s’ouvre donc va, sans aucun doute, occasionner quelque dysfonctionnement dans l’administration.
Communication, outil idéal pour la propagande
Pour le moment, cette période se caractérise aussi et surtout par une immense envie de communiquer. Wikipédia définit la communication comme «l’action de communiquer, d’établir une relation avec autrui, de transmettre quelque information à quelqu’un ; l’absence de réponse possible en fait un outil idéal de propagande». Il y avait déjà, depuis 2012, la conférence de presse hebdomadaire du porte-parole de la présidence de la République. Mêlant, avec un talent incontestable, démagogie et propagande, Alain-Claude Billie By Nzé ne convainc pas vraiment. Car il a encore trop tendance à aller de l’essentiel à l’inconsistant, donnant ainsi l’impression d’avoir été lui-même l’objet d’une erreur d’orientation. Largement battu, à Makokou, lors des élections législatives de décembre 2011 par Emmanuel Issoze Ngondet, ce transfuge du RPG et du RDP avait remplacé, en février 2012, Clémence Mezui au poste de porte-parole de la présidence. Au-delà du bagout qu’il a, il donne l’impression d’en faire parfois trop pour montrer sa loyauté. Ses conférences de presse lui ont malheureusement parfois joué des mauvais tours, comme lorsque parlant de Raymond Ndong Sima, alors Premier ministre, il avait déclaré : «s’il veut partir, qu’il parte, personne ne le retiendra». Alain-Claude Billie By Nzé était alors sorti de son rôle. Et ce n’est pas la seule sortie de route qu’il ait faite depuis deux ans et demi…
Depuis son arrivée au poste de porte-parole du gouvernement en janvier 2014, Denise Mekam’ne Edzidzi a, elle aussi, décidé de tenir un point de presse hebdomadaire ou bimensuel. Si elle n’a pas le culot d’Alain-Claude Billie By Nzé, son collègue de la présidence de la République, elle se donne les moyens d’être bien informée avant de se tenir devant les hommes et femmes de média. Plus sérieuse, plus énergique même, plus méthodique aussi, elle paraît néanmoins encore un peu nerveuse, et cette nervosité a tendance à ne pas mettre en exergue son propos, à brouiller son discours. Est-ce la raison pour laquelle le PDG, «troisième pilier de la majorité», si on peut dire, a décidé, lui aussi, de lancer son point de presse hebdomadaire ? Jean-Sylvain Mandza fait, pour l’instant, un parcours sans faute. Dans un registre personnel tout à fait différent de Charles Mvé Ellah, son prédécesseur à ce poste, l’actuel porte-parole du PDG, est un bon communicant. Il est précis, concis, direct.
En plus des conférences et points de presse des porte-parole de la présidence de la République, de celui du gouvernement et du porte-voix du PDG, la Primature, à travers la Direction de l’information gouvernementale (DIG) logée au secrétariat général du gouvernement, vient de lancer une émission télévisuelle bimensuelle, «Faire savoir», dont le premier numéro a été diffusé vendredi soir sur Gabon Télévision, avec pour invité le ministre des Infrastructures, de l’Habitat et de l’Aménagement du Territoire, Magloire Ngambia. La même DIG se propose de lancer une émission de même type à Radio Gabon.
L’excès de communication tue la communication
Toutefois, comme l’a dit Jean Jaurès il y a près d’un siècle, «le problème pour tous les pouvoirs, c’est la communication ; il ne faut jamais trop en faire, sinon l’excès tue, il ne faut jamais en faire trop peu, sinon on est inaudible ; il faut le juste milieu, mais qu’est-ce que le juste milieu ?».
A travers ces émissions d’information politique, ces exercices de communication et toutes ces sorties médiatiques multipliées à l’infini, le pouvoir a unilatéralement lancé une forme de précampagne électorale qui va durer jusqu’en août 2016, donc 22 mois ! Une longue précampagne qui ne va pas manquer d’avoir de lourdes conséquences sur le fonctionnement de l’administration publique. Le pouvoir est-il conscient du risque d’enfermement et d’usure qui le guette s’il doit faire des annonces chaque semaine ? On constate déjà que, chaque semaine, la complexité de certains dossiers amène parfois Alain-Claude Billie By Nzé et Denise Mekam’ne Edzidzi à donner des éléments de réponse très différents, voire contradictoires ; en tout cas, le porte-parole de la présidence de la République et celui du gouvernement démontrent qu’ils ont des différences d’appréciation sur divers sujets, telle que la Prime d’incitation à la performance (PIP), et ces couacs peuvent détruire toutes les stratégies prises pour communiquer harmonieusement. «Trop de com tue la com !»
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Ferdinand L dit :

    Nous sommes en campagne permanente !
    Les Gabonais ne veulent plus des BONGO !
    Rien ni personne n’arrivera à changer cet état de faits .
    Plus de 20 mil milliards en 5 ans et toujours ; » nous voulons du temps et de l’argent .. »Encore et Encore ….
    Assez , nous ne voulons pas de guerre civile , partez et rendez aux Gabonais leurs dignités !

    • bibang dit :

      Arrêtez de parler en lieu et place des gabonais. si vous avez des problèmes avec les Bongo recherchez à les résoudre et non venir l’exposé maladroitement.
      je pense que les choses évoluent à moins que vous refusez de les voir.

  2. Lekoni-Lekori dit :

    Ils sont en campagne depuis 5 ans… Ils ont passé 5 ans en campagne ….

  3. Jean-Marcel BOULINGUI dit :

    La réussite ou l’échec d’une campagne de communication dépend de l’état du terrain. Échangeurs oui, quelques centaines de kilomètres bitumés oui, mais l’homme est où ? Où est la stratégie d’investissement humain ?

  4. as des as dit :

    Je partage partiellement votre idee mr boulingui

    • bibang dit :

      monsieur Jean-Marcel BOULINGUI c’est dommage que vous ne soyez pas informé. sachez que ceux qui dirigent ce pays sont intelligent pour ne pas avoir une stratégie d’investissement humain. moi je l’ai si vous souhaitiez ecrivez moi. sinon arrêtez de nous distraire.

  5. # Akébé vite !!!! dit :

    @Lekoni-Lekori tout est dit dans vos 14mots et meme l’épilogue de l’échec est induit puisqu’il nous interpelle tous.

  6. keller dit :

    Je les comprend un journal de la presse privee avait a son temps parler de l’arriver d’un » mercenaire de la com » malgre les echecs connus dans d’autres pays africains. Le Gabon est peut etre en passé d’en connaitre a cause de l’exces de communication avec pour consequence le zapping de certaines chaines locales.

  7. Omengo dit :

    Si toute cette communication pouvait concourir à l’amélioration des conditions de vie cela devait être une bonne mais malheureusement avec la nature de nos dirigeants le résultat est là zéro au quotient, aussi longtemps que l’on passera son temps pour distribuer les prébendes aux gens au lieu de travailler pour faire avancé le pays le PDG ne sera jamais à la hauteur.

  8. Voilà comment le pays régresse. Au lieu de construire sérieusement le pays, ils sont déjà là à promettre alors que pendant 5 ans on a vu que des miettes. Sacré Ali, sacrés pédé-gistes…

    • bibang dit :

      héééé mon frère Ontintin Ebory donc notre pays régresse tu est sur de ce que tu dis vraiment.
      les hôpitaux construits le pays régresse
      les routes construites le pays régresse
      les rappels payés le pays régresse
      l’industrialisation du bois le pays régresse
      la PIP le pays régresse
      les mesures sociales appliquées le pays régresse
      le pont de la BANIO le pays régresse
      les bourses aux etudiantsle pays régresse
      les infrastructures ecolieres le pays régresse
      la biometrie le pays régresse
      emplois ( OLAM – zone économique speciale NKON)le pays régresse
      avancement des situation administratives le pays régresse
      la CAN le pays régresse
      DIS TU VIS DANS QUEL PAYS MON FRERE.

      • Le citoyen libre dit :

        Tu as oublié les logements dans toutes les provices..
        Tu vis dans quel pays ?
        Il faut ne pas etre au PDG pour ne pas reconnaitre que le pays va bien..!
        Qu’il n’y a pas de greves, que les ecoles sont construites

  9. Hervé GRUPAUNE dit :

    Il y a aussi toutes les pages achetées dans des magazines tel que Jeune Afrique. Tout cela participe de la précampagne lancée par le pouvoir.

  10. Le citoyen Libre dit :

    Une chose qui est certaine c’est que malgré leurs multiples communications une majorité des gabonais ne veut plus des Bongo au pouvoir nous prenons simplement rendez-vous en 2016.

  11. Très nocif pour le pays que de se lancer prématurément en campagne. La majorité des travaux sont à ‘arrêt déjà, ça veut dire que d’ici 2 ans rien de concret ne se ra fait!

  12. bibang dit :

    les gens ignorent totalement le fonctionnement d’un pays .
    malgré tout ce qui est fait et tout ce qui est entrain d’être fait. nous continuez de distraire le monde.

  13. Le citoyen libre dit :

    ALI fait le minimum pour piller au maximum voila sa strategie..

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