Perte sèche de 1,9 milliard de francs CFA pour la BGFIBank, avec à la clé de nombreux détenteurs de cartes prépayées floués et déjà une dizaine d’interpellations parmi les agents de cette banque.

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Un milliard neuf cent millions de francs CFA ont été subtilisés à partir des cartes bancaires prépayées de la BGFIBank, indiquent des sources concordantes au sein de cette banque. À l’effet de quoi, une douzaine d’agents de la structure bancaire a été interpellée en fin de semaine dernière, parmi lesquels Martin Réténo (l’un des responsables de la monétique), Kery Bouka (directeur du département informatique), Pearce Bouyou (responsable produit). Soupçonné d’avoir fomenté le coup ou d’en avoir discrètement supervisé la réalisation, l’Ivoirien Edgard Anon (ADG, directeur du territoire et donc de toutes les filiales nationales et sous régionales) a été, lui aussi, interpellé à l’aéroport de Libreville alors qu’il rentrait d’un voyage à l’étranger, le dimanche  12 février dernier.

Ayant d’abord été relâché par les agents de la Police de l’air et des frontières (Paf), il a été prié, ce lundi 13 février en arrivant à son lieu de travail, «de rendre les clefs du véhicule et de l’habitation de fonction pour résider dans un hôtel en attendant la suite de l’enquête ouverte par la Police judiciaire», indique une autre source de la banque. Il lui serait reproché d’avoir conduit le projet de carte Visa prépayée lancé par BGFI, en rejetant les services de sécurité et de vérification proposés par Visa, l’entreprise promotrice de la fameuse carte bancaire internationale. Autrement dit, BGFIBank devait assurer elle-même la sécurité du système et s’engageait ainsi sur tous les risques y afférents. Cette imprudence lui coûte aujourd’hui la perte sèche de 1,9 milliard de francs CFA. Aucune assurance n’ayant été prise, Visa International ne saurait procéder au moindre remboursement ni à un quelconque dédomagement.

Selon des sources policières concordantes, une dame de nationalité ivoirienne est arrivée il y a quelque temps à Libreville et a procédé à l’acquisition de plusieurs centaines de ces cartes Visa prépayées, littéralement vendues à la criée ces derniers mois par la banque d’Henri-Claude Oyima. Elle a ensuite quitté le Gabon avec sa cargaison de cartes. L’alerte ayant donné lieu à la découverte du pot aux roses a été lancée par Visa International après avoir constaté de nombreux retraits de montants importants à partir de trois pays d’Europe dont la Suisse et la Belgique. «Tous ces retraits frauduleux ont été effectués avec les cartes bancaires achetées par la dame ivoirienne», soutient une source proche du dossier.

Il serait également reproché à Edgard Anon d’avoir externalisé la sécurisation des cartes Visa prépayées de BGFIBank, la confiant à Chaka Card Systems, une entreprise n’ayant fait ses preuves qu’en Afrique l’Ouest et spécialisée dans les plateformes de personnalisation de cartes et des solutions d’identification et de sécurité. Il n’est cependant pas encore indiqué si Edgard Anon avait quelques intérêts dans ladite structure.

La semaine dernière une folle rumeur sur les réseaux indiquait que de nombreux clients de BGFIBank ne parvenaient pas effectuer les opérations utiles avec les fameuses cartes prépayées, tout comme celles d’un bon nombre d’étudiants de l’Université Omar Bongo ont été «avalées», c’est-à-dire non restituées par les guichets automatiques de banque. Marc Ona, figure de la société civile gabonaise, a notamment indiqué que «c’est de façon confidentielle que les centaines de clients, détenteurs de cartes Visa prépayées BGFIBank ont appris l’arrêt de ce produit bancaire. Quid des clients qui ont déposé de l’argent sur ces comptes virtuels ? Ceux qui se plaignent de ne pas pouvoir utiliser les cartes sont gentiment priés d’écrire une lettre de réclamation pour se faire rembourser.»

Pour l’heure, de nombreux directeurs seraient suspendus de leur fonctions au sein de BGFI tandis que tous les contrats, passés par Edgard Anon avec des prestataires extérieurs, ont été rompus. L’enquête se poursuit qui devrait certainement innocenter bien de personnes actuellement en garde à vue et permettre de faire payer les vrais auteurs de cette grosse entourloupette financière.

 

 
GR
 

15 Commentaires

  1. Rhody Junior dit :

    Comme quoi l’argent détourné par lequel s’est construit cette banque (née sur les cendres de la banque par lequel le Bongo et le groupe elf pillaient sauvagement le Gabon) a attiré à elle des gens (collaborateurs et clients) du même acabit que ses actionnaires.

  2. cotcotier dit :

    AHAHAH tout ceci etait previsible

  3. djouori dit :

    Tout n’est que vanité, vanité et poursuite du vent disait l’Eclesiaste. C’est la tragedie des Bongo. Depuis 1967, il n’y a jamais eu de reussite dans ce qu’ils entreprennent. C’est une malediction comme chez les pharaons. Attendons maintenant les dix plaies de l’Egypte. Dieu frapera pour chaque gabonais tombé le 31 aout 2016. Mon Dieu souviens-toi de nos morts de 2009 à Port Gentil.

  4. Àllo 241 dit :

    A force de voir les patrons se servir comme dans une épicerie ça donne des idées aux employés. Malheureusement ce sont les plus faibles qui vont trinquer

  5. DOM CAPELLO dit :

    Quel est l’intérêt de préciser la nationalité de l’ADG et survoler celle des autres mis en cause…

  6. Ernest ELOUNDOU MBEZE dit :

    MON DIEU!!!!! BGFI!!!! il ne s’agit d’une erreur de gestion C’est un crime organisé

  7. Venance Pambou dit :

    Malgré tout ça, Oyima (le DSK gabonais au sens nafissatouien du terme) sera toujours un brillant manager ?

  8. Pauvre Gabon dit :

    Toujours et toujours des étrangers mêlés a des affaires de détournements d’argent au Gabon.Pour ne Gabon ne fait-il pas confiance a ces propres enfants ? Nous avons cadre brillant dans ce domaine, Dr.-Ing. Dieu-Donné OKALAS OSSAMI qui a dirigé et obtenu la première certification PCI-DSS de l’histoire de Verifone en France; à l’époque la société s’appelait Hypercom.C’est un cadre brillant que personne n’utilise au Gabon.

  9. Drame coulybali dit :

    Pourquoi vous voulez cacher sa nationalite ? Cest important de le faire je.connais.ce monsieur ivoirien jai travaille dans sa societe au burkina fasso et il a dailleurs detourne de grosse somme dargent a un investusseur qui devait faire partenariat avec lui

    • Éric kickson dit :

      Si tu as travaillé dans sa société, c’est que tu devrais savoir que cet investisseur faisait du faux et tenait des avoirs bancaires au nom de la société de M. Anon sans le déclarer dans les livres comptables. Qui a volé qui dans ce cas?

  10. Laurent WOLO dit :

    Il y’aura toujours des crimes de ce genre, les mesures et les contres-mesures se développent presque au même rythme, c’est un problème qui peut arriver à n’importe quel dirigent le véritable problème c’est que l’on confond l’audit avec la prévention de la fraude, un des domaines que la cobac devra instituer.

  11. Thomas Obiang dit :

    Cette affaire de malversation interne est très dommageable pour BGFI. C’est la réputation et la crédibilité du groupe dans son entier qui sont entachées. Il appartient à la justice de démontrer si le Directeur général de BGFI Gabon, Edgard Théophile Anon, est coupable ou non ; mais en revanche, quels que soient les faits, il est clairement responsable. Dès lors, il y a 2 solutions : soit il démissionne, soit il est révoqué. Mais il serait scandaleux de le voir poursuive son mandat ! (un client en colère)

  12. Victime colatérale dit :

    J’ai l’impression que la gestion des cartes prépayées est assurée par une mafia interne à la BGFI.
    L’argent des clients disparait sans explication et les « services réclamation » aux abonnés absents ou d’un manque de professionnalisme aux antipode de l’image que cette banque veut se donner via ses actions de communication.
    Depuis ce scandale sur la cartes prépayées, la commercialisation est stoppée mais pendant ce temps, les anciens clients pâtissent de toutes les anomalies du système: cartes avalées par les GAB, échec retrait Gab avec débit carte,…
    Est-ce juste de l’incompétence des équipes BGFI en charge ou une volonté de continuer les actions mafieuses en interne, sur le dos des clients?
    Le Top Management doit revoir sa copie pour espérer sauver cette banque.

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