Le gouvernement avait fixé, en Conseil des ministres, le 28 octobre 2009, le plafond des rémunérations des responsables d’entreprises publiques et parapubliques. Le salaire des PCA avait ainsi été fixé à 3 millions CFA, celui des DG à 5 millions de francs, celui des DGA à 3,5 millions, et celui des directeurs à 2 millions de francs CFA. Mais aujourd’hui, ces plafonds ont été crevés et largement revus à la hausse, parfois avec l’accord des Conseils d’administration.

La fourchette de leurs frais de mission varie entre 400.000 et 1 million de francs CFA par jour ! © Gabonreview/Helder Almeida

La fourchette de leurs frais de mission varie entre 400.000 et 1 million de francs CFA par jour ! © Gabonreview/Helder Almeida

 

 «C’est le génie gabonais : si vous demandez à un de ces directeurs généraux de vous montrer son bulletin de salaire, vous verrez qu’il y est inscrit un salaire brut à 5 millions CFA, mais en réalité, ces directeurs généraux coûtent plus de 10 millions de francs CFA à leur entreprise», affirme un administrateur de l’Office des ports et rades du Gabon (Oprag). Comme dans cette entreprise d’Owendo où le directeur général se fait payer un loyer mensuel et toute la domesticité (chauffeur, jardinier, gouvernante, maître d’hôtel, gardien), en plus des factures de téléphone (portable), d’eau et d’électricité et l’abonnement aux chaînes câblées, la plupart des responsables d’entreprises publiques ont «crevé» le plafond fixé par le gouvernement.

28 octobre 2009 : des «Roitelets» à la diète

Pour mémoire, le 28 octobre 2009, à l’issue du deuxième Conseil des ministres présidé par Ali Bongo qui venait d’accéder au pouvoir, il avait été «décidé du plafonnement des rémunérations et autres avantages pécuniaires versés aux dirigeants des sociétés d’État, des sociétés d’économie mixte, et ceux des établissements publics et parapublics.» La mesure, qui intervenait une semaine après le «tsunami administratif» ayant procédé au remplacement de plus de la moitié des cadres de l’administration publique et parapublique du pays, avait été fort saluée. Tout le monde parlait alors de la mise à la diète des «roitelets» d’Omar Bongo.

Ainsi, les revenus mensuels, avantages compris, des présidents des Conseil d’administration (PCA) avaient été plafonnés à 3 millions de francs CFA ; les PCA adjoints étaient limités à 2 millions de francs CFA ; les Directeurs généraux (DG) d’entreprises ne devaient pas toucher plus de 5 millions de francs CFA ; leurs adjoints, les agents comptables d’office et autres que ceux affectés au Trésor public dans les administrations publiques, étaient tous plafonnés à 3,5 millions de francs CFA. Le revenu mensuel des Secrétaires généraux (SG) d’entreprises devait être au maximum de 2,7 millions de francs CFA et celui de leurs adjoints à 2,3 millions de francs CFA. Il avait alors été indiqué qu’un directeur d’entreprise publique ou parapublique devait toucher un maximum de 2 millions de francs CFA, et son adjoint 1,5 million de francs CFA.

Salaires au-delà des plafonds gouvernementaux et frais de mission exorbitants

Aujourd’hui, selon l’enquête de Gabonreview, des directeurs généraux de la Caisse nationale de la Sécurité sociale (CNSS), de la Caisse nationale d’Assurance-maladie et de Garantie sociale (CNAMGS), et de l’Agence gabonaise de Sécurité alimentaire (Agasa) ont crevé les plafonds arrêtés. Ainsi, au lieu de 5 millions de francs CFA en effet, le dernier cité perçoit environ 7,3 millions, soit 2,3 millions de francs CFA de plus que ce qui est prévu dans les textes. Ce surplus qui n’apparaît nullement dans le bulletin de salaire comprend les frais de domesticité et de loyer. Idem pour le directeur général de la CNSS qui, en plus de ses émoluments mensuels, perçoit 4,2 millions de francs CFA pour le loyer et la domesticité. C’était aussi le cas d’un ancien directeur général de la Société gabonaise de Transport (Sogatra). On ne sait pas si son successeur, précédé d’une réputation de sobriété, a gardé le «même train de vie»…

Et il ne leur a pas suffi d’outrepasser les mesures gouvernementales, ils se font aussi grassement payer les missions. Ils ne restent jamais plus de vingt jours en moyenne à Libreville. Ils sont toujours «partis». À ce sujet, l’enquête de Gabonreview a permis de constater que leurs frais de mission s’élèvent entre 400.000 francs et 1 million de francs CFA par jour ! Certains d’entre eux ont obtenu pour cela l’accord de leur Conseil d’administration grâce à un gentleman agreement du genre «je vous augmente vos per diems lors des sessions des conseils d’administration, et vous donnez votre accord pour mes petites augmentations», révèle un membre du conseil d’administration de la Société nationale immobilière (SNI).

Administrateurs corrompus, per diem élevés et rentabilité des entreprises

«Administrateurs corrompus, dirigeants d’entreprises toujours plus gourmands, agents comptables complices», tel est, selon l’administrateur de l’Oprag cité plus haut, le mode de fonctionnement de la plupart des entreprises publiques.

«Si l’État n’y remet pas de l’ordre, ces entreprises pourront connaître des soucis d’ordre financier dans un avenir proche», craint un administrateur représentant l’État à la CNSS. Dans un passé récent, on a vu des entreprises publiques fermer ou se faire avaler par d’autres par fusions. Au titre des causes de ces fermetures ou de ces opérations de fusion, figurent souvent les choix hasardeux dans les dépenses stratégiques et les investissements, mais aussi la mauvaise gestion financière. Dans un tel contexte qui n’est pas sans rappeler les difficultés de Gabon oil company, on devrait tirer le chapeau à Arnaud Engandji de la Société nationale des hydrocrabures (Gabon oil company) qui a ramené ses propres émoluments, de 22 millions de francs CFA que touchait son prédécesseur, à la norme fixée par le Conseil des ministres du 28 octobre 2009, confortée par un décret.

 

 
GR
 

13 Commentaires

  1. Roberto dit :

    Tous les directeurs d’entreprises publiques ou parapubliques n’ont pas tous le même niveau de rémunération : cest du simple au double, allez savoir pourquoi ?

  2. le Miroir de la petite émergence dit :

    Après de telles révélations, j’ose espérer que les émergents vont faire les investigations qui s’imposent et sanctionner ceux qui ont eu l’outrecuidance de ne pas respecter cette décision gouvernementale; à condition que celle-ci ait été dûment légiférer bien sûr.

  3. Moussounda Alexandra dit :

    Il y’a pas d’inquiétude a ce faire si cette information saverts vrai , dès perfection compétente vont résoudre au plus vite cette situation . Car le Gabon est un pays de loi et d’ordre

  4. l'ombre qui marche dit :

    En ce qui concerne la cnss il faudrait que le gouvernement fasse attention car la cnss est un outil financé par l’argent versé par les employeurs et employés du secteur privé ces derniers temps Lasségué a initié une opération de contrôle physique dans ses locaux des retraités pour soit disant voir clair dans le montant des pensions de retraites payé par mois en oubliant que des pensionnaires payés à domicile il y en a car grabataires! le contrôle de la masse monétaire affectée chaque mois aux retraités passe donc par le respect par Lasségué du plafonnement de son salaire et par avoir du courage car beaucoup de retraités dans le haut-ogoouée n’ont jamais travaillé de leur vie, des retraités fantômes fabriqués par le service informatique de la cnss avec l’accord des directeurs existent! pour la pérennité de la cnss il serait souhaitable de porter à sa tête un triumvirat(état-employeurs-employés) avec un mandat d’un an renouvelable ou non au vu des résultats

  5. Petit Piment dit :

    Qui aura le courage le courage de lister toutes les entreprises publiques et donner leur salaires ? On aura pas beaucoup d’Arnaud Egandji !

  6. Ange Boussamba dit :

    Bravo Gérald Mounomby pour cette enquête instructive. Bel article. Belle plume aussi. Bravo !

  7. Lukombo dit :

    Michaël Adandé à peine arriver à LA POSTE s’est offert un véhicule de service de 62 millions , l’aménagement de son bureau à coûté 35 millions , il a droit à deux salaires de plus de 8 millions chacun , un salaire à poste sa en tant que pdg et l’autre à Postebank en tant qu’administrateur provisoire , sans compter que la société qui effectue en ce moment les travaux d’aménagement à la poste est sa propre société gerée par son neuveux qui ne se cache même pas . Quand il fait les conférences de presse pompeux et insipides on a l’impression d’avoir le pdg les honnêtes du Gabon .
    Merci Ya Ali pour le casting , félicitation à Massard pour son poulain .

  8. Le justicier dit :

    On parle beaucoup de la CNSS mais au vu des résultats révélés par l’union on constate un excédent de plus de 11,600 milliards de francs ÇA. En plus la construction d’une nouvelle ville Oklahoma ville. C’est du jamais vu au Gabon.Qui peut citer une autre entreprise publique qui se porte aussi mieux? Félicitations au Dr Lasségué pour sa bonne gestion! Fière de ce Gabon qui gagne!

  9. flytox241 dit :

    Je pense qu’avant de s’exciter, il faut revoir et comprendre la décision gouvernementale. Quand on a dit 5 millions pour les DG, a t-on précisé salaire simple ou salaire + avantage?

  10. Asco dit :

    Moi je parlerai d’un monsieur qui est actuellement Ministre délégué, mais qui continue à percevoir ses avantages de ADG d’une structure parapublique. Le comble, celle qui est sa S.P. au Ministère touche toujours son salaire dans la boîte en question au titre de DRH. L’égalité des chances prônée par les émergents.

  11. ROSTOTATE dit :

    J’ose utilement croire qu’ENGANDJI Arnaud n’est pas devenu la vache laitière de Gabonreviews par le nombre d’articles de sa majsture a la GOC. En sa qualité de Fils d »Ali, neveu de NGOUBOU et Fils bis d »Accrobessi, il se donne tous les pouvoirs d’un roitelet.
    C’est bien de dire que son salaire est a 5 millions. comment justifier l’ardoise de plus de 50 millions des frais de missions de chaque mois. Il faut aussi dire que vous etes allez enquêter a la GOC de sa gestion depuis sa prise de fonction.
    Avoir l’accès facile aux médias ne veut pas dire qu’on est saint.
    Ce que je dis n’est qu’un détail. Osez vous renseigner auprès des petits agents de la GOC et ils vous diront qui se cachent derrière la petite et ridicule société des menageres de la GOC et de quelle province ou village sont issues ces dames. N’importe quoi.

  12. le fils du pauvre dit :

    Svp, eviter de salir le nom de l’ancien DG de la GOC. M.Serge Toulekima qui est un homme honnête et droit. Êtes vous sûre qu’Arnaud engandji la nouvelle star de Gabonreview et de UJPDG touche 5.000.000. Quelle blague. Je rié juste à te dire que certains chef de division tourne autour de 5.000.000 voir plus. Le DGA, la DAF et le DT touche alors combien. Dès qu’il a ete confirme DG de la GOC. Il a demenage pour la sabliere. Qu’a regarder leurs vehicules de fonctions. étant donné que son prédécesseur a mal gérer cette entreprise familiale, pourquoi ne publie t.il pas l.audit qui a été réalisé au sein de cette entreprise. En tant qu’employé de cette entreprise. J’ai honte de vos écris.Je pourrais vous faire parvenir notre grille salariale si vous le voulez bien.

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