L’Association Citizen Meet Up vient de lancer une initiative baptisée la «Tournée des 50», destinée à sortir la jeunesse gabonaise de l’attentisme. Dans cette interview accordée à Gabonreview, Dioumy Moubassango, président de cette association présente l’intérêt de ce concept pour le développement du pays.

Le président de la Citizen meet-up, par ailleurs chargé de missions du président de la République, Dioumy Moubassango. © D.R.

 

Gabonreview : C’est quoi le Citizen Meet Up ?

Dioumy Moubassango : Citizen Meet Up est une association créée il y a trois ans. Elle fait dans le renforcement de capacités et la mise en réseau des jeunes Gabonais. Cette association est née après ma formation en leadership aux Etats-Unis, dans le cadre du programme Young African Leader Initiative (Yali) du président Barack Obama. Il s’agit pour nous de renforcer les capacités des jeunes, à travers des conférences, des ateliers, mais aussi faire en sorte que cette Citizen Meet Up soit une plate-forme de rencontre entre les jeunes.

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Vous venez de lancer le concept «Tournée des 50». C’est quoi exactement ?

La tournée des 50 a été lancée le 22 septembre 2017. Elle vise à essayer d’inverser la courbe de la mentalité en insufflant à l’ensemble de la population gabonaise une nouvelle mentalité positive, adaptée aux nouveaux défis. Elle consiste à sensibiliser à chaque rencontre au maximum 50 personnes, car nous pensons que les grand-messes ne peuvent pas permettre d’insuffler un changement de mentalité.

Nous, nous sommes rendus compte que, si les infrastructures sont développées, et que la mentalité ne l’est pas, elle sera un grand frein à notre développement. Dans sa première étape, le thème était «mentalité et entrepreneuriat». Nous sommes des héritiers de l’époque de la rente, c’est-à-dire  l’époque du pétrole. Les gens attendaient que l’État leur donne un coup de main. Maintenant que nous sommes passés dans une période où nous subissons la crise mondiale, du fait de la dégringolade des cours du pétrole, il faut avoir une autre mentalité qui est celle d’aller conquérir ce que l’on veut. Car, les Gabonais pensent que c’est l’État qui impulse le mouvement et qui doit venir jusqu’à chacun pour changer les mentalités.

Nous au niveau de la Citizen Meet Up, dans le cadre de cette tournée des 50, nous pensons que c’est le contraire. Car, si chacun à sa place fait exactement le travail pour lequel il a été recruté, la mentalité générale de la population va changer. Si le médecin fait exactement son travail, la réceptionniste de même, si l’agent municipal agit sans prétendre à une ristourne, chacun de nous fera ce qu’il faut pour que nous ayons une meilleure mentalité.

Comment définissez-vous la «mentalité gabonaise» ?

Je pense que la mentalité gabonaise est malade du fait que nous sommes un pays pétrolier, donc nous sommes un peu dans la mentalité de la rente. À l’époque, entre 1990 et 2009, pour résoudre nos problèmes, il suffisait qu’Omar Bongo agite le petit bâton politique et les problèmes étaient résolus. S’il y a des gens qui se plaignent de ne pas avoir du travail, on les prend tous dans l’administration. On n’avait l’impression qu’on avait un père ou une aile tutélaire qui, à chaque fois avait un sac d’argent à distraire. Cette façon de faire à plonger le Gabonais dans une sorte de paresse. Ce qui fait que même nos frères qui rentrent de l’étranger avec des diplômes, se plaignent en disant que le gouvernement ne fait rien pour eux. S’ils ne trouvent pas le gouvernement comme bouc-émissaire, ils trouveront un parent, le père ou la mère ou un oncle qui était ministre et qui n’a pas pu leur donner la chance.

Je crois que cette mentalité souffre de l’attentisme. On ne peut pas attendre des choses pour développer notre vie, alors qu’on doit aller conquérir ces choses-là. Comparativement à la mentalité américaine, qui fait du jeune américain le capitaine de sa réussite. Les institutions sont là pour installer le cadre institutionnel, mais la réussite dépend de la volonté de l’engagement personnel de ce jeune américain.

Lors de la première rencontre de la «Tournée des 50». © D.R.

Dans combien de temps pensez-vous réussir à changer la mentalité gabonaise ?

Il n’y a pas de délais parce qu’il serait utopique de penser qu’on peut fixer un délai pour inverser la courbe de la mentalité gabonaise. Martin Luther King lui-même disait, «il est difficile de décréter ou de légiférer sur la mentalité. Seules l’éducation et la formation peuvent être des solutions». C’est sur cette base de Martin Luther King que nous inscrivons notre combat. Il ne s’agit pas d’un décret qui viendrait changer la mentalité gabonaise, mais d’une révolution des mentalités qui partirait de là où nous nous trouvons. Nous nous battrons corps et âme avec la dernière énergie pour inverser la courbe de la mentalité.

Nous disons : si par exemple cette année, nous réussissons à parler à 5000 et 10000 personnes, ces personnes auprès de qui nous avons favorisé le développement de nouveaux réflexes, par rapport au concept actuel, seront les ambassadrices de la nouvelle mentalité positive gabonaise. Je crois que, si on réussit à le faire, nous en tant qu’association, et si dans ce combat, nous sommes rejoints par la majorité des ONG, des associations et même des mouvances politiques, c’est le Gabon qui gagnera.

Quel a été l’apport des premiers invités à cet événement, notamment Eric Benquet, chef d’entreprises, manager général de Korum services et Jeff Migolet, coach en développement personnel, spécialiste des comportements ?

Lors de la première rencontre de la «Tournée des 50». © D.R.

Eric Benquet est un entrepreneur à succès. Il est le patron de Korum service, une société d’imprimerie, d’Eben radio, d’Eben Mobile. Il a créé le premier mobile gabonais, et détient un réseau d’affichage électronique présent dans les rues de Libreville.

Son apport dans cet atelier a été de démontrer qu’il est parti de rien et à partir du bon travail qu’il a fait dans cette société, il a identifié un domaine de business dans lequel il prospère aujourd’hui. Et pour cela, il lui a fallu 17 ans de travail. Il faut inculquer aux jeunes la notion du temps, de la persévérance et de la volonté de faire les choses bien.

S’agissant de Jeff Migolet, lui en tant que coach et spécialiste de la modification comportementale, prend les questions des jeunes à Éric Benquet et les analyse en leur disant d’être précis dans ce qu’ils disent et ce qu’ils font. Le but de l’intervention de Jeff était d’écouter ces jeunes et essayer de modifier leur comportement, en leur présentant les différents moyens et outils comportementaux sur lesquels miser pour atteindre le succès.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. BBTG dit :

    On a de plus en plus de psychologues au Gabon et la période leur est propice pour essayer leurs nouvelles thérapies tout droit sorties de je ne sais où!

    Sauf que M. MOUBASSANGO ne nous dit pas combien d’entreprises il a lancé et combien de jeunes gabonais au chômage il emploie avec tout l’argent que le Président lui donne depuis 2009?

    La carrière de conseiller d’Ali Bongo le poursuit et le colle tellement à la peau qu’il passe maintenant par des structures associatives pour parvenir à ses fins comme sa grande soeur Soraya.

    Si vous qui portez des casquettes de traitres auprès de vos anciens amis et connaissances, vous vous érigez comme « changeurs de mentalités », commencez par changer la votre qui consiste à utiliser les autres pour accomplir vos rêves d’arrivistes nés.

    Ceux qui ne comprennent pas grands choses à ce que j’écris diront que c’est encore un calomniateur, mais demandez à Dioumy combien de personnes il a détourné de leurs idéaux à coup de CFA?

    Tu es dans le même classeur que tes congénères : Massassi et sa bande d’Hayoe, Obélix,Le Wise, Baponga, etc. Vous avez juste un petit problème d’idéologie et de principes. En gros, vous êtes des eunuques qui jouent aux hommes bien constitués.

    La mentalité américaine ne consiste pas à faire des affaires en attendant ou en utilisant de l’argent des politiciens. Cela c’est être un pion et c’est ce que vous êtes pour le moment.

    A bon entendeur salut !

  2. Alino dit :

    C’est juste incroyable Dioumy Moubassango qui parle d’entrepreneuriat on aura tout vu dans ce pays.
    Globalement ces gens proposent aux jeunes gabonais d’etre des hommes de main parce que ce soit Jo Da Crazy ou Eric Benquet aucun n’a créé quoi que ce soit. A la limite ils peuvent expliquer comment blanchir du fric

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