En saisissant la juridiction constitutionnelle, la centrale syndicale a donné à son engagement une autre tonalité.

Entre l’annonce de manifestations à venir, les invitations aux forces sociales ou le recours au jeu institutionnel, la stratégie de Dynamique unitaire emprunte à toutes les formes de syndicalisme.© Gabonreview/Shutterstock

 

Parfois, il faut aller au-delà des démarches convenues. De temps à autre, il importe de sortir des sentiers battus. Par moments, il faut explorer de toutes les voies, quitte à surprendre les laudateurs ou désorienter les contempteurs. Engagée dans un combat pour l’annulation des mesures d’austérité arrêtées par le gouvernement, Dynamique unitaire semble avoir pris cette option. Quelques jours après son rassemblement d’Awendjé, la centrale syndicale l’a fait savoir. A peine avait-on pris connaissance de son intention de traîner les institutions financières internationales devant les tribunaux (lire «DU envisage une plainte contre le FMI»), elle a été auditionnée par le juge constitutionnel. Déterminée à défendre les acquis des fonctionnaires, elle exige le retrait de l’ordonnance n° 016/PR/2018 du 23 février 2018 portant modification, suppression et complétant certaines dispositions de la loi n° 001/2005 du 4 février 2005 portant statut général de la Fonction publique (lire «Dynamique unitaire à la Cour constitutionnelle»).

Continuum inédit

Par cette succession d’initiatives, Dynamique unitaire atteste de sa volonté d’user de toute la panoplie du syndicaliste. En d’autres termes, Jean-Rémy Yama affirme sa détermination à s’inspirer de l’histoire des luttes sociales. Entre l’annonce de manifestations à venir (lire «DU menace de prendre la rue»), les invitations aux forces sociales ou le recours au jeu institutionnel, sa stratégie emprunte à toutes les formes de syndicalisme. S’étant jusque-là comporté comme un adepte du syndicalisme de combat, il était néanmoins perçu comme un chantre du syndicalisme de transformation sociale. En saisissant la Cour constitutionnelle, il a investi le champ institutionnel. Sans susciter la bronca des bien-pensants, il pourra désormais se réclamer du réformisme. A bon droit, il aura tout le loisir de réfuter toute arrière-pensée politicienne, tout en affirmant la nécessité de faire échec au plan de rigueur annoncé par le gouvernement le 21 juin dernier.

Pour autant, la saisine de la Cour constitutionnelle n’est pas une nouveauté en soi. Dans le passé, la Confédération syndicale gabonaise (Cosyga) et la Convention nationale des syndicats du secteur éducation (Conasysed) l’ont fait. Mais, là s’arrête la comparaison : la Cosyga s’intéressait essentiellement aux questions institutionnelles, notamment le statut des délégués du personnel et les élections au défunt Conseil économique et social (CES), quand la Conasysed sollicitait plutôt l’arbitrage de «l’organe régulateur (…) de l’activité des pouvoirs publics». Ni l’un ni l’autre de ces deux syndicats n’avaient sollicité la fonction juridictionnelle de la Cour constitutionnelle. Surtout, dans un conflit ouvert avec le gouvernement. En le faisant, Dynamique unitaire a pris tout le monde à contre-pied, insérant les actions protestataires, les mouvements de masse et le jeu institutionnel dans un continuum inédit. Autrement dit, sur le fondement de son appréciation du contexte et de ses conséquences sur le monde du travail, la centrale syndicale veut donner à son action une dimension plus transversale.

Éventuel télescopage

En effet, accusant le gouvernement de vouloir «précariser et déshumaniser les agents publics», Jean-Rémy Yama penche manifestement pour un syndicalisme d’émancipation. A ses yeux, les travailleurs, comme l’ensemble des couches défavorisées, doivent se battre pour altérer l’organisation sociale. En saisissant la Cour constitutionnelle, il a essayé de pousser les institutions à y prendre toute leur part. Tout en assumant sa mutation, il a invité l’appareil d’Etat à entamer la sienne propre, conformément aux revendications populaires. A cette aune, la décision de la Cour constitutionnelle ne sera pas une simple réponse à la requête de la centrale syndicale. Elle aura valeur de message aux agents publics voire à tous les travailleurs et, pourquoi pas, à l’ensemble des forces sociales. Au regard du contexte, son attitude du juge constitutionnel pourra très vite devenir un élément à charge pour le pouvoir : après une présidentielle des plus chaotiques, le pays s’apprête à organiser synchroniquement des législatives et des locales dans une ambiance surchauffée.

Une autre donnée en rajoute à la complexité de la situation : la marche prévue le 13 du mois courant. Ayant informé le ministère de l’Intérieur, Dynamique unitaire s’attend normalement à une réponse positive. Comment lui refuser le droit de manifester quand la Cour constitutionnelle a auditionné et reçu son bureau sur la même question ? Sur ce coup, un éventuel télescopage entre le gouvernement et «l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics» n’est plus à exclure.  Régulation ne sera jamais synonyme de connivence.

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Obiang claude dit :

    Enfin dynamique unitaire reconnaît les institutions établi dans notre pays .
    Il faut le dire haut et fort ensuite poursuivre ce combat noble.

  2. AIRBORNE dit :

    En esperant que MADO lira le droit rien que le droit, car elle est aussi à l’origine du bordel qui se passe actuellement au gabon, elle cautionne les airements d’Ali dans sa mal gouvernance en endettant le pays. Le voila en ballade en Ecosse pour sollicité les constructions des residences finances par la fondation du prince de Galle, il va rembourser cela avec quel argent? Les premiers projets faramineux qu’il a initié n’ont jamais aboutis la preuve le tas de sable ou montagne de sable plein d’herbes où il a roulé dans la farine les chinois, là il va encore rouler le prince de Galle en mettant devant sa momie Sylvia pour garantir ses emprunts. Bon, il ne nous resteras plus qu’a mangé les racines des arbres et les margouillats colorés. Un pays de merde.

  3. le mal profond du Gabon dit :

    Pour résoudre le problème de sous développement au Gabon, la seule et unique solution est la fin du régime des Bongo.
    Rappelons le que ce régime a pour mission principale d’exterminer la population gabonaise au travers des crimes rituels barbares, odieux et endémiques, de faciliter le pillage des richesses du sol et du sous sol par des puissances occidentales, pour capter les aides et emprunts sur la scène internationale afin de les partager avec les donneurs d’ordre dans des salons calfeutrés, de maintenir la monnaie des singes dans les comptoirs d’Afrique, de ramener le Gabon sur le rang des pays les plus pauvres de l’Afrique en refusant l’instauration d’un cadre juridique efficace et le financement des petites et moyennes entreprises. De même le refus de la création de la haute cour de Justice pour juger les dérives du chef de l’état et des membres du gouvernement, est la parfaite illustration de dilemme.
    Oui, les gouvernements ont été changés 1000 fois, mais les problèmes du Gabon sont demeurés les mêmes : absence des caniveaux, 1% des routes goudronnées, manque des logements, manque d’espaces verts, absence de centres commerciaux, Nullité du taux de création des entreprises au Gabon pour absorber les 5000 diplômés par an, absence criarde du contrôle de la fin d’exercice budgétaire par les élus, Camouflage et mascarade sur les rapports budgétaires de la cour des comptes, Vote à main levée et non démocratique dans les hémicycles, tripatouillage séculaire des résultats de vote pour maintenir l’Afrique sous la pauvreté, nomination des binationaux et des étrangers naturalisés à des postes stratégiques, sensibles et vitales du pays, Augmentation à 180 degrés de l’endettement du Gabon, impuissance du chef de l’état dans la sortie du Gabon dans le système monétaire séculaire, rétrograde et humiliant la dignité de l’espèce humaine.

    La seule et unique solution à tous ces problèmes est la mise à fin du régime impuissant des Bongo avant les législatives prochaine, la convocation d’une assemblée constituante, la mise en place d’un audit multisectoriel, la révision des accords monétaires, le rapatriement des avoirs du Gabon dilapidés sur la scène internationale, l’intégration des parts sociales de DELTA SYNERGIE dans les parts de l’Etat gabonais, l’instauration de la Haute cour de Justice, la restauration de la peine de mort au Gabon, la séparation du pouvoir judicaire et étatique, la limitation des pouvoirs du chef de l’état, la rédaction des nouveaux codes de justice, la bancarisation des gabonais, le financement des crédits aux banques par la nouvelle banque centrale du Gabon, la mise en place d’une police scientifique au gabon, la suppression du Senat, la suppression de la commission contre l’enrichissement illicite, la suppression du CNC, la réduction des agences, la limitation du nombre de ministre à 20, la suppression du poste de Vice président et du Haut représentant personnel du chef de l’état, le déplacement de la capitale Libreville vers une zone où il y a moins de collines et de marécage.
    ceci est un éclairage sur les maux profonds du Gabon

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