Présent au Gabon pour des activités médico-chirurgicales initiées par la Caisse nationale d’assurance maladie, le Dr Eric-Jacob Bénizri s’exprime sur ces interventions et la qualité de la collaboration avec le Gabon.

Dr Eric-Jacob Bénizri et son collègue gabonais, Jean Massandé, pendant l’entretien le 2 février 2017 à Libreville. © Gabonreview

 

Gabonreview : Vous êtes revenu au Gabon pour une caravane médico-chirurgicale. Quel type des cas rencontrez-vous?

Eric-Jacob Bénizri : Ce sont des cas d’urologie classique, mais d’urologie évoluée puisqu’on a vu des pathologies lithiasiques. Il y a plus de 15 dossiers de lithiase et donc de calcul, mais il y en a aussi à tous les niveaux de l’appareil urinaire. Certain nécessite une expertise particulière ou un matériel particulier. Mais tout le matériel est déjà là. En matière de lithiase, on n’a pas besoin d’amener grand-chose. On a juste besoin de faire fonctionner le matériel qui est déjà là. Il y a donc de quoi traiter les calculs par l’intérieur ou par l’extérieur. On mettra tout cela en œuvre. Je crois qu’il y a cinq pierres qui ont été retenues à des fins chirurgicales et a priori, ça ne devrait poser aucun problème.

Dr Eric-Jacob Bénizri et ses collègues gabonais consultant un patient avant d’entrer au bloc opératoire, le 2 février 2017 à Libreville. © Gabonreview

Y aura-t-il des opérations ou juste des consultations?

On est venu pour des opérations. Mais les communiqués ont été diffusés et de nombreux patients sont arrivés. Nous allons en consulter. Mais nous allons aussi passer à la partie chirurgicale. On va casser les calculs rénaux avec la machine disponible ici. C’est une des meilleurs dans le domaine du traitement des calculs extracorporels. Les patients arrivent comme chez le dentiste. Ils viennent, on les pose sur la machine, on repère la lithiase à casser, ensuite on lui envoie des ondes de choc pour la pulvériser ou la fragmenter. Au bout de 30 ou 45 minutes, le patient remonte dans sa chambre et normalement, si tout se passe bien dans 2 ou 3 heures, il peut rentrer chez lui. Ce sont des traitements extracorporels, extrêmement modernes. Autrefois, ces opérations s’accompagnaient des ouvertures, des hospitalisations longues, des suites opératoires parfois pas très faciles avec des fistulisations. Maintenant, le traitement de la lithiase est grandement simplifié, à la fois, pour les patients et pour les chirurgiens.

Comment se passe la collaboration avec vos collègues gabonais ?

Pour ce qui est du Chul, c’est la deuxième fois que j’y viens. J’imagine que ça va se faire et se faire très bien. Pour ce qui est de l’hôpital militaire, oui les échanges se font. Je ne dirais pas que c’est quotidien, mais on vient là quatre fois par an et quand les dossiers locaux sont difficiles, ils nous les envoient par mails et on discute de la façon avec laquelle on peut les gérer. Si c’est possible, les collègues s’en occupent et les choses sont faites localement. Si ce n’est pas possible, ils attendent les deux ou trois mois qu’il faut (la période de mon arrivée) afin qu’on fasse les choses ensemble.

Peut-on s’attendre à ce que le docteur Bénizri passe définitivement la main aux médecins gabonais?

J’espère bien que oui. Il faut savoir que l’histoire de ma venue est essentiellement liée, au départ, au défunt chef de l’Etat Omar Bongo qui avait souhaité que je vienne donner mon expertise à l’hôpital militaire. Après lui, la situation a été maintenue par le fils (Ali Bongo Ondimba). J’espère en tout cas que ce qu’il souhaitait est obtenu pour ce qui est de l’hôpital militaire, parce que c’est ce que je connais mieux. Cela fait dix ans que je le pratique. Sincèrement, je peux dire que les choses se sont considérablement modifiées en matière de ressources humaines. Le personnel est beaucoup plus motivé, présent, opérationnel et expérimenté. Pour ce qui est de l’hôpital militaire, je peux dire que les choses sont à peu près acquises et c’est ce que souhaitait le président Bongo. Là, je viens juste pour parfaire, pour m’assurer que les choses se maintiennent bien. Cette association est maintenue avec le chef de l’Etat actuel et pour moi, c’est toujours avec plaisir que je viens et j’espère que ça durera le plus longtemps possible.

Parlez-nous de la genèse de cette coopération.

Au départ, le but essentiel du président Omar Bongo Ondimba était de faire en sorte que les médecins gabonais puissent bénéficier de l’expérience qu’on avait en France. Il était venu voir le Centre où on avait une grosse activité et à l’image de ce qu’il avait vu, il voulait que cela soit transféré localement. C’est la deuxième fois que je viens au Centre hospitalier universitaire de Libreville, mais il y a plus d’une dizaine d’années que je viens à l’hôpital militaire. La première fois, on y avait été admirablement accueilli, on avait fait plusieurs interventions. Tout cela s’était passé dans d’excellentes conditions avec toujours le matériel local. Il y a des éléments qu’on amène, mais ce sont des éléments négligeables par rapport à ce qui existe déjà.

Revenons sur les patients: ceux d’hier et d’aujourd’hui. Comment les avez-vous retrouvez?

Je pense qu’ils sont très enchantés de la collaboration. Ils sont enchantés de la prise en charge. Je n’en connais pas qui ait été malheureux ou déçu ou désabusé de ce qu’on a pu leur offrir. Je ne connais pas beaucoup de chefs d’Etat qui missionnent, uniquement à des fins sanitaires, des personnalités extérieures pour venir faire en sorte que la population soit traitée du mieux possible parce que ça coûte de l’argent, ça demande du matériel, de l’investissement. Il faut le vouloir pour l’obtenir. C’est une demande qui se maintient depuis dix ans et je veux dire manifestement qu’il y a une volonté locale qui veut que la population gabonaise soit le mieux traitée possible.

 
GR
 

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