En ce jour d’ouverture solennelle du dialogue politique. Pierre Mathieu Obame Etoughe, vice-président de Démocratie nouvelle, revient sur les préparatifs de cette grand-messe et en esquisse les perspectives. Il est l’un des responsables de cette formation politique qui, dès le départ, et contre vents et marées, a opté pour cette voie pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve le Gabon, après les tumultueuses élections présidentielles du 27août 2016 dernier
Pierre Mathieu Obame Etoughe, vice-président de Démocratie nouvelle. © Gabonreview
 
Gabonreview : Monsieur le Vice-président, votre formation politique, Démocratie Nouvelle, dès les premiers jours de la crise postélectorale, demandé à ses militants et sympathisants de réfléchir sur les voies  et moyens d’en sortir en privilégiant la voie du Dialogue politique. Cette prise de position vous a valu beaucoup de qualificatifs dont celui de «traitre». Plus de six mois après, regrettez-vous d’avoir adopté une telle position ?
Pierre Mathieu Obame Etoughe : Effectivement, le 8 octobre 2016, au cours d’une cérémonie de vernissage du siège de notre Parti, au regard de la situation presque chaotique qui prévalait dans le pays, avec courage et responsabilité, le Président René Ndemezo’Obiang avait invité les militants et sympathisants, tous les Patriotes et Démocrates à, je le cite : «  garder la tête froide, à explorer, sans en négliger aucune, toutes les voies permettant à notre pays de sortir de l’impasse, en privilégiant la voie du dialogue et de la réconciliation des Gabonais et Gabonaises ». Cela nous a valu, comme vous le dites, des foudres de la part de ceux-là n’arrivent pas encore à sortir des émotions des évènements du 31 août. Nous les comprenons. Aujourd’hui, vu le nombre de partis et de personnalités qui sont parvenus à cette  même conclusion, nous ne le regrettons pas. Tout au contraire, nous l’assumons pleinement, et si c’était à refaire, nous le referons, toujours avec courage et responsabilité. En politique, il faut toujours avoir le courage d’assumer ses actes.
Cette réflexion a-t-elle été menée, ou alors, et comme l’affirment certains, votre président a pris unilatéralement la décision d’engager DN dans la voie du Dialogue ?
Dans la foulée, plus exactement, le 10 octobre 2016, une note d’orientation a été adressée aux Secrétaires provinciaux et aux Sénateurs nationaux chargés des organismes spécialisés du Parti. Dans cette note, qui faisait une analyse lucide et dépassionnée de la situation de la crise politique que traverse notre pays, le Président René Ndemezo’Obiang invitait toutes les structures de base du parti à mener une réflexion interne sur : l’opportunité ou non de la participation de DN au Dialogue politique ; les conditions de cette participation (questions préjudicielles et médiation) ; le format du dialogue ; les matières à débattre ; les clauses et les conditions de leur mise en application.
Cela veut donc dire que l’engagement de DN au dialogue n’est pas du seul fait de son président. Il s’agit d’une décision démocratique mûrie et prise. Ce d’autant plus qu’après ces larges concertations, une réunion du Bureau National du Parti s’est tenue pour en examiner les conclusions. Et ce n’est que suite à cet examen que ledit Bureau National a donné mandat au Président de prendre part, avec d’autre Patriotes, (c’est ainsi que nous nous appelons à DN)  au Dialogue politique qui était annoncé.
Vous avez fait allusion, tout à l’heure, aux questions préjudicielles. Nous nous souvenons que vous avez assorti votre participation à ce dialogue par un certain nombre de conditions qui étaient pour vous des préalables dont : la libération des Gabonais arrêtés au moment des évènements du mois d’août ; une enquête sur ces évènements, notamment sur les morts et les disparus ; une médiation ou une facilitation internationale ; la garantie que les actes du dialogue s’imposeront à toutes les parties et qu’ils auront force de loi. Qu’en est-il, au moment où débute le Dialogue ?

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C’est vrai, nous avons exigé que soient préalablement libérés tous les détenus d’opinion. Le bilan qui est aujourd’hui fait est que 800 d’entre eux ont été élargis. Nous regrettons que deux autres restent encore en détention et nous nous battons pour qu’ils soient. Nous estimons, pour notre part, que leur libération fait partie des négociations que nous engageons avec la partie adverse, sans que cela ne soit considéré comme un facteur de blocage. Quant aux enquêtes, il a été dit qu’une Commission interministérielle travaille là-dessus, mais nous souhaitons que les membres de l’opposition y soient associés à parité. Et pourquoi pas des juristes internationaux ? La médiation faisait également, comme vous le rappelez, des conditions que nous avons posées. Non seulement elle a été admise, puisqu’il y aurait, un ou un groupe, de facilitateurs, mais aussi nous avons obtenu que le Dialogue soit coprésidé par l’opposition et la Majorité et que toutes les décisions prises le soient par consensus et non par vote, les facilitateurs ou médiateurs n’intervenant qu’en cas de blocage.
Quant aux garanties, il suffit de lire ces phrases tirées du rapport du Comité ad hoc paritaire de préparation du Dialogue : «il convient de souligner que toutes les parties prenantes, (Majorité Opposition) se sont engagées à respecter les  Actes du Dialogue et à tout mettre en œuvre en vue de leur application intégrale», ou encore «Ces actes recevront force obligatoire dès leur introduction dans l’ordonnancement juridique national, par l’adoption de textes législatifs (Constitution, lois organiques et ordinaires et réglementaires, (décrets, arrêtés et décisions, selon les procédures requises). Plus précise encore cette autre phrase : «la Majorité et l’Opposition se sont également engagées à s’accorder, au cours de la phase politique, sur la mise en phase d’un cadre de suivi, à parité et sur un chronogramme de mise en œuvre, dans les meilleurs délais, des Actes du Dialogue».
Au niveau de DN, nous n’affectionnons pas les procès d’intention, et nous n’avons aucune raison, pour le moment, de ne pas croire à la bonne volonté et à la sincérité du camp d’en face par rapport aux engagements pris.
Au sein de l’opposition, certains prônent la «résistance». Cependant que vous, vous optez pour le Dialogue. Quelle est, selon vous, la voie sûre pour parvenir à l’alternance ?
Le processus démocratique en cours dans notre pays depuis 1990 a connu des bas et des hauts. Il s’agit de venir à bout d’un pouvoir vieux d’un demi-siècle et qui, très souvent, s’accommode assez mal des principes élémentaires de la démocratie, puisque dès le départ, c’est le monolithisme qui fut sa marque de fabrique. Ce processus est donc long et le chemin parsemé d’embûches, d’écueils et de bien d’autres obstacles. Ceux qui prônent la résistance veulent emprunter, de manière, aventuriste et périlleuse, un raccourci sans en mesurer les conséquences. C’est leur choix. Nous constatons tout simplement que depuis plus de six mois, ils ne font que du sur place. Quant à ce qui nous concerne à DN, nous pensons qu’il est préalablement nécessaire de se débarrasser de tous ces écueils, embûches et autres obstacles qui jonchent la voie qui mène à l’alternance. Raison pour laquelle, par le Dialogue, puisque nous sommes une opposition démocratique, nous militons pour des réformes institutionnelles et électorales qui garantiront une bonne gouvernance politique et la transparence dans l’organisation des élections. Il y a là une divergence de fond avec ceux qui prônent la résistance qui ne se préoccupent beaucoup plus, rien que du présent, et peu du futur , cependant qu’à chacune de leurs sorties publiques, ces derniers ont toujours parlé de la jeunesse et l’avenir

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Si les réformes dont vous parlez sont actées lors du Dialogue, comment vont-elles être mises en œuvre, et dans quels cadres ?
Dès la phase préparatoire du Dialogue, tout est fait à parité. Il serait alors illogique que la mise en œuvre des Actes soit du ressort d’une seule partie. Déjà, le rapport du Comité ad hoc paritaire de préparation du Dialogue est clair là-dessus. Il sera mis en place un cadre de suivi, à parité. Je sais que la question que vous posez cache celle de la formation d’un gouvernement après le dialogue. On ne doit pas en faire une question taboue. Même si elle n’est pas encore à l’ordre du jour, nous pensons, et je le répète, qu’il serait illogique de laisser une seule partie mettre en œuvre les actes du Dialogue, cependant que tout est fait jusqu’à maintenant à parité. Nous anticipons peut-être, mais cette question mérite une meilleure réflexion de part et d’autre.
Tel que le calendrier se présente, ne va-t-on pas, une fois de plus, vers une prorogation du mandat actuel des députés à l’Assemblée nationale ?
Tout dépendra de la vitesse de la mise en œuvre des Actes du dialogue et du chronogramme qui sera arrêté. Tel que le calendrier se présente effectivement, je crains qu’il ne soit possible d’organiser les élections législatives au mois de juillet prochain. Enfin, on verra bien.
Et pour terminer, M. le vice-président, avez-vous un message particulier à l’endroit de vos concitoyens ?
Je remercie tout d’abord les militants et sympathisants de DN qui ont vite compris la portée du message qui leur avait été envoyé par le Directoire du Parti, celui de tout faire pour que les Gabonais se retrouvent, s’asseyent autour d’une même table. La réconciliation nationale est à ce prix. Je remercie également tous les patriotes et démocrates gabonais qui ont saisi le même message et qui ont accepté le Dialogue qui s’ouvre ce matin. Je croise mes doigts pour que les Gabonais en sortent effectivement réconciliés, et pour que la démocratie et d’Etat de droit  soient de mise dans un pays où règne la paix et la cohésion sociale.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. la plume dit :

    le nourrisson DN veut l’affection et l’attention de la majorité…
    ces opposants des élections on vous connait ! allez vous même au dialogue et laissez ceux qui veulent pas y aller en paix, eux au moins ils vont jusqu’au bout.

  2. Révérend pasteur Israël Nahum dit :

    Quand nous écoutions les propos du Vice-président de Démocratie Nouvelle, monsieur Pierre Mathieu Obame Etoughe, ce que son Président René Ndemezo’Obiang n’est jamais sorti du PDG mais ce que c’est le PDG qui l’a mis dehors. Monsieur Pierre Mathieu Obame Etoughe fait le chien affamé auprès des politiques du camp de la majorité c’est vraiment une opposition qui nous faire rire au Gabon. Monsieur Ndemezo’Obiang dit vouloir invité ses militants et sympathisants, tous les Patriotes et Démocrates à, je le cite : « garder la tête froide, à explorer, sans en négliger aucune, toutes les voies permettant à notre pays de sortir de l’impasse, en privilégiant la voie du dialogue et de la réconciliation des Gabonais et Gabonaises. » Mais il nous fait rire sérieusement, qui dans l’histoire du pouvoir qu’un tyran à donner des armes à sa population d’en venir about à la longévité de son pouvoir ? Donc ça va naître avec le dialogue de Ya Ali Bongo ? : Je l’espère. Mais je vous pose une question tout à fait rigolote et simple : selon l’histoire du corbeau et du renard, qui est le corbeau, qui est le fromage et qui est le renard au Gabon ? Nous savons pertinemment bien que tous les beaux discours de ce brave renard n’étaient que pour nuire au corbeau ignorant. Vous dites aux gabonaises et aux gabonais : « Et bonjour, Monsieur du Corbeau. Que vous êtes joli ! Que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte à votre plumage, Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. » Et là vos militantes et militants qui vous suivent aveuglement et à tue-tête au Gabon, tous ces gabonaises et gabonais qui ne connaissent pas leurs droits, sont charmés : « À ces mots, le Corbeau ne se sent pas de joie ; Et pour montrer sa belle voix, Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.» Mais malheureusement, c’est à la perte de leurs richesses, de leur liberté d’expression, de leur libre arbitre à la vente de leur pays, etc.
    Mais le renard malin et rusé quand il prit les choses en main : « Le Renard s’en saisit, et dit : Mon bon Monsieur, Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute.» Alors, je lance un message aux gabonais qui ont pris l’initiative de découdre avec le pouvoir français entre les de Ya Ali Bongo « de n’est plus compte sur ces beaux discours des faux opposants gabonais, car pour combattre contre le renard, il faut être comme le renard et non comme le corbeau qui a perdu son fromage.
    L’histoire continue cette voici, ‘’les conclusions’’ : « Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. Le Corbeau honteux et confus Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus. » C’est le conseil que je lance aux jeunes gabonaises et gabonais de n’est plus tombés sous le charmes des renards, les bêtes de la politique au Gabon. Je vais vous leur secret : « ceux que les autres ont fait et se sont enrichis, nous aussi nous allons le faire même à faire saigner le pays. » Cependant nous aimons notre cher pays. VIVE LA DÉMOCRATIE
    Révérend pasteur Israël Nahum

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