Intervenant le 1er juillet, lors de la conférence-débat organisée par l’association Imagine-Gabon, Jean-Jacques Ekomie, professeur agrégé, enseignant à la faculté des Sciences économiques de l’Université Omar-Bongo (UOB), estime que la dévaluation du francs CFA pourrait être envisagée en cas d’échec du Plan de relance de l’économie.

Jean-Jacques Ekomie, professeur agrégé, enseignant à la faculté des Sciences économiques de l’Université Omar-Bongo (UOB), le 1er juillet 2017 à Libreville. © Gabonreview

 

Dans le cadre de la célébration de son premier anniversaire, l’association Imagine-Gabon a organisé le 1er juillet une conférence-débat sur la recherche des solutions pour sortir le Gabon de la crise économique et financière actuelle.

Présent parmi les intervenants, le Professeur Jean-Jacques Ekomie a d’emblée souligné que la situation économique du Gabon, comme celle de l’ensemble des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), est «une situation de crise avérée qui a pour origine une crise de balance de paiements, consécutive au retournement des cours mondiaux du pétrole».

Réagissant à propos d’une éventuelle dévaluation du franc CFA, l’économiste déclare qu’il «faut être honnête sur cette question». «A la suite de la crise des balances de paiement que les pays ont connue, explique-t-il, les chefs d’Etat de la Cemac se sont réunis en décembre dernier à Yaoundé, au Cameroun, au terme de cette réunion, il y a eu un accord tripartite entre les Etats, le principal partenaire monétaire, la France, ainsi que le Fonds monétaire international (FMI)».

Le choix fait, précise-t-il, a été celui d’un ajustement budgétaire. «Le diagnostic que je partage réellement est que la crise de la balance de paiement est liée à des politiques budgétaires mauvaises qui ont un contenu en importation très élevé, qui grève les réserves de change». Pour lui, d’autres pays devront suivre le cas du Gabon, en mettant en place des Plans de relance dans le cadre de cet accord. Et, «il va de soi que si la mise en œuvre du Plan de relance n’est pas réussi et que la situation continue à se dégrader, probablement, d’autres mesures d’ajustement pourront être envisagés, y compris l’ajustement monétaire. C’est-à-dire la dévaluation».

«C’est la raison pour laquelle, nous avons tenté d’attirer l’attention des autorités sur l’importance du Plan de relance et surtout sur sa mise en œuvre et sur sa réussite. Nous avons là un enjeu important, nous sommes à la croisée des chemins, il faut que ce plan réussisse», a-t-il souhaité.

Toutefois, la voie de la réussite passe par la maitrise des dépenses publiques, prévient l’universitaire qui estime que «les chances d’application du Plan de relance économique semblent effectivement très minces». Mais pour y parvenir, cela passe par la limitation d’un certain nombre de dépenses vues comme peu productives ou peu efficaces, mais également par la suppression d’un certain nombre d’exonérations.

Il propose au gouvernement de relever les défis liés à la maitrise des dépenses publiques, à l’élargissement de l’assiette fiscale, à la diminution d’un certain nombre d’exonérations fiscales, au développement d’un certain nombre de secteurs de l’économie par l’attractivité, que ce soit le cadre juridique des affaires, les infrastructures, l’accès à l’énergie, etc. «Il faut mettre en place ces réformes pour que le secteur privé puisse se développer», a-t-il préconisé.

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Bamba Souleymane dit :

    Souvent je n’arrive pas à comprendre. Pourquoi essayer de ressoudre le problème économique d’un pays en voie de développement avec les outils des pays développés. Pourquoi recourir toujours à la théorie de Keynes. Toute fois n’est elle pas possible pour l Afrique d essayer la théorie de Hayek. En Afrique,l intervention de l État ne fait que empiré le problème.le marché doit reculer tout seul. Avec l intervention de nos dirigeants Africains, nous continuerons à marcher sur la route de la servitude.les pauvres contribuables qui se forcent à payer les taxes. Ses derniers prennent cet argent pour importer les armes contre ces contribuables et épuisés nos réserves. De plus ils ne font que demander des prêts à des taux très élevé pour entraîner ces peuples à l’esclavage. Je m arrête là aujourd’hui.

  2. QUELLE POLITIQUE ECONOMIQUE EN 2018 AU PROFIT DES ENTREPRISES GABONAISES

    L’activité économique nécessite que les entreprises se procurent des ressources pour maintenir la croissance.

    Au Gabon, depuis la constatation de la crise des cours du baril de pétrole de 2015, celles-ci pourraient être obtenues, soit par l’endettement bancaire, soit par l’existence d’une épargne suffisante et ou, un partenariat d’affaires public-privé pour un développement commercial et industriel durable.

    En s’interrogeant aujourd’hui sur le mode optimal de refinancement de l’économie de nos entreprises, il faut prendre pour base d’analyse économique « le Plan de Relance de l’Economie » présenté par le gouvernement via le Haut Conseil pour l’Investissement.

    L’analyse du refinancement de la croissance des entreprises exige que l’on fasse des choix efficaces de modèles économiques applicables. Comment allons-nous retrouver l’équilibre de PARETO dans notre système productif afin de se démarquer des 1% et 3% du taux de croissance économique observés depuis un certain temps et causé par la baisse drastique du niveau d’activité.

    Le choix de relancer l’activité des entreprises par le crédit bancaire dans un contexte de récession paraitrait moins évident à cause de la situation historique des créances en souffrance connues par les institutions bancaires et, les contraintes très difficiles exigées à la fois par la BEAC et la COBAC.

    À ce niveau d’analyse, les ressources empruntées auprès des banques par les entreprises devraient contribuer à favoriser la croissance (au moins, 5,5% par an) et ceux tirés de l’activité économique serviront pour partie, au remboursement de la dette. Or, ce mécanisme fonctionne parfaitement tant que la croissance est soutenue durablement (6,5% ; 7%..).

    En revanche, le ralentissement de l’activité économique observé depuis 2015 pourrait provoquer un cercle vicieux.
    Le deuxième choix pour financer notre économie est l’épargne et les marchés financiers qui n’induisent pas ces dysfonctionnements.

    L’épargne si elle existe en effet, pourrait financer les investissements sans risque inflationniste.
    Toutefois, une épargne suffisante ne garantit pas pour autant que les entreprises puissent investir et relancer la croissance.

    L’environnement économique, social et politique constitue l’incitatif majeur. C’est pour cela que les conclusions arrêtées dans le plan de relance économique et financier de l’Etat engageront toute la politique économique à l’horizon 2030.

    De ce fait, si les perspectives de croissance sont mauvaises à l’horizon 2025(le respect des accords avec le FMI et ceux des PPP), les ressources des entreprises seront dirigées vers les placements à cours et à moyen terme et les marchés financiers plutôt que vers l’investissement productif et la relance de la croissance.

    Le troisième choix de financement de l’économie de nos entreprises réside dans la volonté des responsables politiques de gérer efficacement les PPP. Le partenariat économique et financier entre l’Etat et les entreprises, la coopération technique et décentralisée entre les entreprises et les collectivités territoriales, les incitations fiscales et la création de fonds de soutien aux PME sont autant d’outils pour créer les emplois, non seulement pour financer l’investissement productif, mais aussi pour relancer la croissance économique.

    Le Gabon reste un pays à fort potentiel économique, mais il est difficile de dire quel serait le modèle de politique économique qu’il faut retenir pour accompagner le développement de nos entreprises dans cette crise caractérisée par les tensions budgétaires, la baisse générale des investissements et le chômage massif.

    La certitude est que le développement de l’un des trois modèles de relance de la croissance au Gabon pourrait engendrer des dysfonctionnements qu’il faudra maitriser.

    « Source : travaux de Gustave OSSELE NKOGHE / LBV le 05/07/2017 »

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