La question a été au centre des discussions initiées, lundi 12 juin, par l’ambassade des Etats-Unis au Gabon, auxquelles ont pris part des danseurs gabonais et ceux de la compagnie new-yorkaise Battery Dance.

Moment de la conférence sur «la danse, vecteur de développement économique», le 12 juin 2017 à Libreville. © Gabonreview

 

«Comment faire de la danse un vecteur de développement économique au Gabon ?», «comment permettre au danseur gabonais de vivre de son art ?», «comment faire de la danse une industrie capable de lutter contre le chômage et d’autres faits de société concourant à ternir l’image du pays à l’extérieur ?» Ces questions, amateurs et rares professionnels du secteur se les posent depuis plusieurs années sans véritablement trouver de réponse. Alors que la détermination de certains tend à s’effriter, l’ambassade des Etats-Unis au Gabon, en dépit de la crise économique ressentie à travers le monde, y compris sur le continent africain et au Gabon particulièrement, assure que tout reste possible. A la faveur d’une conférence organisée, lundi 12 juin, dans le cadre du workshop «dancing to connect» animé par la compagnie new-yorkaise Battery Dance, elle a convié les principaux acteurs du domaine à réfléchir à nouveau sur le moyen de faire de l’art de la danse, un projet viable tant pour le pratiquant que pour son pays.

Les conférenciers, des journalistes et des acteurs du secteur artistique gabonais présents à la conférence. © Gabonreview

Ces réflexions ont notamment permis aux danseurs et promoteurs de spectacles gabonais, de bénéficier de l’expérience et des astuces de Emad Salem et Clement Mensah, membres de Battery Dance. Si le second, danseur, enseignant et chorégraphe né et grandi au Ghana, a été présenté comme un modèle de réussite dans le domaine, le premier est la tête pensante de la compagnie. Emad Salem est chargé de superviser les finances et les tournées de Battery Dance. Ancien consultant d’ONG et de gouvernements, le diplômé en développement économique et politique à l’Ecole des Affaires internationales et publiques de l’Université de Columbia, a dit avoir détecté un potentiel artistique important au Gabon. «L’art, et la danse en particulier peut y être un puissant outil de développement économique», a-t-il assuré, indiquant néanmoins que «la croissance économique, dans le domaine de l’art, dépend de la consommation. Plus on est optimiste, plus on dépense pour des produits artistiques. Ce qui contribue à faire vivre le secteur et ses principaux acteurs».

Sauf qu’au Ghana comme au Gabon «personne ne veut payer pour l’art, et encore moins pour la danse qu’une grande partie des consommateurs se représente comme quelque chose d’immatérielle, donc de peu d’importance dans leur vie quotidienne. Pourtant, un spectacle de danse a le mérite de donner de la joie, de l’inspiration et une énergie positive au spectateur qui, par la suite, sera davantage productif à son lieu de travail», a fait remarquer Clement Mensah.

Si ces dernières années le secteur de la danse a connu une certaine évolution, avec la création de plusieurs dizaines de chorégraphies, dont certaines ont été présentées hors du pays, seuls quelques rares danseurs sont passés professionnels et vivent de leur art. Pour le promoteur de spectacles Jean Rémy Ogoula Latif, responsable de la structure CAE Culture, beaucoup reste à faire, en dépit du fait que depuis six ans environ, 300 danseurs ont été formés conformément aux exigences internationales en matière de danse classique, contemporaine, hip hop. Pourtant, jusqu’alors, «ni les danseurs ni les promoteurs de spectacles ne bénéficient du soutien financier du gouvernement», a regretté Jean Rémy Ogoula Latif. Malgré les «15 à 20 millions de francs dépensés chaque année pour l’organisation du Plateau jeune création», ce dernier n’arrive que rarement à contenter financièrement les danseurs et ses collaborateurs. Pour les deux membres de Battery Dance, «le mieux est d’initier des projets innovants permettant de moins attendre de l’aide de l’Etat». Au Gabon, selon Jean Pierre Moudjalou Mounguengui, président de Arterial Network Gabon, «le secteur culturel informel représente environ 2 milliards de francs CFA chaque année».

La compagnie new-yorkaise Battery Dance anime à Libreville, depuis le 8 juin, des ateliers de danse moderne gratuits en rapport avec son projet éducatif «Dacing to connect», dont le spectacle de restitution aura lieu le mercredi 14 juin prochain à l’Institut français du Gabon (IFG).

 
GR
 

1 Commentaire

  1. Debaba dit :

    Ne rendez pas le secteur musical insipide y amenant dejà l’esprit mamonique.On est inspired par l’esprit saint et non l’argent.

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