Après la descente dans les rues des élèves des lycées et collèges de certaines villes du pays, le ministre de l’Intérieur, Lambert-Noël Matha s’est exprimé via un communiqué, le 21 février 2017, attribuant l’organisation de «ces mouvements simultanés qui semblaient spontanés» à certains «membres des mouvements syndicaux et des partis politiques de l’opposition». Il ne s’agissait ni plus ni moins que de «trouble à l’ordre public».

Matha et le ministre délégué, Lucienne Ogouwalanga Awore (Archive). © Gabonreview

 

Dans un communiqué intitulé «Mise au point du ministère de l’Intérieur suite aux mouvements du 20 février 2017 des élèves de certains lycées et collèges de Libreville, Lambaréné et Port-Gentil», le chef de ce département ministériel a essayé de faire le point et des précisions sur cet événement, le deuxième du genre en moins de cinq ans au Gabon. Lambert-Noël Matha a dénié d’emblée le fait que ces mouvements soient le fait des enfants eux-mêmes. Pour lui, la simultanéité et la spontanéité de ces manifestations sont remises en cause dans la mesure où il relève que «ces mouvements sont en fait le fruit d’une minutieuse préparation aux moyens des tracts distillés par certains membres des mouvements syndicaux et des partis politiques de l’opposition à travers les réseaux sociaux qui ont instrumentalisé et coordonné ces manifestations».

Ce qui est vrai, c’est que le lundi 20 février 2017, les élèves des lycées et collèges de Libreville, Lambaréné, Oyem et Port-Gentil ont organisé des marches à travers les artères des différentes des capitales provinciales pour réclamer le paiement des allocations d’études et la reprise effective des enseignements suspendus du fait du mouvement de grève initié par les enseignants des syndicats du secteur éducation. Pour empêcher cette manifestation, les forces de l’ordre avaient été sorties en grand nombre et ils ont usé de gaz lacrymogène et de matraques pour renvoyer les enfants soit chez eux, soit dans leurs établissements. Une situation qui a particulièrement choqué les Gabonais, mais aussi les observateurs de par le monde.

Justifiant cet usage «disproportionné» de la force, le ministre de l’Intérieur note qu’il s’agissait de «troubles à l’ordre public». Il explique qu’«informées de ces troubles à l’ordre public, les Forces de défense et de Sécurité faisant montre de professionnalisme, ont dispersé les manifestants sans aucun incident majeur ; 38 élèves dont 30 garçons et 8 filles ont été interpellés puis relaxés». La note du ministère de l’Intérieur précise qu’à Libreville, ce sont principalement les élèves des lycées technique national Omar-Bongo, Obiang Etoughe de Sibang et Georges Mabignath qui ont investi la voie publique en «tentant d’exercer les violences sur d’autres citoyens et de gêner la circulation des personnes et des biens».

S’agissant de la ville de Lambaréné, explique-t-il, «le mouvement a eu pour point de départ le lycée Charles Mefane dont les élèves ont rallié à leur cause ceux des autres établissements secondaires de la place. La manifestation a été vite contenue par les Forces de l’ordre, là aussi, sans incident ni interpellation».

A Port-Gentil, il relève que ce sont environ 400 élèves de plusieurs lycées et collèges qui se sont donnés rendez-vous au lycée Technique Jean Fidèle Otando pour une assemblée générale qui a décidé de l’organisation d’une marche spontanée, avec pour point de chute le Gouvernorat de province. Là encore, précise le communiqué, les Forces défense et de sécurité ont contenu la marche des élèves qualifiés de «surchauffés qui ne cessaient de lancer des projectiles aux policiers». Pour justifier l’usage de la force, le texte du ministère souligne qu’au cours de cette déferlante, «les Forces de l’ordre ont fait des sommations d’usage». Une technique qui n’aurait visiblement pas eu raison de «la détermination des élèves qui voulaient manifestement en découdre avec les Forces de sécurité et poursuivre leur marche», appuie le communiqué, affirmant que c’est en vue d’éviter l’escalade que  les Forces de l’ordre ont entrepris de disperser ce regroupement qui obstruait la voie publique par le jet exclusif de grenades lacrymogènes. Pour Lambert-Noël Matha, dans leur fuite, une élève, victime d’une chute s’est légèrement blessée au front. «Quatre élèves ont été interpelés et auditionnés par la police», souligne ce texte non sans rajouter que tout cela n’a pas découragé certains de ces élèves (près de 300). Ces derniers, selon toujours le communiqué du ministre de l’Intérieur, ont tenté de marcher en direction de la maison d’arrêt de Port-Gentil, aux fins de libérer les détenus.

Au final, ce communiqué fait ressortir est que le mouvement des élèves n’est qu’une machination des politiques et des syndicalistes. Le ministère se défend de même en indiquant que qu’il n’y a eu aucun blessé grave, ni perte en vie humaine cours de ces manifestations, « contrairement aux informations rependues çà et là et dans les réseaux sociaux» et tout cela n’a qu’été «trouble à l’ordre public». Comme quoi il n’y aurait pas de problème dans le secteur éducatif gabonais.

 
GR
 

14 Commentaires

  1. Le juste dit :

    Les enfants par terre dans les salles de classe c’est aussi une machination. Les effectifs pléthorique c’est aussi une machination. Vous avez trouvé votre parfait alibi.

  2. COMPRENDRE dit :

    Seigneur envoie ton feu sur le Gabon pour consumer tous ces dirigeants qui ne veulent pas prendre leur responsabilité mais qui jettent toujours la pierre sur les autres.

  3. MOT dit :

    Je suis à la recherche d’une université qui forme en MENSONGE. Aidez moi SVP.

  4. Samuel dit :

    DÉNI DE RÉALITÉ. CHERCHEZ D’ABORD LES CAUSES PROFONDES, MR LE MINISTRE ET VOUS TROUVEREZ CERTAINEMENT LES SOLUTIONS APPROPRIÉES.
    EN QUALIFIANT LES MARCHÉS DES ÉLÈVES DE TROUBLES À L’ORDRE PUBLIC, VOUS VOULEZ TOUT SIMPLEMENT JUSTIFIER LA RÉPRESSION POLICIÈRE TRÈS VIOLENTE QUE VOUS AVEZ ORDONNÉ. L’ARGENT DES BONGO VOUS FAIT PERDRE LA RAISON. ATTENTION AU TRIBUNAL DE DIEU ET DE L’HISTOIRE. CETTE HISTOIRE RÉCENTE NE NOUS ENSEIGNE T-ELLE DONC PAS?

  5. BLACK PANTHER de la foret des Abeilles dit :

    Bonjour à tous!! excusez moi, je n’ai pas fait d’étude en sureté national, en sécurité national et intégrité térritorial, ni en renseignement généraux et ingérence et contre ingérence, je n’ai pas suivi de formation en espionnage à la james bond…etc…eh eh eh mais dans cet édito, j’ai retenu une expression (…certains de ces élèves près de 300; Ces derniers, selon toujours le communiqué du ministre de l’Intérieur, ont tenté de marcher en direction de la maison d’arrêt de Port-Gentil, aux fins de libérer les détenus.) Messieurs les autorités de la sureté supra national j’aimerais comprendre, ces élèves de Pog instrumentalisés,manipulés,drogués…Djihadisés comptaient libérer les detenus avec des armes de destructions massive: Equerres, crayons aux pointes acérés,gomme à effacer les barreaux des cellules, rames de papiers assomantes,compas et stylos à bille explosifs????…parceque si la menace est avéré alors l’intervention musclé de vos chiens méchants se justifie alors eh eh eh !! aaaaah vraiment il semble que la betise irréprochable est devenue une épidémie qui a pris le pas sur la vertue et la sagesse dans ce beau pays…que Dieu m’en préserve Amen!!!

  6. Félix Ayenet dit :

    C’est très dommage de se refuser de voir la vérité en face. Mais celle ci n’a pas de tombe a t on coutume de dire. Elle finira par s’imposer à ces gens qui refusent de la regarder. Les élèves ont tord de manifester. Ce sont des inconscients.Ils ont tout ce qu’il faut. Ils apprennent dans des conditions normales quand l’école débute en novembre pour s’arrêter quelques jours après.La honte est morte depuis longtemps chez certains de nos politiques. Pitié hein…

  7. diogene dit :

    Le pouvoir qui instrumentalise la jeunesse depuis un demi siècle , joue les candides effarouchés lorsque cette jeunesse tire sur ses chaines.
    Les faits sont têtus : l’éducation est en crise depuis trop longtemps sans que ne se profile la moindre ébauche de solution.
    La jeunesse est négligée, pas de cinémas, pas de terrains de sport, pas de bibliothèques, pas de centres culturels, pas de salle de spectacle, etc…
    Il ne leur reste que les bistrots- où on les abrutit : bières et musiques indigentes…

    De plus, ils sont maintenus en dehors de la vie sociale et politique sauf pour aller faire la claque aux meeting du PDG (parti des dégénérés grotesques). La gérontocratie dominante les relègue au stade de bébés.
    Pour qui ouvre les yeux, il est évident que les mouvements d’opposition au régime illégitime vont se multiplier, s’accroitre et j’ai bien peur, devenir violents et incontrôlables.
    A force de dénis, de fin de non recevoir, de mensonges évidents le pouvoir exacerbe à dessein les foules afin de faire intervenir l’armée comme justification de leur place à la tête de l’État sans droit.
    L’armée est aujourd’hui, la seule force capable de renverser ou maintenir ce régime, ce n’est pas pour rien que le ministre de la défense est un proche du président, en fait un esclave du président.

  8. Le Tsombi dit :

    Donc dans ce bled, tout ce sont les syndicalistes et les politiques? les élèves ne réfléchissent pas alors. comment on peut denier aux élèves le bon sens? ils vont à l’école pour penser par eux mêmes et s’ils décident de manifester c’est par eux mêmes et non le fait d’autrui. donc que l’on arrête de pointer du doigt des gens qui ont autre chose en tête que d’instrumentaliser des jeunes élèves

  9. La souveraineté du peuple Gabonais dit :

    Heureusement qu on a tous regardé les videos sur les reseaux sociaux notamment celles de POG on voit bien des élèves marché sur le trottoir nobstruant en rien la circulation.
    Ces derniers ce sont fait bombardé de lacrymogènes.
    A Aucun moment on ne voit ces enfants lancer des projectiles aux « forces du desordre ».
    Ce ministre est à l image de ce gouvernement: un menteur invétéré et un voyou en costard.
    Il sera difficile de ne pas faire une chasse aux sorcieres dans ce pays une fois que ce regime sera mis hors d etat de nuire.
    Des têtes devront nécessairement tomber.

  10. caprice dit :

    Mes chers compatriotes, nous sommes tous consternés par de tels agissements, mais il faut que les gabonais comprennent que tout ceci est fait à dessein. le but est justement d’affamée le peuple afin de le rendre accessible. Mais l’histoire a prouvé que l’armée ou la minorité n’ont jamais vaincu le peuple. Si non comment justifier ce mutisme, cet acharnement à ne pas vouloir entendre raison, comment justifier cet insensibilité!
    Florentin moussavou qui lui dans un passé pas très lointain était encore enseignant aujourd’huit il a oublié les réalités!

  11. moka dit :

    Monsieur Matha,sachez ces enfants même en état de déviance sont des citoyens de cette République gabonaise. Et que selon l’article 1er de lla constitution gabonaise,les citoyens ne doivent pas être violenté, nni martelé par des forces de l’ordre même en état de déviance. Aujourd’hui se sont les enfants des #AUTRES GABONAIS!!! Mais attention Monsieur, ces enfants sont la future structure pensante de cette République, rovoyer alors en la matière les modes d’intervention quand trouble à l’ordre public il y a…

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