A l’issue de son séjour au Gabon, du 26 juillet au 2 août, la mission du Fonds monétaire international (FMI) a relevé les premiers signes d’une reprise économique avec, cependant, des perspectives à court terme délicates. En témoigne la croissance du pays, qui devrait se situer à 1% en 2017.

Alex Segura-Ubiergo pendant la conférence de presse de la mission du FMI, le 2 août 2017 à Libreville. © Gabonreview

 

L’évolution de la situation économique du Gabon a été au centre de la dernière mission du Fonds monétaire international (FMI), du 26 juillet au 2 août à Libreville. A l’issue de cette mission dirigée par Alex Segura-Ubiergo, un état des lieux de la situation a été présenté le 2 août à Libreville.

S’agissant des perceptives à court terme, celles-ci demeurent délicates. En 2017, la croissance devrait ainsi se situer aux alentours de 1%. «A partir de 2014, la chute des cours internationaux du pétrole est allée de pair avec un ralentissement de l’activité économique, un net repli des exportations de pétrole et des recettes budgétaires et une détérioration de la balance des paiements», a déclaré le chef de la mission du FMI.

Le ministre de l’Economie (au centre), Régis Immongault, et les responsables du FMI pendant la conférence de presse. © Gabonreview

En dépit de ces perspectives difficiles, le FMI a relevé certains signes laissant indiquer que l’économie a commencé à se stabiliser au premier semestre 2017. «Le secteur pétrolier a bénéficié du redressement des prix énergétiques par rapport aux faibles niveaux enregistrés début 2016», a affirmé Alex Segura-Ubiergo. Dans le même sens, d’autres secteurs liés aux ressources naturelles ont manifesté plus de résilience que prévu. Il s’agit des filières manganèse et bois et les activités agro-industrielles.

Par ailleurs, a ajouté Alex Segura-Ubiergo : «Il ressort des données préliminaires que la croissance des industries extractives du Gabon a dopé les exportations de 38% (en glissement annuel) à fin juin, tandis que les importations ont reculé de 21%». Si cette amélioration de la balance commerciale a contribué a atténué le repli des réserves internationales imputées au Gabon à la Banque des états de l’Afrique centrale (BEAC), d’autres secteurs sont en récession. «Le secteur du commerce et les services sont en récession et les dépôts bancaires et le crédit à l’économie ont diminué», a affirmé Alex Segura-Ubiergo.

Dans ce contexte, le FMI a encouragé les autorités gabonaises à accroitre la mobilisation des recettes non pétrolières. Tout particulièrement sur le plan douanier, où les résultats ont été décevants. Ainsi, «une plus grande mobilisation des recettes devrait aider à protéger les programmes essentiels de santé, d’éducation et de protection sociale en faveur des couches de populations démunie», a souligné Alex Segura-Ubiergo.

La mission du FMI a par ailleurs salué les progrès récemment enregistrés sur le front des réformes structurelles. Y compris l’adoption de nouvelles procédures de dépenses et le renforcement des contrôles pour éviter le recours aux dépenses extra budgétaires. Toutefois, a préconisé le FMI : «Des réformes additionnelles pour accroitre l’efficience et la transparence des dépenses publiques seront également essentielles». Ce qui implique notamment le respect scrupuleux des règles budgétaires ; l’amélioration des marchés publics afin de réduire les contrats de gré à gré ; le recours accru aux études de faisabilité pour hiérarchiser les projets d’investissement public, et assurer une diffusion plus large de l’information économique.

«La mise en œuvre énergique des plans d’apurement des arriérés de l’Etat sera également vitale pour accroitre la résilience du secteur financier. Dans le même temps, les réformes destinées à améliorer des affaires en appui à la stratégie de diversification devraient également être menées avec vigueur. Car, elles offrent la possibilité de hisser la croissance vers les 5% à moyen terme», a conclu Alex Segura-Ubiergo.

Le séjour de la mission du FMI au Gabon est intervenu quelques jours après le prêt de 642 millions de dollars accordé au pays, au titre de Mécanisme élargi de crédit (MEDC). L’enveloppe apurera ainsi le programme de relance à moyen terme du Gabon, visant à rétablir la stabilité macro-économique et à jeter les bases d’une croissance inclusive. Un premier décaissement de 98,8 millions de dollars a déjà été effectué. Les décaissements restants s’étaleront sur la durée du programme et seront subordonnés à des revues semestrielles.

 

 
GR
 

8 Commentaires

  1. Le vin de palm dit :

    «une plus grande mobilisation des recettes devrait aider à protéger les programmes essentiels de santé, d’éducation et de protection sociale en faveur des couches de populations démunie», a souligné Alex Segura-Ubiergo…..

    Dites moi les amis, comment mobiliser de grandes recettes douanieres sans augmenter les taxes douanieres a l’importation et a l’exportation (transitaires) ?
    C’est impossible.. Si d’un cote on augmente les taxes douanieres, la consequence directe est l’augmentation des prix…
    Comment alors conjuguer les effets d’une augmentation des prix et les baisses des salaires et retard de payements ?
    Je ne comprends pas ces genies du fmi…

  2. Sameline dit :

    L’art de dire une chose et son contraire.

    • FOE dit :

      Pour moi le problème n’est pas d’augmenter les taxes douanières car ce serait pas en conformité avec les règles de l’OMC dontoum le Gabon est membre. Ça nous conduirait directement à l’organe de règlement des différents. Ce qui nous tue c’est la parafiscalite et les procédures compliquées d’une chose. D’une deuxième nous le savons tous une grande partie peut être même plus de la moitié des recettes douanières echappe au contrôle de l’état.

  3. koussou dit :

    Le FMI vient depuis de nombreuses années et tiens le même discours : il y a des points positifs mais des efforts restent à faire. Pendant ce temps la situation continue de se détériorer. Je vous invite à revoir les communiqués des différentes missions du FMI au Gabon de ces 4 dernières années, les conclusions sont mes mêmes, en demi-teinte ou en langage diplomatique. Il n’y a rien de pire qu’un banquier qui fait dans la langue de bois.

    Pendant ce temps les gabonais constatent chaque jour que les choses ne font qu’empirer. Comment dire que les choses vont s’améliorer avec l’amélioration des recettes fiscales et douanières lorsque nous savons que ces administrations font grève avec des perspectives négatives sur leur rendement.

    Messieurs les gens du FMI allez faire votre politique ailleurs.

  4. Omva dit :

    La dette et la soumission des Etats aux banques qu’elle entraîne n’ont rien d’une fatalité. Plusieurs peuples latino-américains s’en sont affranchis avec succès. C’est notamment le cas de l’Argentine, du Venezuela et de l’Equateur.

    Le gouvernement Correa en Equateur a fait passer la dette de 24 % à 11 % du PIB sans faire payer le peuple.

    *********
    http://www.jean-luc-melenchon.fr/arguments/comment-lequateur-sest-libere-de-la-dette/

  5. le pecheur dit :

    « le prêt de 642 milliards de dollars accordé au pays »
    Bonjour, ce montant est surement errone. merci de rectifier.

  6. Enseignant dit :

    Amélioration des recettes douanières, rien de plus simple,  »en arrêtant les exonérations douanières seulement sur leurs entreprises et celle de leurs amies, plusieurs milliards supplémentaires rentrerons dans les caisses en , mais bon, il est claire que ce n’est pas l’objectif de nos  »gens du bord de mer »

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