Le 18 février dernier, l’un des cinéastes les plus connus et grand défenseur et promoteur du cinéma d’Afrique francophone, le Burkinabé Idrissa Ouedraogo est décédé.

Idrissa Ouedraogo, le réalisateur burkinabè décédé, le 18 février 2018. © D.R.

 

Agé de 64 ans, le réalisateur des célèbres films Yaaba (1989) et Tilaï (1990) est mort le 18 février 2018 à Ouagadougou, son pays natal.

Après des études d’anglais à l’université de son pays, Idrissa Ouedraogo s’inscrit à l’Institut africain d’études cinématographiques (Inafec) de Ouagadougou en 1977. En 1981, il est major de sa promotion. Son premier court-métrage, Poko, film de fin d’étude, sera produit par sa toute nouvelle société de production, «Les Films de l’Avenir». Avec ce jet, il se fait déjà remarquer et obtient le prix du meilleur court-métrage au Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco).

Idrissa Ouedraogo part ensuite se perfectionner à l’Institut soviétique du cinéma, le VGIK (Institut fédéral d’État du cinéma), par où sont passés de nombreux grands et meilleurs réalisateurs du continent et du monde arabe. Sa formation se poursuit également en France à l’Institut des hautes études cinématographiques (Idhec-Femis) et à la Sorbonne, Paris I, où il obtient un DEA de cinéma en 1985.

A partir de là, gorgé des savoirs et savoir-faire, le père de Samba Traoré (1992) embrasse corps et âme le cinéma. A ce titre, son premier long métrage, Yam Daabo (1986), lui vaut de nombreuses récompenses internationales. De fil en aiguille, le natif de Banfora tisse sa toile. En 1988, il sort Yaaba : le film obtient le Prix de la Critique au Festival de Cannes en 1989, ainsi que le Prix du public au Fespaco.

«Yaaba établit une certitude: l’Afrique noire compte un nouveau réalisateur de première grandeur», annoncent les analystes, l’inscrivant déjà dans la lignée de Ousmane Sembène, Souleymane Cissé… Désormais, Ouédraogo est apprécié par les cinéphiles d’Afrique et du monde, mais aussi par les analystes et les critiques comme une figure de proue de l’émergence de la qualité et de la diversité du 7e art africain.

En 1990, il réalise Tilaï, transposition d’une tragédie grecque dans l’Afrique contemporaine. Film avec lequel il gagne le Grand Prix du jury à Cannes en 1990, le Prix du meilleur long métrage au premier Festival du cinéma africain de Milan, en 1991, ainsi que L’Étalon de Yennenga (Grand prix du Fespaco) la même année. À la même période, il crée sa société de production, «Les Films de la Plaine» qui remplace les «Films de l’Avenir» et renforce sa notoriété, avec la sortie d’un autre film, Samba Traoré (1990).

En 1991, Idrissa Ouedraogo a met en scène, «La Tragédie du roi Christophe», tiré de l’ouvrage d’Aimé Césaire. Son film Le Cri du cœur, tourné en 1994, obtient l’année suivante le Prix du public lors du 5e Festival du cinéma africain de Milan et lors de la 8e édition, en 1998, il obtient le Prix du meilleur long métrage pour Kini et Adams (1997). En 2001, il produit et réalise la série, à succès, Kadi Jolie, diffusé sur plusieurs chaînes de télévision dans le monde.

Enseignement au sein de l’Institut supérieur de l’image et du son de Ouagadougou, Idrissa Ouédraogo est un réalisateur dont la renommée dépassait les limites du Burkina Faso. L’onde de choc de son décès, le dimanche 18 février 2018, a touché le monde du cinéma. Des hommages lui ont été rendus à travers les cinq continents, saluant la mémoire d’un «monument du cinéma africain».

 
GR
 

2 Commentaires

  1. Mporanault dit :

    Vous auriez pu trouver un titre plus noble et digne de son talent!
    Mais bref…

  2. Ari dit :

    Oui c’est un grand monument du cinema africain qui est parti. Paix a ton ame cher Idrissa.

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