À peine deux ans d’application effective de la Budgétisation par objectif de programme (BOP) que déjà le président Ali Bongo appelle à la mise à plat de ce système budgétaire censé garantir l’efficacité et un meilleur suivi de l’allocation des ressources financières destinées aux programmes de développement au Gabon. Le système répondait aux directives du cadre harmonisé de gestion des finances publiques dans les Etats de la Cemac.

Ali Bongo pas satisfait de la BOP. © D.R.

 

La Budgétisation par objectif de programme (Bop) permettant de garantir l’efficacité de la dépense publique et une meilleure cohérence dans sa programmation, appliquée par le Gabon depuis la loi de finance 2016, ne satisfait pas aux attentes du président de la République ; mieux, ne participe pas à la réalisation de ses promesses de campagne à l’endroit de la population.

Ainsi, «aux fins de mieux assainir et gérer nos finances publiques, au regard de la conjoncture économique actuelle», Ali Bongo a demandé aux membres du gouvernement, au cours du Conseil des ministres du 17 mai dernier, «d’assumer les responsabilités qui leur sont dévolues en vue de garantir le développement du pays en tenant compte des préalables qui leur ont été communiqués pour guider leur action ministérielle».

Parmi les conditions nécessaires à la résolution des attentes des Gabonaises et des Gabonais, fixées par Ali Bongo à l’équipe Issoze Ngondet, figure donc la mise à plat du système de la Bop. «Ce système n’a pas pu prouver son efficacité dans le cadre de son application au sein de l’administration. Car, dans le contexte économique actuel, la dépense publique doit être maîtrisée et optimisée», a-t-il affirmé, oubliant certainement avoir fait l’éloge de ce nouveau mode de fonctionnement budgétaire, pourtant en phase avec les préconisations de la Cemac et de l’Ohada.  «La budgétisation par objectifs de programme, une étape incontournable sur la route de l’émergence», déclarait Ali Bongo au moment du lancement de ce système.

Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Les mécanismes actuels de préparation, de programmation, d’exécution et de contrôle du budget de l’Etat, seraient-ils devenus inopérants et inadaptés aux exigences de performance dans la gestion des finances publiques ? Les acteurs et défenseurs de cette réforme n’ont-ils pas reçu la formation adéquate quant à la gestion de ce système ? N’est-ce pas en forgeant que l’on devient forgeron ? Vers qu’elle nouveau modèle de budgétisation se tournera le pays ? A quoi ont servi tous les ateliers organisés pour asseoir cette méthode ? Les promoteurs de celle-ci avaient-il vendu du vent aux économies de la sous-région ? Le Gabon ne cherche-t-il pas à se dérober des contraintes de ce système ?

 
GR
 

11 Commentaires

  1. OKALIMAMBO dit :

    Ce qui m’énerve c’est vous faites semblant de découvrir la réalité de la situation. Comment fonctionne le Gabon depuis toujours? Je vais prendre un exemple: nous sommes en pleine campagne électorale,le Président sortant doit se rendre dans une localité, il confie un budget de dix millions de francs à l’honorable Député de la circonscription. Que va faire ce dernier selon vous? Il va acheter du pain et des boîtes de sardines qu’il offrira aux populations, la différence ira dans sa poche. Voilà pourquoi tous les responsables de haut niveau sont devenus milliardaires au détriment du pays et de ses habitants. Moi je sais ce qu’il faut faire pour que tout cela change.

  2. medzomekoure dit :

    Ces gens qui dirigent le pays font toujours dans l’amateurisme, comment comprendre l’éloge qu’ils avaient faite de la BOP,s’ils la jugent aujourd’hui inopérante?c’est vraiment triste ,une telle inconstance à ce niveau de responsabilité.Prenez le temps de la réflexion avant de prendre des décisions,nom de djou…

  3. Gabomama dit :

    Ce qui marchent chez les autres ne peut pas marcher chez les Bongo. Ils ont besoin des ténèbres de l’opacité pour bouffer. Alihanga a déjà aiguisé des dents. Ce qu’il a détourné à BGFI et à la CNNI qui continue à payer les prestations de ses sociétés ne suffit pas.

  4. CONTE Daniel dit :

    Le Gabon a adopté une loi organique de finances publiques assurant le passage d’une logique de moyens à une logique de résultats.Véritable constitution financière de l’Etat, elle subordonne l’action de l’Etat à la réalisation d’objectifs clairs et prédéfinis, assortis d’indicateurs chiffrés, précis, et mesurables, permettant au Parlement de suivre la performance de l’action publique.
    .1. Les crédits budgétaires sont présentés en :
    . missions comprenant un ensemble de programmes concourant à une politique publique définie ;
    . programme composé d’un ensemble cohérent de projets ou actions relevant d’un même ministère ;
    au niveau de chaque programme les crédits sont spécialisés (et non plus au niveau du chapitre budgétaire), mis en œuvre (unité de gestion) et leur utilisation justifiée dans le rapport annuel de performances soumis au Parlement.
    la mise en œuvre concrète du programme fait appel au :
    . budget opérationnel de programmes qui est une segmentation du programme – sur un périmètre ou un territoire, et sous l’autorité d’un responsable – déclinant les actions, les objectifs, les indicateurs du programme auquel il se rattache ; chaque programme comprend un ou plusieurs BOP mais chaque BOP relève d’un seul et unique programme.
    . et aux unités opérationnelles de programme qui assurent la gestion effective des crédits.
    . projets ou actions mis en œuvre par les U.O.P.
    .2. A noter que le Budget Opérationnel de Programme se présente sous la forme d’une enveloppe budgétaire dans laquelle les crédits sont globalisés et classés en deux catégories :
    . les crédits de personnel : rémunérations d’activités, cotisations et contributions sociales, prestations sociales et allocations diverses
    . les autres types de crédits : crédits de fonctionnement, d’investissement, et d’intervention.
    La fongibilité asymétrique des crédits s’exerce au niveau du BOP : elle permet d’abonder les crédits de fonctionnement, d’investissement, et d’intervention avec des crédits de personnel, l’opération inverse étant impossible. Il en est de même au niveau de l’Unité Opérationnelle, dont le responsable ne peut exercer la fongibilité qu’avec l’accord du responsable de BOP
    .3. Le rôle des différents responsables administratifs dans le processus de Budgétisation Opérationnelle par Programme :
    . responsable de programme :
    détermination des objectifs et des indicateurs,
    élaboration du programme et négociation des moyens
    financiers du programme
    définition de l’architecture du programme
    détermination des éléments de cadrage
    définition et animation du dialogue, et gestion avec
    les responsables de BOP
    . responsable de BOP :
    déclinaison des objectifs et indicateurs nationaux en objectifs opérationnels adaptés au contexte local
    élaboration du projet de BOP en fonction :
    des éléments de cadrage donnés par le responsable de programme (évolution de l’enveloppe de crédits, orientations relatives aux activités financées par le BOP, etc…)
    des éléments de cadrage donné par les directions supports (politique RH, politique immobilière, etc…)
    des projets de budgets des Unités Opérationnelles
    . responsable d’Unité Opérationnelle :
    réalisation des actions permettant de satisfaire aux objectifs du BOP
    élaboration du projet de budget de l’Unité Opérationnelle en indiquant les besoins ETP, les crédits nécessaires pour la couverture des engagements en cours et ceux pour financer les projets nouveaux
    .4. Ce nouveau cadre implique donc :
    . une responsabilisation accrue des gestionnaires qui disposent de plus de liberté notamment en matière de globalisation et de fongibilité des crédits mais doivent répondre régulièrement des dépenses engagées et des résultats obtenus ;
    . un ré ingéniering des organisations et des structures administratives : au Gabon, comme dans d’autres pays, l’administration a imposé l’adaptation des politiques publiques à son organisation et à ses pratiques, alors que la logique exige que l’administration, son organisation et ses pratiques s’adaptent au projet de la majorité élue décliné en politiques publiques ;
    . la rencontre de l’offre et de la demande de compétences qui assoit le développement d’outils efficaces et transparents permettant à l’administration de répondre d’une part aux attentes des citoyens ainsi qu’à ses propres besoins, d’autre part aux agents de satisfaire leurs souhaits.

    2. Une gestion axée sur la performance des quatre niveaux :
    . l’agent (performance individuelle)
    . le service (performance du service)
    . la mission, le programme, le projet (performance de la mission, du programme, du projet)
    . la direction générale ou le département ministériel (performance organisationnelle : à savoir les résultats combinés de la performance individuelle, du service, de la mission, du programme ou du projet)

    Malheureusement les grands cadres de l’administration n’ont pas voulu lâcher la gestion des budgets qui était dévolue au plus bas niveau de l’échelle, c’est à dire au niveau du responsable de l’unité opérationnelle de programmes.
    Par ailleurs, la BOP est incompatible avec une organisation gouvernementale hiérarchisée « verticale » à savoir avec les départements ministériels que l’on connaît; par contre la BOP est totalement compatible et efficace avec une organisation transversale ou « horizontale » de l’Administration.

  5. CONTE Daniel dit :

    En constatant l’échec de la BOP,plus largement celui de la Constitution financière du Gabon, et celui des agences qui constituaient l’embryon d’une organisation transversale de l’Administration -sous condition notamment de responsabilité devant le Parlement- se dessinent les contours d’un mal incurable, à savoir le « syndrome de Pénélope », qui frappe l’administration gabonaise: construire le matin en appliquant les orientations du Guide de la Nation, déstructurer l’après midi en obéissant aux instincts de préservation et de conservation des privilèges ou des situations acquises.

  6. Engohang dit :

    C’est bien le cours de bop que vient de nous rappeler le compatriote. Nous n’en somme plus là ! Si c’est une façon de défendre la bop, c’est trop tard.
    La bop ne pouvait en aucun cas tenir au chez nous. Simplement parce que nous ne cultivons pas une politique de spécialisation et de sédentarisation de nos fonctionnaires. A chaque fois qu’un gouvernement est remanié, c’est aussi le bouleversement de l’administration sans tenir compte des techniciens maison.
    C’est la politique politicienne qui prime au détriment de la politique de développement général du pays.
    Sans omettre le fait que pour beaucoup des courtisans du président, chacun vient avec son business, c’est le cas de la bop!
    Personne ne pourra dire combien de milliards ont été engloutis dans cette affaire dans l’intérêt de ces louangeurs de la cours présidentielle.
    Des projets pareils en en rencontre dans plusieurs secteurs. Le cas de la professionnalisation du football. Alors que c’était bien un business de certains et ça a englouti des milliards du contribuable.
    C’est dommage pour le président en tant que chef d’orchestre! Qu’il soit conduit d’échecs en échecs à cause des petits sorciers qui tournent à ses côtés dont il est obligé de faire confiance!!!!!!

  7. ADN dit :

    Il peut laisser, dans ce cas, la place au véritable Président Elu de la République Gabonaise: Jean PING.

  8. serge obiang obame dit :

    La bop! Quelle escroquerie organisee… La bop, la pip, et quoi d’autre encore. Tous ces seminaires et autres conferences organises a coup de milliards, pour quel resultat? La « mise a plat ». Donc du vent.

  9. Tata dit :

    Bonjour Chers Tous
    Merci pour les belles leçons sur la BOP « appliquée au Gabon ». Cependant, qu’il me plaise, sans technicité aucune des questions financières, de dire ma part sur ce qui relève du passé (BOP), et de proposer ce qui pourrait être appliqué chez Nous.
    D’abord, il faudrait rappeler que tous les pays, y compris la France, modèle gabonais de gestion et de finances, qui avaient essayé ce fameux système de gestions de finances publiques, s’étaient heurté aux difficultés inhérentes à l’application effective d’un système qui ne correspond point à leurs régimes de budgets. Ces pays avaient simplement abandonné ledit système…
    Ensuite, lorsque le chapeau de Gabon Review dit que c’est un système qui devrait être harmonisé dans les Etats de la CEMAC, j’en doute un peu, car aucun pays de la CEMAC, à l’heure actuelle n’applique la BOP. C’est le Gabon, qui à l’époque avait tenté « d’influencer » les autres pays aux travers des séminaires qui ne donnèrent rien. Alors quels auraient été les facteurs bloquants ? Notre pays fonctionne encore véritablement comme un pays sans Hommes intelligents (à ne pas confondre avec ce mot pompeux d’intellectuel). Le minimal d’une rationalité aurait voulu que l’Etat gabonais prît un seul et unique département ministériel pour appliquer et en mesurer la mise en pratique de la BOP, et ce serait, par exemple, au bout de trois ans, après vérification, réglages et autres ajustements, que l’Etat, après avoir éprouvé la BOP dans ce ministère pilote qu’il aurait généralisé ce système… Du reste, ce système a plutôt servi les intérêts des individus que l’Etat. Une question toute naïve: comment un service pouvait-il fonctionner avec seulement 10% du budget voté par l’assemblée ? Lorsque l’on revenait, au mois de juin, demander les 90% restants, les puissants financiers vous envoyaient simplement balader comme des bestioles horribles, laissant bien entendu les services sur les tas de pauvreté extrême…Tandis que eux se répartissaient assurément le reste de budget, car aucun trésorier ne peut nous dire qu’il a dans ses écritures l’ensemble de budgets votés et alloués mais non utilisés…
    Enfin, la BOP, morte de sa belle mort, quel système créer ? A la vérité, le vrai problème est que l’on pourrait changer autant de systèmes, mais si l’on ne pense pas que l’on gère les finances PUBLIQUES, donc qui ne nous appartiennent pas, on trouvera toujours malheur en chemin. Sans être nostalgique, il semble que l’ancien système, avant la BOP fonctionnait bien. Il suffit de le cadrer juridiquement et avec arrestations systématiques des détourneurs de fonds. ce qui pourrait soulager des ministères tels que l’enseignement et la santé qui, doivent tourner à plein régime; auquel cas, on se retrouve sans craie, sans papier, sans médicaments, sans comprimés et autres…
    J’espère que le gouvernement prendra le temps de gérer cette question pour que le Gabonais trouve son mieux être. Mais bon… On verra

  10. CONTE Daniel dit :

    Il eut été opportun que les Assises d’Angondjé se penchent sur les vents qui tourbillonnent dans les cerveaux de certains cadres administratifs « concepteurs » du futur du Gabon. Il est en effet déplaisant de constater que toute réforme est vouée à l’échec au Gabon, et n’en déplaise aux chantres partisans, quels que soient l’individu et les individus en charge des affaires publiques. Einstein disait: « pour changer le système, il faut changer les hommes qui font le système », mais aussi « à problème bien posé, solution toute trouvée ».
    La mise en œuvre de politiques publiques exige des hommes sachant ce qu’est une politique publique, ses processus d’élaboration, de concrétisation, d’évaluation, et ce au franc utile à tous les niveaux administratifs et techniques. En dispose – t -on?
    Il nous revient qu’un semblant d’audit de la fonction publique a été engagé dans un passé récent. Alors que face à l’application de la nouvelle loi organique portant finances de l’Etat -comprenant le volet BOP-, s’imposait le lancement d’un audit qualitatif des compétences des agents et de compétences des services, les promoteurs désignés se sont immergés et en fin de parcours quasiment noyés dans un audit quantitatif à savoir une comptabilisation des emplois; avec pour résultat en fin d’opération une augmentation évaluée de dix à quinze pour cent du nombre d’emplois par rapport aux estimations de départ.
    Il nous revient aussi l’impatience sinon la colère du Chef de l’Etat à propos de cet « audit » dont les résultats tardaient.
    Alors lancer une budgétisation opérationnelle de programmes sans les compétences humaines adaptées, c’est comme tirer de la forêt une grume de huit mètres cubes avec un vélo.
    Existe-t-il une formation dispensée par des praticiens chevronnés?
    La suffisance et l’arrogance des cadres administratifs concepteurs répondent par l’affirmative, oignant toute personne ayant occupé un poste de responsabilité dans l’administration ou dans l’une des universités locales, en s’abritant bien évidemment derrière l’étendard d’un « nous sommes les meilleurs » à forts relents de nationalisme éculé.
    Ainsi face au déficit de compétences, la logique s’inscrit dans la perspective de création d’un vivier « fonction publique » dans lequel chaque mission – programme – projet/action découlant d’une
    conception systémique des politiques publiques, puiserait par appel d’offres les compétences utiles sur la base de profils d’emplois avérés et non virtuels.
    Pour ne pas faire plus long, car de nombreux sujets fâcheux seraient à aborder du football et du sport en général à l’agriculture et au tourisme en passant par la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences, il convient aussi de rappeler qu’une réforme est permanente dans le temps; une réforme n’est pas un saucisson dont on taille les tranches selon l’envie. La référence d’un commentateur précédent à la BOP France, atteste que le début des réflexions des années quatre vingt n’a toujours pas de concrétisation définitive dans les administrations, sinon des expérimentations avancées, quoique les budgets soient toujours construits en missions, programmes, projets/actions, et que de nombreuses Unités Opérationnelles de Projets aient été crées.
    D

  11. Mikouma Paul dit :

    BOP ou pas BOP, le problème du Gabon c’est la Cupidité.

    Et tout le monde connait le chef des bandits même si personne n’osera ici prononcer son nom.

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