Le ministère de la Fonction publique a sournoisement procédé, depuis septembre, au gel des situations administratives des fonctionnaires. La décision n’a été rendue publique ni par le conseil des ministres, ni par le Porte-parole de l’équipe gouvernementale au cours de ses nombreuses conférences de presse. «Un passage en force» de plus.

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Indéniablement, les passages en forces auront marqué la gouvernance actuelle. Depuis septembre 2016, les agents publics ne peuvent bénéficier d’avancement, encore moins de reclassement ou de régularisation de leurs situations administratives. En fait, une année après avoir mis en place le nouveau système de rémunération (NSR) ayant fait tant de bien aux fonctionnaires et pour lequel les responsables du ministère de la Fonction Publique s’étaient bruyamment félicités, le gouvernement, par l’entremise du ministère de la Fonction Publique, a décidé de «reprendre par la main gauche ce qu’il leur a donné par la main droite», démontrant ainsi que l’Etat ne dispose pas d’une solide capacité de financement concernant la masse salariale. Ce qui donne l’impression qu’à quelques mois de l’élection présidentielle, il fallait tout juste annoncer une grande réforme pour les 83.000 fonctionnaires…

Avec la décision prise en catimini dans leurs locaux du Boulevard Triomphal de geler le point d’indice et bloquer tout avancement automatique – une décision arrivée avant celle de la suppression des émoluments des fonctionnaires affectés dans les agences publiques en décembre dernier –   Jean-Marie Ogandaga et ses équipes qui affectionnent lire leur bilan avec complaisance, vont être regardés d’un œil méfiant par les agents publics et leurs organisations syndicales. Au moment où le pouvoir d’achat des agents publics ne cesse de dégringoler, c’est la promesse de nouvelles turbulences dans le monde (déjà) agité de la Fonction publique et de tous ses démembrements. Les paroles, en août 2009, du Pr. Albert Ondo Ossa paraissent bien prémonitoires aujourd’hui. La déclaration de ce professeur d’économie, qui loin d’avoir le monopole du «bon diagnostic»,  a enregistré depuis lors l’écho de bien d’autres au sujet la fragilité financière de l’Etat. En dépit des dénégations, ils avaient raison. Il y avait du vrai, de toute évidence !

En tout cas, depuis la présidentielle d’août dernier, il n’y a plus d’avancements automatiques dans la Fonction publique. Les fonctionnaires devant en bénéficier à partir de septembre dernier ont tout simplement constaté, sur leurs fiches de paie, que rien n’a changé : les chiffres sont toujours les mêmes. Pourtant aucune explication ne leur est donnée sur cet état de fait. Dire que le gouvernement communique 52 semaines sur 52. Il a procédé à un «passage en force», pourrait-on dire, au sujet de cette décision, adoptée sans y mettre la forme et la manière. Il n’y a plus de reclassement également. Après un changement de corps, après un stage surtout, l’agent public était reclassé ; cela ne se fait plus. Tout comme les régularisations de situation administrative… «Tout est bloqué jusqu’à nouvel ordre», indique une source proche du dossier. «Dans un pays où on ne paie plus les arriérés de solde aux agents publics, où plus aucune prime n’est payée à un fonctionnaire, même dans les régies financières, il n’est pas normal de les traiter comme ça. Cela ressemble à une punition, à un passage en force contre l’Administration», s’insurge un fonctionnaire du ministère de la Fonction Publique qui affirme que la décision prise en catimini est contraire aux dispositions du Statut général des Fonctionnaires.

«On peut maintenant comprendre l’attitude des syndicats de l’administration publique qui se sont (trop) souvent retrouvés devant «le fait accompli» posé par une institution sans parole et pourquoi les assemblées générales des syndiqués s’achèvent toujours par des cessations de travail, des rancœurs, des frustrations et des. Face à un gouvernement qui se dérobe lorsqu’il faut communiquer sur des décisions touchant l’humain, peut-on raisonnablement éviter une grogne sociale ?», se demande l’intéressé.

 

 
GR
 

5 Commentaires

  1. Jean-Marcel BOULINGUI dit :

    Salaires des fonctionnaires affectés dans les agences de l’Etat : zéro depuis décembre, sans qu’ils en soient au préalable informés. Situations administratives de ceux qui sont restés dans les services centraux : bloquées. Ils n’en sont pas informés. On va où là ?

  2. Samuel dit :

    On va vers l’émergence à l’envers pardi… PITOYABLE

  3. Ogoula dit :

    Le pire dans quelques mois. Il n’y a plus d’argent dans les caisses de l’état.

  4. la_cenap dit :

    tout va très bien, Madame la Marquise. Tout va très bien, tout va très bien. Seulement, il faut, il faut que l’on dise…
    Je crois que même ceux qui ont voter pour le distingué camarade dans ces administrations doivent regretter amèrement leur choix.

  5. MWANE NYAMBI dit :

    Pour le prestige de votre journal, prière de citer des vraies références en matière économique…Ondo Ossa est un économiste de seconde zone.

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