Le nouveau député de l’Union nationale doit agir vite et en concertation avec son parti. L’élection du 8 août courant lui offre, peut-être, l’occasion d’entrer dans l’histoire.  

Patrick Eyogo Edzang. © D.R.

Patrick Eyogo Edzang. © D.R.


Patrick Eyogo Edzang pouvait difficilement envisager meilleur scénario. Une victoire sur un ministre en fonction, l’écrasement total du dissident, par ailleurs son adversaire dans la bataille pour l’investiture et son principal écueil lors de sa tentative avortée de prise du contrôle du siège de sénateur de la commune de Bitam. Entre revanche, vengeance, démonstration de force et notoriété nationale, le nouveau député de la commune de Bitam gagne sur tous les tableaux. Il peut maintenant se projeter dans le futur, regarder l’avenir avec sérénité et construire sa destinée politique.
Cet état de grâce peut être perçu comme la résultante du rejet du Parti démocratique gabonais (PDG) mais aussi l’aboutissement de six années de sacrifice, d’abnégation voire d’un attachement à la personne d’André Mba Obame et à l’Union nationale. Au Woleu-Ntem comme un peu partout dans le pays, le souvenir des brimades subies par les cadres de l’opposition leur attire la sympathie de l’opinion, la mémoire du regretté secrétaire exécutif de l’Union nationale suscite colère et indignation, l’histoire particulière de ce parti engendre détermination et volonté d’en découdre.
Cette inextinguible soif d’alternance traduit également le ras-le-bol suscité par l’exceptionnelle longévité au pouvoir du PDG et la dévolution monarchique du pouvoir d’Etat. Entre frustrations quotidiennes, difficultés à joindre les deux bouts et volonté de donner au suffrage universel son vrai sens, elle fait le lit de l’opposition. La partielle de Bitam doit être analysée sous cet angle-là. Candidat de l’Union nationale, Patrick Eyogo Edzang a vaincu un membre du gouvernement soutenu par le Premier ministre. Si son élection a valeur de message, son mandat sera certainement marqué du sceau de la lutte pour l’alternance…
L’heure des réformes
Désormais représentée à l’Assemblée nationale, l’Union nationale doit savoir en tirer profit. Le manque d’initiative législative et la tiédeur dans le contrôle de l’action du gouvernement seraient absolument désastreux pour son image. Déjà, certains voient dans le néo-député de Bitam son bras armé dans le combat pour la transparence électorale. Zacharie Myboto et les siens peuvent-ils ne pas en tenir compte ? Patrick Eyogo Edzang peut-il se contenter de demeurer un député lambda ? Les divergences d’approche au sein de l’opposition permettent de répondre à ces interrogations. Du point de vue de l’Union nationale, le dialogue national inclusif et surtout les réformes juridiques et institutionnelles sont des préalables à la tenue de toute présidentielle. Or, dans l’opposition, cette position ne fait pas toujours l’unanimité. Loin s’en faut. Certains, y compris au sein de l’Union nationale, tiennent la désignation d’un leader pour une urgence, voire pour la condition sine qua non à l’aboutissement des réformes. Pour eux, seul un leadership affirmé et reconnu peut faire bouger les lignes.
Désormais député de l’Union Nationale, Patrick Eyogo Edzang doit tenir compte de cette réalité. Il n’a plus de choix. Il doit s’efforcer de donner du sens à son mandat. Pour lui, le défi fondamental réside dans sa capacité à se faire le relai de son parti, à porter les réformes tant annoncées. Son parti ayant exprimé sa position, il ne peut s’en départir, au risque de rater son rendez-vous personnel avec l’histoire. En clair, l’heure des réformes juridiques et institutionnelles a sonné. Si elles ont peu de chances de recueillir l’assentiment du Parlement, du fait de l’écrasante majorité PDG, elles peuvent néanmoins créer une dynamique politique, mobiliser l’opinion et susciter un plus fort engagement citoyen. Il n’est nullement question de rêver d’une inversion du rapport de forces au Parlement. Il s’agit simplement de se servir de cette présence symbolique pour déclencher une lame de fond. Des relais à l’Assemblée nationale et au Sénat peuvent effectivement contribuer à donner une plus grande résonance à certaines initiatives, facilitant leur compréhension. Jusque-là, les parlementaires de l’opposition ont pris prétexte du rapport de forces défavorable pour se complaire dans la connivence et la figuration. Pour eux, il est peut-être temps de changer. Le lien entre la vision de leur parti et leur activité parlementaire, un plan de travail clair, des initiatives bien précises, un chronogramme arrêté : cette voie est difficile mais porteuse d’espoir aux plans individuel et collectif. A coup sûr, Patrick Eyogo Edzang ne réussira pas à faire passer ses éventuelles propositions. Mais, il peut favoriser le rayonnement de son parti, accroître son influence personnelle au sein de la société et, pourquoi pas, entrer dans l’histoire…
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. imagine56 dit :

    PC Zeng avait l’habitude d’aller à la fin des élections vers ses adversaires, ceux qui l’avaient lourdement chargé pendant la campagne.
    Il allait leur dire bonjour et disait  » les votes sont terminés
    il faut passer à autre chose, on ne va pas rester facher pour si peu »
    J’invite patrick à faire autant, tendre la main à J-Michel, se reconcilier et regarder ensemble dans la même direction, c’est à dire BITAM.
    J-Michel, la campagne est terminée, regagnes la maison simplement et travaillons pour BITAM.

  2. imagine56 dit :

    l’ombre qui marche et Obalango,
    j’invite les deux adversaires que sont Patrick et J-Michel à fumer le calumet de la paix et les conseille de se soucier de l’avenir de Bitam c’est aussi simple que ça, ils se sont affrontés pour le siège de Bitam il est donc normal que je leur rappelle que les affrontements étant terminés, qu’ils se soucient enfin de leur ville.
    Actuellement, les députés et sénateurs de la république sont auprès de leurs électeurs, faisant des comptes rendus de leurs travaux à L’AN . celui de Tchibanga à ses électeurs, celui de Makokou aux siens et demain se sera au tour de Patrick de faire de même auprès des électeurs de son siège, c’est à dire Bitam, où ai je trahi la république mes amis, où
    Arrêtez de me chercher des poux, vous n’allez pas réinventer les institutions, je n’ai jamais voté le député du Gabon, mais bien celui de mon canton.

  3. Mamboudouiste authentique dit :

    Bonjour Imagine56. Je soutiens ton propos qui ne soufffre d’aucune ambiguidité. ça doit être ça pas et autre choses si on veut encore oser prononcer le mot « démocratie ». reconnaitre le temps d’un vote qui ne ressemble pas à tous les temps que l »lautre a été plus fort que moi ». Et on se projette ensuite pour l’avenir sans artifices politiciens. Bon il parait que la « démocratie » du Gabon est encore en construction raison pour laquelle on réfuse d’esquisser quelque pas qui pourrait lui donner de faire quelques bonds en avant. Disons tout de félicitation à l’opposition pour avoir répris ce siege qui lui permet d’avoir 3 députés sur 120 à l’Assemblée nationale du Gabon.

  4. tictac dit :

    juste 5 commentaires…
    merci

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