Pour l’opposition, l’unité est un préalable à toute stratégie victorieuse. Au lendemain de la création en son sein d’un nouveau parti, une réinitialisation de sa mécanique s’impose.
Guy Nzouba Ndama (2è à partir de la gauche) et les autres leaders de Les Démocrates. © D.R.
 
C’est une maxime populaire. Depuis Ésope, tout le monde la reprend. Même si son application n’est pas toujours évidente, elle fait l’unanimité : «Autant l’union fait la force, autant la discorde expose à une prompte défaite». L’opposition l’a plusieurs fois expérimenté : à chaque rendez-vous avec l’histoire, son manque d’unité lui a été préjudiciable. En a-t-elle tiré des leçons ? Est-elle prête à rompre avec ses errements passés ? Est-elle engagée dans la construction d’une dynamique victorieuse fondée sur son unité ? Les agissements de ses principaux ténors le laissent croire. En tout cas, la création du parti Les Démocrates semble militer pour (lire «Opposition : L’ANG est morte, vive Les Démocrates !»).
Chacun le sait : depuis maintenant 26 ans, les divisions de l’opposition ont permis au Parti démocratique gabonais (PDG) de justifier, à peu de frais, sa domination du jeu politique national. Cette explication a néanmoins perdu de son bien-fondé avec la dynamique née de la dernière présidentielle et, singulièrement de la désignation de Jean Ping comme candidat unique de l’opposition. On l’a perçu lors de la composition du gouvernement Issoze Ngondet (lire «La déclinaison du gouvernement Issoze Ngondet»). On le sent avec les préparatifs du dialogue politique voulu par Ali Bongo (lire «Climat socio-politique : Le défi de la politique au sens noble»    et «Dialogue national : Repartir de zéro» ). À chacune de ses étapes, les principales figures de l’opposition ont refusé d’apporter leur caution ou tout au moins leur soutien.
Stratégie politique commune
Vieux baroudeurs de la politique nationale, les ténors de la Coalition pour la nouvelle république se savent condamnés à l’unité et à la cohésion. Mais, ils ont aussi conscience de la nécessité de satisfaire trois prérequis: la définition d’une stratégie comprise par tous, le maintien d’une certaine pression sur les institutions et la conformité au corpus juridique national. Sans ces préalables, rien ne sera possible.  Sans eux, rien ne peut être tenu pour acquis. Au contraire, tout peut basculer à un moment ou à un autre. Pour un Jean Ping peu disert sur son rapport au Parti gabonais du progrès (PGP), tous les efforts doivent se focaliser sur la «récupération de (sa) victoire». Ayant fait le deuil de ses ambitions présidentielles, Casimir Oyé Mba peut, pour sa part, envisager d’autres options, y compris une éventuelle cohabitation. Sans étiquette partisane légale jusque-là, Guy Nzouba Ndama et Léon Paul Ngoulakia ne pouvaient poursuivre avant d’avoir réglé cette question.
À l’évidence, la création de Les Démocrates visait un objectif immédiat : offrir à ses promoteurs un cadre d’expression légal. Au-delà, il s’agissait de faciliter la définition puis la mise en œuvre d’une stratégie politique commune. Et pour cause : une divergence d’approche était de plus en plus perceptible entre militants de partis politiques reconnus et personnalités indépendantes. Entre le formalisme des uns et la naïveté des autres, seul le rejet des résultats officiels de la dernière présidentielle faisait encore l’unanimité. Au lendemain de l’adhésion de deux ténors à une formation reconnue, une relecture de la situation politique du pays ferait sens. Les anciens candidats à la présidentielle ayant tous intégré des partis politiques, une réorganisation de la Coalition pour la nouvelle république est désormais envisageable. De modalités d’occupation du terrain sont même à portée de main.
Réinitialisation de la mécanique
S’ils entendent maintenir l’unité construite autour de Jean Ping, les leaders de la Coalition pour la nouvelle république ne peuvent faire l’économie de cet aggiornamento. Les actes du Dialogue national pour l’alternance (DPNA) étant au fondement de leur plateforme programmatique, ils doivent maintenant en examiner les aspects stratégiques. Mieux, ils ont l’obligation d’adapter leur organisation. Autrement, ils pourraient avoir du mal à parler d’une même voix ou à continuer à envisager l’avenir dans la sérénité. Dans cet exercice de mise à jour, l’accord du 15 août 2016 peut, évidemment, leur servir de balise. Naturellement, les attentes de leur base doivent être analysées avec froideur et sans complaisance. À la fin des fins, le maintien de leur lien avec le peuple est, pour eux, un impératif. Dans cette éventuelle redistribution des rôles, les partis politiques devraient forcément avoir un rôle prépondérant.
Cette réinitialisation de la mécanique est dictée par des considérations internes. Mais, elle devenue inévitable du fait des contingences extérieures. Elle est rendue nécessaire par l’activisme de certains alliés d’hier : désormais chantre du dialogue voulu par Ali Bongo, René Ndemezo’Obiang revendique, avec emphase et aplomb, la paternité du résultat de Jean Ping à la dernière présidentielle. Avec un art consommé de la rhétorique politicienne, il instille le doute dans l’opinion publique quant à la stratégie de son ancien allié. Il ne s’embarrasse même plus de précautions pour le moquer (lire «Après le dialogue de Jean Ping : René Ndemezo’o attend la suite»). Volens nolens, il effectue un remarquable travail de sape, reprenant à son compte l’argumentaire jadis utilisé par les tenants d’une conférence nationale souveraine (lire «Dialogue politique : «Nous allons dialoguer et non négocier !», dixit Démocratie nouvelle»  et «Et revoici la Conférence nationale souveraine…»).
La Coalition pour la nouvelle république doit avoir de bonnes raisons de croire en sa capacité à altérer le cours de l’histoire. Mais, elle doit mieux se structurer si elle ne veut demeurer dans l’incantation. Elle est contrainte de s’adapter si elle entend sortir des postures. Surtout, elle a le devoir prendre l’initiative si elle compte peser sur les événements. La création de Les Démocrates  peut-elle constituer un déclic ? Va-t-elle produire un électrochoc ? Certains l’espèrent. D’autres en doutent. Il s’en trouve pour y croire. En tout cas, chacun observe et attend…

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Nkembo dit :

    Ça chauffe entre Bourgi et Ping.
    Le puissant carnet d’adresses qu’ on vantait ne serait rien du tout. Celui de Bourgi paraissait plus efficace. Et aujourd’hui,il (Bourgi)demanderait un cachet à cet effet. Ping préférerait financer la grève des enseignants qui pourrait l’aider à atteindre ses objectifs que de continuer à engraisser Bourgi dont la mission auprès des députés de l’ue est au point mort.
    Comme les amitiés sans base réelle ne dure pas.

  2. MWANE NYAMBI dit :

    Pauvre Gabon!!! on cite comme opposants à Bongo, ceux là qu ont permis aux Bongo Père et fils de rester au pouvoir durant 5 décennies.

  3. MONSIEUR A dit :

    Enfin l’Opposition gabonais commence à comprendre la nécessité de d’abord gagner la bataille des élections législatives avant de s’attaquer à la « guerre » de la présidentille.
    Mais pour gagner cette bataille des législatives, il faut aller au Dialogue voulu par Ali BONGO afin de gommer les « imperfections » introduites dans le code électoral par les Ténors de l’Opposition eux-mêmes quand ils étaient aux affaires. Ne pas le faire, c’est induire le peuple Gabonais en erreur.
    Monsieur Réné NDEMEZO OBIANG est très lucide dans sa prise de position, comme l’ont été MM. MBA ABESSOLO et Pierre MAMBOUNDOU pour aller Dialoguer avec le Pouvoir en place en leurs temps.
    Démocratie Nouvelle + PGP + Les Démocrates + Héritages et Modernités etc… peuvent sans forcer, même dans les conditions actuelles du code électoral, remporter l’élection législative de juillet 2017 et redonner espoir au peuple Gabonais. L’alternance politique au sommet de l’Etat ne peut passer que par cette voie pacifique.

  4. OSSAMI dit :

    « Monsieur Réné NDEMEZO OBIANG est très lucide dans sa prise de position, comme l’ont été MM. MBA ABESSOLO et Pierre MAMBOUNDOU pour aller Dialoguer avec le Pouvoir en place en leurs temps ». Dixit M.A
    Résultat des courses, Réné NDEMEZO OBIANG, Pierre MAMBOUNDOU et MBA ABESSOLO ont gagné des législatifs pour être élus par la suite Présidents du Gabon pour avoir été lucides en négociant avec le pouvoir Bongo.
    M.A comprenez que le PDG est une système établi et pour en finir il faut l’abattre, pas en allant négocier avec ceux qui n’ont pu être élus, mais en le marginalisant définitivement car il ne représente plus la majorité des Gabonais sauf en trichant. Le laisser pourrir dans son coin est aussi une voie pacifique car sans ceux qui ont le vote du peuple, il monologuera sans cesse jusqu’à sa mort.

  5. Gabonais eclairvoyant dit :

    Ali doit partir et son système avec . Il faudra du temps mais ce système doit partir et il partira. Tout ce que vous faites à travers les réseaux sociaux ne changerons pas à la détermination des gabonaises. Il mourra en exil. Pour lui ce N’EST pas un problème mais c’est pour les autres…qui seront traqués et pourchassés dans les rues !!!

  6. christ emile dit :

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