En liberté provisoire après avoir été détenue dans une cellule de la police judiciaire (PJ) puis dans un cachot de la direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire (B2), l’activiste de la société civile encartée à l’Union nationale s’exprime sur les conditions de sa détention et les faits qui lui sont reprochés.

Annie-Léa Meye. © D.R.

Annie-Léa Meye. © D.R.


 
Gabonreview : Quel est votre état de santé après 18 jours de détention ?
Annie-Léa Meye : Je me donne le temps de me rétablir petit à petit. Mais j’ai eu des douleurs d’estomac terribles pendant que j’étais là-bas, en plus des violents maux de tête à cause de ce qui se passait dans les locaux où nous étions détenues.
Que s’y passait-il ?
Cet endroit n’est pas de tout repos. Ils font plusieurs patrouilles toutes les nuits, souvent à des heures tardives, et à chaque fois ils ramènent des gens qu’ils frappent. Ce qui cause un vacarme insupportable et nous a empêché de nous reposer, avec les effets que cela implique pour le moral. Il faut sans doute croire que c’est la prison et que c’est normal.
Il a été annoncé que pendant votre détention vous vous êtes imposée une grève de la faim en dépit de votre état de santé jugé fragile. Qu’en est-il ?
Oui, j’ai dû m’imposer une grève de la faim au début de ma détention, parce que la police judiciaire fonctionne selon des méthodes de la Gestapo. D’une part, ma grève exprimait mon mécontentement suite à l’enlèvement dont j’ai été victime, parce que mon interpellation s’est faite au mépris des procédures qui auraient dû être observées. Près d’une quinzaine d’agents sont arrivés chez moi samedi 18 avril au matin, causant plusieurs dégâts matériels, et traumatisant tous les occupants ainsi que le voisinage. Par la suite, je suis restée à la PJ de 6 h à 16 h, sans que personne ne daigne m’expliquer les raisons de cette interpellation. Je le répète, cette interpellation n’est pas loin d’un enlèvement digne de la Gestapo. Ils me l’ont d’ailleurs démontré quand j’ai exigé de voir un avocat conformément à la loi : l’un d’eux, avant de m’arracher violemment le téléphone des mains, m’a rétorqué : «Vous dites ça, mais nous ont fait comme on veut !»
D’autre part, j’ai refusé de m’alimenter en disant aux agents du B2 que j’étais au courant des rumeurs qui rapportent que dans leurs cellules des prévenus décèdent dans des conditions mystérieuses, soit par empoisonnement soit des suites de tortures. Et ce n’est qu’en fin d’après-midi que j’ai été confrontée à cinq procureurs. Avec ces derniers, on ne s’est entretenu que pendant une dizaine de minutes sans plus.
Annie-Léa Meye. © D.R.

Annie-Léa Meye. © D.R.


Que vous est-il exactement reproché ?
Ce qui est curieux c’est que j’ai dû leur tirer les vers du nez pour qu’ils m’expliquent exactement ce qui justifiait mon arrestation. Au cours du bref entretien qu’on a eu, les individus que l’on m’avait présentés comme étant des procureurs m’ont laissé entendre que j’étais filée depuis le 20 avril 2015, et que j’avais été citée par un certain Bobo que je ne connaissais pas, et par Pascal Edzang qui dit me connaître. Mais il se trouve que j’ai été arrêtée à 5 heures du matin et M. Edzang dans la journée, plusieurs heures après moi. Il n’était donc pas possible qu’il m’ait citée. D’ailleurs «pourquoi ?», leur ai-je demandé voyant qu’ils se perdaient dans leurs accusations. D’après eux, j’avais été citée à cause d’un rassemblement au siège de l’Union nationale que j’aurais initié le 12 avril 2015 suite à l’annonce du décès d’André Mba Obame. Rassemblement qui aurait eu pour conséquences les troubles sur la voie publique et l’incendie de l’ambassade du Bénin. Ce à quoi j’ai répondu «faux !», parce que je n’avais pas mis pied là-bas, en leur racontant ma journée de dimanche.
A 18 heures, un capitaine de la PJ m’a entretenue pour un interrogatoire, mais seulement quelques minutes après le début de l’entretien, il a suspendu l’interrogatoire et m’ont conduit au B2 sans explication, et sans me l’avoir signifié au préalable. J’ai compris après qu’ils m’ont exfiltrée parce qu’il y avait des gens dehors, qui attendaient et exigeaient que nous soyons libérées. Ces personnes ont d’ailleurs attendu longtemps à la PJ, pensant que Mme Toussaint et moi y étions encore.
Liberté provisoire, cela veut donc dire que les accusations tiennent toujours…
Sans nul doute. Mais il nous a été donné de comprendre que notre arrestation ne reposait sur rien ou presque, puisque la seule chose qu’on nous a brandie est d’être parmi les personnes qui appellent à la mobilisation des Gabonais lors des meetings ou autres sorties de l’opposition. En quoi est-ce un crime ? Du procureur de la République, Sidonie Flore Ouwé, qui est venu me voir au B2 lundi à 21 heures, aux agents qui m’ont interrogé, il ressort qu’ils n’ont aucune preuve m’impliquant dans quelque délit que ce soit, et le fameux Bobo qu’on a dit m’avoir citée a formellement nié l’avoir fait. Ils n’ont d’ailleurs cessé de dire «il paraît ; il semble que ; on vous a vu.. ». Ce qui montre clairement qu’il s’agit d’un dossier vide. Ce qui a notamment conduit à notre libération provisoire, non sans nous avoir demandé de rester à la disposition de la justice pour d’éventuelles nécessités. Ne disposant d’aucune preuve contre nous, le procureur qui nous a entendues avant notre libération a tenté de se servir du rire de Mme Georgette Toussaint lors de l’audience comme pour nous impliquer pour outrage à la cour. Ça, je m’y attendais un peu !!!
Je leur ai clairement signifié que cette forme de justice est une machine à créer des opposants. Et pour ma part, je suis plus que jamais déterminée à me battre pour qu’on dégage les forces de prédation et d’occupation qui sont à la tête de notre pays, et qui ont leurs démembrements dans tous les secteurs.
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. AZOTH dit :

    Humm mon amour, j’ai envie de te dire je t’aime en bosniaque.
    VOLIM TE !!!!
    Merci pour votre combat .

    • Makaya dit :

      Carrement en Bosniak.. il ne reste plus que la langue de mars pour Azoth, le dragouilleur de l’extreme… krkrkr
      Plus serieusement,N’oublions pas que la police de l’insecurite et du desordre (sic Elel Ayong) d’ali detien toujours en captivite le jeune Mombo alias « Petit Obama’. Ce gamin n’a que 17 ans et il n’a ren fait de mal pour justifier son emprisonnement abusif. Ils ont libere Annie Lea et Goergette Toussaint parce qu’il y’a u la mobilisation de la diaspora et de la presse independante et du front uni. Mais la vie de ce jeune garcon a autant de valeur que celle de tout autre gabonais. Alors ne l’oublions pas. Le colonel du B2 est un pedophile et homosexuel… Ce jeune garcon risque d’etre martyrise puis assassiner dans le silence total si on ne se mobilise ps pour lui.
      LIBEREZ le PETIT OBAMA!!!!

  2. Elé-Ayong dit :

    Annie Léa, l’engagement c’est bien cela. La répression est un moyen utilisé par des lâches qui n’ont de mots que la violence, l’arrogance et que sais-je encore. Ce que l’oppresseur ignore toujours, c’est qu’en utilisant ses moyens très peu orthodoxes, il forge progressivement le moral, le caractère et même le physique de l’opprimé. votre détention arbitraire, outrancière et honteuse pour notre pays, plutôt que dissuasive, a la conséquence d’attiser la haine pour ce qui est encore appel autorité avec ses forces du désordre et de l’insécurité. Nous irons tous jusqu’au bout!! Et ils entendront parler de nous.

  3. imagine56 dit :

    A cette allure, nous allons célébrer des mariages sur ce site
    bon Azoth passons aux choses sérieuse (lol)
    Annie, je sais que tout ce que tu dis sur les conditions de ta détention est vrai, je ne peux que je féliciter et t’encourager, on sent que tu tiens beaucoup d’Amo avec ton caractère bien trempé (Azoth, épouser Annie n’est pas une sinécure) donc ma chère cousine, poursuis le combat, je n’ai pas ta détermination raison pour laquelle tu as tout mon soutien
    Tes neveux sont rassurés et maman aussi, le B2 de triste renommée est une structure plus proche du camp boilo en Guinée Sekou que d’une prison normale!

    • AZOTH dit :

      Pour elle ,
      je serais celui qui va garder les enfants a la maison , quand elle amende les strategies avec son groupes,
      celui qui va lui faire le souper apres un long meeting,
      celui qui va lui faire un massage ayurvedique,et reflexologique plantaire, apres une longue marche, et des bombes aux phospores evitées,
      celui qui va lui faire le resumé de la gadoue distillée , dans les médias phagocytés par l’etat,
      son JOACHIM SAUER….
      Enfin, un autre homme que le peuple gabonais devrait d’ores et deja prendre en compte ; celui qui met sa femme en avant, car elle est une bonne alternative .
      On devrait y penser au gabon, LES FEMMES POUR REPARER, TOUT CE DESORDRE.
      BOSNIAQUEMENT,
      VOLIM TE .

  4. otounga dit :

    l’affaire des abus sexuels dont les forces de polices ont été accusées info ou intox?

  5. aubin deryc nombo dit :

    Je respect vos ideaux….courage madame.fang,punu,vili…au fond,ça n’a aucune importance,l’essentiel est qu’il soit un bon president respectieux des lois constitutionnelles et qu’il pense dabord au peuple avant de penser à son ventre ou à ses poches.

    • AZOTH dit :

      MOUKAGNI IWANGOU serait bien, juste apres celui qui va gerer la transition
      IL est né a Mouila,
      Il habite la commune d’akanda
      Il est pret a repondre de ses actes
      Il a échappé a un empoisonnement
      Il a une valeur ajoutée monstre
      Il a un back round d’enfer
      Il maitrise les dossiers
      Il eduque bien les gabonais
      …….
      C’EST UN BON GABONAIS ……….IL VA AUSSI ALLER JUSQU’AU BOUT

      • mossodjo dit :

        je prends plaisir a le re-ecrire: il s appelle Moukagni Iwangou. il reside a la commune d Akanda, il est ne a Mouila et il est pret a repondre de ses actes. Reprends nous cela en bosniaque please???

      • imagine56 dit :

        Moukagni Iwangou?
        Azoth, je valide , je lui donne un chèque en blanc
        il ferait un excellent président, il connait la constitution sur le bout des doigts, il va la respecter, et quand on a été dans l’opposition , on sait ce que c’est le respect des droits de l’homme.
        Moukagni ferait un bon président, mais attendons que les primaires décident de la personne qui représentera nos couleurs
        pour 201…
        Je crois aux prophéties du Pasteur Doukaga

  6. Le combat continu dit :

    vraiment tant que le pays est dirigé par ses gens là il n’y aura jamais rien de vrais ou sérieux dans notre pays on cherche a faire plaisir a un individus au lieu de faire agir les droits à tous et comme il se doit et pourtant on dit nul n’est au delà de la loi, c’est à croire que chez nous c’est il est dessus de la loi mais un jour il répondrons de leurs acte. Le combat continu

  7. Yaali dit :

    Annie Je suis Avec toi.

  8. AMLA dit :

    Mais dans quel pays vivons nous?
    Que d’arbitraire…
    Le gaz de l’insurrection ne fait que se répandre crescendo dans notre pays… attention à l’étincelle fatale!

  9. Mr TWON dit :

    Je n’ai pas les mots appropriés tellement l’émotion est grande. Ce courage et cette détermination que nombreux nous les gabonais nous n’avons pas. Tu es un exemple emblématique Annie-léa. Très sincèrement, y’a pas plus grande femme actuellement dans ce pays que toi, chapeau !!!!

  10. Beyenet dit :

    Voila une démonstration de la dictature militaire au Gabon. c’est inadmissible dans un pays de droit .mais nous faisons le serment de poursuivre en justice les personnes impliqués dans ce genre d’affaires. quelque soit le temps, nous installeront un état de droit et certaines affaire seront remis sur la table.

  11. Ontintin dit :

    Nous irons jusqu’au bout! La peur a déjà changé de camp. Les pédémergents nous rendent encore plus têtus , plus teigneux. Les Bongo et affiliés ne valent rien. Voilà encore une vidéo de Pascaline Bongo qui circule depuis hier. Ces gens salissenr l’image du Gabon, les vrais voyous qui devraient et qui vont croupir en taule c’est eux.

  12. Oréma dit :

    Tu forces l’admiration ma belle, ils sont tout simplement ridicules avec leurs allégations. Des icônes du combat pour la libération de notre pays, nous allons en avoir beaucoup. COUP DE CHAPEAU!

  13. lepositif dit :

    Ma soeur Annie Lea, belle et poncee comme vous etes, pardon comme vous avez retrouvee votre liberte la, donnez un coup de peinture a votre maison que tout le monde a vu sinon on va vous voir que « les trous les trous » comme on dit a Kinguele. J’ai malheureusement pas d’autres moyens de vous le dire. C’est juste un conseil.

  14. okassa dit :

    Iwangou et notre Jocker pour les 25 a 50ans

  15. Doreva OTHA dit :

    Courage ma belle, ce pays changera un jour! Mais des personnes comme Sidonie OUWE oublie rapidement quel est réellement leur dans la justice, c’est d’ailleurs ce genre de personne épouse des étrangers, parce qu’elle sait ne vivra pas au Gabon, le jour du jugement dernier ( le jour du départ d’Ali) même le Cameroun ne voudra pas d’elle. C’est pitié pour une femme qu’elle, mais je sais une chose, Sidonie a perdu son sommeil depuis fort longtemps malgré l’argent sale qu’elle possède!

  16. Samyra Jaboun dit :

    La justice fait très bien son travail. Aussi longtemps qu’il y aura des soupçons autour d’Annie-Léa, la justice l’interpeller à pour faire la lumière sur cet attentat.

  17. Manzo sinandong dit :

    Courage!le Gabon a besoin des femmes comme vous. L’homme que je suis ne peut que soutenir des femmes de valeur que vous êtes. Pour la justice,comprenez qu’elle est aux ordres et comme vous l’avez dit,elle ne peut que fabriquer ou créer des opposants car les années passées à la faculté et l’école de la magistratures ne valent plus rien devant le militantisme. Et depuis que ouwe est à leur tête rien de concret et de sérieux s’est fait.

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