Le ministre congolais des Affaires étrangères est venu, en fin de la semaine dernière, porter l’invitation du président Denis Sassou Nguesso à son homologue gabonais en vue de prendre part à son investiture, le 16 avril prochain. Mais le chef de l’Etat gabonais va-t-il s’y rendre, alors que plusieurs quartiers de Brazzaville brûlent, et alors que de nombreuses institutions internationales doutent de la sincérité du scrutin du 20 mars dernier au Congo ?

Ali Bongo et Denis Sassou Nguesso, en janvier 2013 à l’aéroport de Libreville. © AFP

Ali Bongo et Denis Sassou Nguesso, en janvier 2013 à l’aéroport de Libreville. © AFP


 
L’Union Européenne, qui n’a envoyé aucun observateur à l’élection présidentielle du 20 mars dernier au Congo-Brazzaville, a remis en cause la «crédibilité du scrutin» en raison des conditions de son organisation. Pour Bruxelles, le scrutin a été marqué par des atteintes aux droits de l’homme, des arrestations, des brutalités et des intimidations. L’Union africaine quant à elle n’a ni condamné, ni salué la victoire de Denis Sassou Nguesso ; une prudence qui ressemble à un refus de cautionner les résultats de l’élection. Les Etats-Unis remettent en cause tout le processus ayant permis la «victoire» du chef de l’Etat sortant. Pour ce qui est de la France, si l’Elysée n’a officiellement rien dit, le Parti socialiste au pouvoir a, dès la proclamation des résultats, demandé aux partenaires au développement et aux pays amis, de ne pas reconnaître la «victoire» de Sassou Nguesso, mettant ainsi en cause la régularité du scrutin.
Ce scrutin s’est d’ailleurs déroulé «à huis clos», avec peu d’observateurs neutres, et dans un contexte marqué par la suspension des communications téléphoniques et de l’Internet. Depuis l’annonce des résultats provisoires, et leur confirmation et proclamation par la Cour Constitutionnelle, de nombreux morts ont été enregistrés dans les quartiers Sud de Brazzaville, parmi les proches de Frédéric Ntumi, alias Pasteur, qui avait apporté son soutien à Jean-Marie Michel Mokoko qui revendique la victoire, conformément aux résultats compilés par la Commission technique électorale créée par les partis d’opposition. Le sang a donc coulé à Brazzaville et ses environs.
Mais le président Denis Sassou Nguesso, 74 ans, dont 32 au pouvoir, n’en a cure. Il a décidé de prester serment le 16 avril prochain, en dépit de la très forte contestation dont il est l’objet depuis l’annonce des résultats. Les invitations ont été adressées à tous les chefs d’Etat de la sous-région d’Afrique centrale et au-delà. C’est dans ce cadre que le président de la République gabonaise a reçu la sienne des mains du chef de la diplomatie congolaise.
Il est vrai que les chefs d’Etat d’Afrique centrale sont membres du syndicat informel des chefs d’Etat, mais n’y en a-t-il pas un seul pour pouvoir «rappeler à l’ordre» celui d’entre eux qui se serait illustré par des pratiques anti-démocratiques ? Ali Bongo qui a marché pour Charlie Hebdo et donc pour la liberté, va-t-il se rendre à Brazzaville ? Ne craint-il pas que l’on dise qu’il cautionne une élection marquée par tant d’irrégularités, de tâches de sang et du soufre ? Beaucoup d’observateurs lui suggèreraient de se faire représenter par son Premier ministre ou par son ministre des Affaires étrangères, le sang versé dans ce pays étant encore trop chaud…
 

 
GR
 

0 Commentaires

  1. Ensemble chassons le SPF dit :

    Comme le biafrai affectionne les voyages, je suis convaincu qu’il ira et surtout qu’il cherche des soutiens dans la sous-région.

  2. Ari dit :

    Tout d’abord mes hommages aux victimes de la barbarie de Sassou Nguesso. Et puis pourquoi meme se faire representer par une quelconque autorite de l’Etat Gabonais? De grace n’y envoye personne a Brazzaville pour cautioner cet ogre de Sassou. Vous pouvez, si vous voulez, envoyer quelqu’un de la famille Bongo puisque ces deux familles ont toutes les memes defauts (assassins, tricheurs, voleurs de deniers publics, dictateurs, confiscateurs du pouvoir de l’Etat …). Le proverbe « Qui se ressemble s’assemble » leur va bien car Sassou=Bongo!!!

  3. Love dit :

    NON NONNON ET NON !!!
    Sassou est devenu un Kim Jong Un sur la scene politique africaine. Si Ali y va vraiment ce sera bien dommage. D’abord sa propre candidature sera compromise, mais aussi tout le Gabon sera mal vu par nos chers voisins ainsi que toute la communauté internationale serieuse. Comment soutenir un assasin? un teroriste constitutionel? Et de quelle maniere le Gabon apportera son soutien à l’ambassadeur qui a été violenté dans son domicile par les agents spéciaux de Sassou? Tout gabonais merite un soutien peu importe son rang social, et où qu’il soit. En terminant, la seule maniere de soutenir cet ambassadeur est de refuser d’y aller.

  4. okazaki dit :

    Pas sûr qu’il y aille après les soupçons de financement de l’opposition congolaise

  5. Lafayette dit :

    Forcément qu’il ira à Brazzaville, histoire d’aller amadouer Sassou qui aurait déclaré qu’il n’est pas né au Congo. Qu’est-ce que vous croyez? c’est une question d’intérêt. Et pour Ali, l’intérêt sera que Sassou revienne sur ces propos compromettants, la présidentielle n’étant plus loin dans notre pays.

  6. Omengo dit :

    Beaucoup de nations en Afrique essaient de faire des efforts pour cultiver les valeurs démocratiques,cela se traduit par des élections libres et transparente le Benin, le Nigéria, le Cape Vert, le Sénégal, le Mali viennent de nous les montrer . Malheureusement ces valeurs défendues sont foulées au pied du mur dans bon nombre de pays africains. Le Gabon comme le Congo sont pris en otage par deux familles depuis plusieurs décennies. Malgré leur insistances à vouloir s’accrocher au pouvoir ces régimes on le voit n’ont jamais fais le bonheur des populations en termes de développement et de bien-être, ils s’éternisent au pouvoir à cause des larges avantages liées à cette fonction. Ils ont leur solidarité contre nature il faut aller soutenir l’autre.

  7. balli dit :

    si il part à cette investiture il est mal barré comment il peux allez soutenir un diable qui est entrain de tué son peuple avec des helico

  8. Mike dit :

    @ARI a certainement raison!
    Comment oubliez-vous si promptement que BOA lui-même avait marché sur les cadres des gabonais à POG, LBV en 2009 pour s’accaparer du pouvoir? Le temps semble avoir effacé des mémoires les meurtrissures, les vies arrachées,… que le SPF avait causées en 2009. Alors, il n’y a qu’un assassin pour soutenir un autre assassin! Et comme quoi, ces assassins reviennent toujours sur le lieu du crime!

  9. Axelle MBALLA dit :

    Qu’il soit question des BONGO ou de SASSOU, qui ignore que leur point commun a toujours été le sang? sans être capable de reprendre le florilège épineux des crimes de part et d’autre des deux pays, il semble nécessaire de remonter à Marien NGOUABI pour cerner le personnage SASSOU. Historiquement, l’attachement aux crimes a été son seul tremplin pour arriver au Pouvoir et le conserver… L’odeur des disparus du beatch enfermés dans des conteneurs est encore là.
    Côté Gabon, il n’y a pas de place pour lister les crimes (du plus recent au plus ancien: MBOULOU BEKA, MBA OBAME, Pierre MAMBOUNDOU, Pierre Claver ZENG, Joseph RENDJAMBE, Colonel NTOUTOUME Fabien, Lieutenant AGATHON, Colonel, DJOUE, Colonel LAYIGUI, NDOUNA DEPENEAUD, Robert LUONG, Martine OULABOU, et encore…et encore…….Amen.

  10. l'ombre qui marche dit :

    En dehors que l’un est un bel homme l’autre là hum! donc à part cette GROSSE DIFFERENCE ce ne sont deux sicaires!

  11. angazouamane dit :

    Ira-t-il ? N’ira-t-il pas ? That is the problem ! Deux réponses possibles : la première réponse est qu’il ira pour marchander le soutien de l’autre monstre sur l’épineuse question de son acte de naissance et sur ce que lui aussi se prépare à perpétrer encore contre le peuple gabonais. La deuxième réponse est qu’il n’ira pas, afin d’espérer amadouer la communauté internationale qui semble surveiller de près ce que lui aussi s’apprête à perpétrer encore contre le peuple gabonais comme en 2009. Alors aller à Brazzaville ou ne pas y aller, c’est un choix entre le soutien de SASSOU contre le lâchage de la communauté internationale et vice versa. Dans un sens comme dans l’autre, il est coincé. Que va-t-il faire ? Réponse d’ici samedi matin.

  12. Si ABO part, l’assiette russe l’attend; s’il ne part pas, la colère du Cobra l’atteindra au Gabon. le dilemme est là, to go or not to go, that’s the question !

  13. Kokoriko dit :

    Sassou est illegitime a tout point de vue. Il a tripatrouille la constitution pour continuer a usurper le pouvoir du peuple congolais qu’il assissine comme du betail. Voila un chef de l’etat qui se deteint la peau comme le chanteur Koffi Ollomide. Qu’elle honte pour l’Afrique d’avoir de tels hommes comme dirigeant.

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