Pour consolider l’agriculture vivrière, à travers la consommation des produits locaux issus du programme Graine, l’ONG Initiatives développement recherche conseils (IRDC Africa), lancera dans les prochaines semaines, un vaste programme d’achat des produits agricoles dans deux provinces pilotes du pays (Ogooué-Ivindo et le Woleu-Ntem) pour les revendre dans l’Estuaire. Dans cette interview accordée à Gabonreview, le coordinateur du programme, Hervé Omva Ovono, brosse les contours de cette opération.

Le coordinateur du programme de IDRC Africa, Hervé Omva Ovono. © D.R.

 

Gabonreview : Comment se porte l’agriculture, plus de deux ans après le lancement du programme Graine dans les quatre provinces du pays ?

Hervé Omva Ovono : Dans l’ensemble, le programme se porte bien et les participants aux assises sur la redynamisation de l’agriculture et l’accélération du programme Graine pour une souveraineté alimentaire au Gabon ont formulés des recommandations pertinentes pour lesquelles, le gouvernement s’est engagé à jouer sa partition.

Ainsi, s’agissant des recommandations d’ordre général en vue de redynamiser le secteur de l’agriculture, le gouvernement s’était engagé, entre autres à renforcer l’agriculture familiale à travers la mécanisation par la mise à disposition à coût modéré du matériel agricole du programme Graine aux petits exploitants, ouvrir le programme Graine à d’autres produits teles que le maïs, le soja et le sorgho pour créer une complémentarité entre l’agriculture et l’élevage, procéder à la signature d’un partenariat stratégique entre le Gabon et le centre Songhai du Bénin, en vue d’assurer la formation des agri-preneurs.

Concernant les recommandations spécifiques au programme Graine, le gouvernement à confirmer les engagements du président de la République, à savoir : l’annulation totale de la dette des coopératives vis-à-vis de la Sotrader, le renforcement et consolidation par la Sotrader des coopératives du programme Graine actuellement en activité, l’ouverture du programme Graine aux coopératives et agriculteurs indépendants.

Aujourd’hui peut-on soutenir que le Gabon est en phase de gagner la bataille de l’autosuffisance alimentaire ?

Je ne l’affirmerais pas, car le chemin est difficile et il y a beaucoup de travail à faire mais, je reste optimiste.

© D.R.

Pourquoi le programme Graine éprouve des difficultés à écouler la production ?

Il n’y a pas de meilleur projet, je l’ai toujours dit. Graine est bien, mais il serait encore mieux si les différents partenaires sont associés à la mise en œuvre du programme. IDRC Africa participe aux activités du comité consultatif, mais nous constatons malheureusement que nos points de vue sur les points clefs de la mise en œuvre ne sont pas pris en compte et cela retarde la bonne marche du programme.

Comment aider ces coopératives agricoles qui broient du noir par rapport à cette situation ?

Je pense que l’expression broyer du noir est trop forte. Je dirais plutôt que nous sommes dans un processus évolutif et que les opportunités sont de plus en plus visibles et capables de contribuer de manière durable au développement des conditions de travail et d’encadrement multiforme des coopérateurs. IDRC Africa a soutenu la création de la plateforme des agripreneurs qui regroupe en son sein des centaines d’entrepreneurs agricole (agriculteurs, éleveurs et transformateurs).

De manière concrète, comment pensez-vous réussir, là où l’Etat, initiateur de ce projet semble atone ?

L’Etat gère les politiques agricoles et nous, nous sommes les praticiens, comment pensez-vous réussir un programme sans prendre en compte les acteurs de la filière ? Notre rôle n’est pas de nous substituer à l’Etat, mais de servir de conseil ou de force de proposition. Nous avons mis en place la formule qui cadre avec les réalités du contexte local en prenant soin d’associer l’Etat, les producteurs, les transporteurs, les acheteurs et revendeurs des produits agricoles. Depuis près de 4 ans, nous suivons le (SIM) système d’information des marchés de près de 100 produits et nous travaillons aussi avec plus de 900 femmes commerçantes des marchés de Libreville, Owendo et Akanda.

Nous avons identifié les bassins de production et mis en place des centres de groupage par département. Le tout a été cartographié. Nous avons aujourd’hui une carte inter active qui nous permet d’avoir les différentes informations sur le producteur et son exploitation. Pour le moment, la stratégie est disponible pour le Woleu Ntem et l’Ogooué Ivindo.

L’ONG IDRC Africa a mis en place un circuit de vente maîtrisé à partir des outils techniques et pratiques développés et disponibles à travers une cartographie interactive. Une base de données des commerçants identifiés dans les 3 communes de l’Estuaire (Akanda, Libreville, Owendo), une cartographie des acteurs du secteur agricole producteurs et agripreneurs, une base de données des commerciaux déployés à travers l’ensemble des sites cibles, l’existence d’un catalogue de produits agricoles.

Dans les prochains jours, les équipes d’IDRC Africa lanceront les achats simultanément dans les provinces de l’Ogooué-Ivindo et Woleu Ntem et les commerciaux seront déployés à travers l’ensemble des arrondissements des différentes communes cibles de commercialisation à l’Estuaire : (Akanda, Libreville, Owendo).

Les livraisons des produits agricoles s’effectuent après commandes par une équipe de livreurs munis de moto-bennes. Pratique et efficace dans la gestion de plusieurs commandes.

Quel est votre objectif à terme par rapport à la mise en place de ce vaste programme d’achat des produits agricoles dans les provinces ?

. © D.R.

Notre objectif est de mettre en place des circuits de commercialisation des produits gabonais tout en créant de l’emploi et des nouvelles opportunités d’intégration aux jeunes en décrochage, mais nous sommes déçus  par le refus de collaboration de certaines administrations qui ne s’intéressent pas au projet. Comment comprendre qu’au moment où l’ONE enregistre près de 10 000 nouveaux demandeurs d’emploi, la question de recherche de solutions ne soit pas la priorité de notre administration? Pourquoi le phénomène de la nomination redevient aussi récurrent ? Quand les autres pays africains parlent de diversification de leur économie, une Afrique ou le mot entreprenariat s’invite à tous les débats, mais au Gabon, on politise encore cet outil capable de réduire de manière significative le problème du chômage.

Pour notre part à IDRC Africa, nous pensons que tout est encore possible et que notre pays a un potentiel humain incroyable et malgré les blocages et les coups bas, nous irons de l’avant. Nous nous engageons à créer plus de 300 emplois dans la phase de lancement de notre projet qui s’étale sur six mois et impacter positivement sur le panier de la ménagère en nous appuyant sur l’agriculture vivrière.

 
GR
 

1 Commentaire

  1. diogene dit :

    Les prix vont donc baisser….?

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