Jacques Sima a réussi le pari, huit mois après son arrivée à la présidence du Conseil d’administration de l’Agence gabonaise de presse, de relancer la publication du quotidien Gabon Matin, absente des kiosques depuis septembre 2014. Mais, même s’il a dit ne pas vouloir regarder le rétroviseur, «parce que reculer, c’est mourir», il n’en demeure pas moins vrai que la gestion de ses prédécesseurs est décriée par une grande partie du personnel.

© Gabonreview

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«Dans cette maison qui renaît avec l’arrivée d’un nouveau style de management, il y a eu beaucoup d’erreurs dans la gestion des hommes et dans celle des finances», affirme un journaliste qui se félicite du changement intervenu en novembre dernier. «Beaucoup de journalistes se sont retrouvés du jour au lendemain mis au rebut, marginalisés, ostracisés ; pour avoir juste fait une suggestion, une remarque, on les a traités d’opposants qu’il fallait réduire au silence en les affectant à des tâches secondaires», ajoute l’un des plus anciens journalistes de la maison. «L’AGP était devenue une maison de soupçons, un endroit où on devait vous qualifier de «proches» ou de «non-alignés»», indique un des anciens secrétaires de rédaction. «Franchement, la gestion de l’équipe précédente a fait beaucoup de mal à cette maison», souligne un autre journaliste.

Depuis l’arrivée de Jacques Sima, «quelque chose de bien s’est fait ; le nouveau PCA parle à tout le monde, il conseille, il encourage, on sent qu’il veut porter haut le flambeau de la maison», fait savoir un jeune journaliste. Un autre ajoute que «le changement est perceptible, tout le monde a retrouvé le moral. Maintenant, nous espérons que le nouveau PCA obtiendra les moyens pour lesquels il se bat aujourd’hui, car, sans moyens, rien ne pourra se faire».

A propos en effet des moyens financiers, un ancien de la maison affirme qu’«un trou abyssal a été laissé à l’imprimerie Multipress pour plus de 100 millions CFA». Visiblement, l’intéressé a l’air de s’y connaître, puisqu’il ajoute que «la dette due aux fournisseurs s’élève à plusieurs millions, et cela a obéré le fonctionnement de l’Agence et de ses démembrements comme Gabon Matin». «Malgré la «forte subvention» que donnait l’Etat à l’Agence gabonaise de presse, de tels manquements à la rigueur et à la disciplinaire budgétaire sont non seulement à dénoncer, mais surtout à porter à la connaissance des autorités compétentes», estime-t-il. «Avant de combler les trous, il paraît indispensable de sanctionner ceux qui ont causé ces trous», conclut-il.

Le quotidien Gabon Matin, qui avait été «re-fondé» par François Essono Obiang en 2009, et avait connu d’énormes difficultés en 2014 sous la gestion de ses successeurs, a repris sa place dans les kiosques et dans le paysage de la presse écrite gabonaise. Il lui reste à obtenir la confiance du lectorat et des annonceurs.

 

 
GR
 

2 Commentaires

  1. françois Essono Obiang ancien directeur de l'AGP dit :

    Tout en saluant le travail remarquable de Jacques Sima, je tiens à préciser que j’ai re-fondé Gabon Matin en décembre 2005 et non en 2009. D’abord hebdomadaire, il est devenu quotidien en juillet 2009 à l’occasion de l’élection présidentielle.

    • Patrick ANTCHOUET dit :

      Jacques SIMA et François ESSONO OBIANG ont été formés à l’Ecole Supérieure de Journalisme (ESJ) de Lille (France). Je sens, à travers cette réaction du second, comme une expression de solidarité et de complicité. Et je voudrais, pour ma part, saluer le beau travail qu’ils ont fait ou font, l’un et l’autre, à l’AGP. Moi je suis un diplômé du CUSPOD comme Lin-Joel Ndembet et Olivier Mouketou.

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