Menaçant de sanctionner les établissements bancaires qui ne respectent pas les ratios prudentiels, le président de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) entend initier une mise à jour.

Lucas Abaga Nchama. © cameroun24.net
Lucas Abaga Nchama. © cameroun24.net

 

A la faveur de la 6e réunion annuelle de concertation avec les professionnels de la banque et de la finance, qui s’est tenue le 18 septembre dernier à Libreville, le gouverneur de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) et président de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac) a fait part de son intention d’engager une réflexion sur les améliorations à envisager pour adapter le dispositif existant à l’évolution des activités et de la gouvernance financière. Dans la foulée, il a jugé nécessaire de dresser un bilan de la mise en œuvre du règlement Cobac R-93/13 relatif aux engagements en faveur des apparentés dans les établissements de crédit, non sans menacer de sanctions ceux qui s’adonneraient encore aux engagements excessifs.

En effet, conscient du poids des crédits douteux accordés aux tiers, Lucas Abaga Nchama a plaidé pour un respect des ratios prudentiels. A en croire ses dires, de nombreux établissements se singularisent par «la fragilité et la dégradation de (leur) situation (…) en raison notamment des prises de risques inconsidérées sur des personnes et entités liées aux dirigeants et aux promoteurs desdits établissements». «Ces engagements octroyés souvent à des taux hors marché, s’avèrent généralement de très mauvaise qualité et immobilisent souvent des sommes importantes et obèrent la situation financière des établissements concernés», a-t-il expliqué.

Un constat d’autant plus préoccupant que ces engagements ne sont pas toujours déclarés au secrétariat de la Cobac. «Lorsque ces concours s’avèrent douteux, les établissements de crédit s’emploient à ne pas les afficher comme tels, en procédant à des restructurations des encours comportant souvent une réduction des mensualités par l’allongement des durées du prêt ou un différé d’amortissement», a déploré le président de la Cobac, relevant au passage que l’analyse rigoureuse préalable du risque n’est pas toujours préalablement menée. «Aussi curieux que cela puisse paraître, c’est souvent à la suite des contrôles de la Cobac que certains administrateurs et actionnaires découvrent tardivement la réalité de la détérioration de la situation financière de leur établissement, alors que celle-ci résulte des engagements compromis accordés aux apparentés», a soutenu Lucas Abaga Nchama.

 

 
GR
 

4 Commentaires

  1. Moabiloungue dit :

    corrigez moi si je me trompe ne s’agit-il pas de RATIOS PRUDENTIELS au lieu de ratios providentiels?? Les ratios prudentiels constituent une mesure prudentielle instituée pour permettre aux entreprises du secteur bancaire de limiter au maximum les risques de perte, afin de maintenir une gestion saine de leurs actifs.

  2. Jean Cruz (Canada) dit :

    @Moabiloungue.

    En effet, soit vous connaissez le sujet, soit vous êtes dans votre élément. On devait écrire ratios prudentiels ou ratios de couverture. Ces ratios permettent aux institutions bancaires et financières de se conformer aux directives réglementaires sur les niveaux de liquidités et sur les niveaux supportables de risques de prêts octroyés, de sorte qu’au finish lesdites institutions se couvrent efficacement contre les mauvaises créances ou les prêts à risque. Techniquement, limiter au maximum les risques de perte (…) n’est pas le vocable parfait des ratios prudentiels, mais leurs éléments et portée y sont dans votre definition.
    Mais au-delà, non seulement le texte ne fait pas état du poids de telles créances douteuses accordées au pair, encore moins il ne relate nullement les sanctions prévues pour non conformité aux ratios prudentiels, tels que prescrits par Bâle I et II, voire même avec Bâle III. Si à l’évidence, le gouverneur fait part de son intention d’engager une réflexion, on pourrait déduire d’un manque de connaissance de l’existence des règlements de Bâle ou de l’incompétence de l’application de ces mécanismes. Pourtant loin d’être une nouveauté au point d’engager une réflexion.
    Il n’y a pas si longtemps le même gouverneur se vantait du niveau des liquidités très élevé dans les banques de la Cemac. Vient-il de découvrir subitement les manipulations comptables très exagérées des administrateurs des banques de la Cemac? Mieux vaut tard que jamais, mais il y a également lieu pour lieu d’investitguer sur la nouvelle mode de la Cemac, l’émission des obligations et bons de trésor: pour quelle raison s’il y a autant de liquidités dans les banques de la même région monétaire? On parle encore et toujours du crédit, des créances douteuses, d’endettement et donc des ratios prudentiels.

  3. Bil Ngana dit :

    Merci de bien vouloir nous édifier, chers amis Moabiloungue et John Cruz du Canada, sur un sujet qui peut paraitre du charabia pour bon nombre d’habitués de ce site. Cependant, après les précisions que vous avez données, on peut effectivement se poser les mêmes questions que vous, notamment John Cruz, sur la contradiction qui subsiste entre l’abondance des liquidités, selon de précédentes informations, et la propension de certains Etats et de certaines banques commerciales, à solliciter régulièrement des emprunts obligataires et des émission de bons du trésor à travers la zone CEMAC, et principalement au Gabon. Où des questions sur la gestion de dividendes tirées de précédentes émissions du même genre restent à ce jour sans réponses. Puis, à l’attention de M. Abaga Nchama, nous pensons que les taux d’intérêt dans notre sous-région sont excessivement élevés, et plombent dramatiquement l’investissement en Afrique centrale.

  4. Bil Ngana dit :

    Des engagements pour le climat ? Ça semble correspondre à proposer à un automobiliste imprudent, dont le véhicule lui sert pourtant à tout faire dans son commerce, de passer avant toutes choses au garage pour des réglages ou des changements de pneus : ce serait, d’après lui, du temps perdu inutilement. Oubliant qu’on n’en perd réellement que lorsqu’on évite de faire ces réglages indispensables. Les dirigeants du monde entier le savent parfaitement mais leurs décisions sont réglées sur celles des industries de leurs pays qui emploient des milliers de gens, gagnent des milliards et font de la plus-value pour leurs économies, au détriment de la couche d’ozone. Le Gabon a déjà hypothéqué des zones entières de son territoire, sans trop savoir ce qu’il y gagne. Il s’agit de toutes ces zones protégées disséminées à travers le territoire national (plus d’une dizaine), où la population autochtone n’a même plus le droit d’aller chercher sa pitance. Que pourraient encore donner ces pauvres hères de nos campagnes au bénéfice de cette couche d’ozone invisible et lointaine ? Que pourraient encore donner ces habitants du fin fond du Gabon, dont les préoccupations immédiates portent essentiellement sur les moyens de leur survie dans un milieu de plus en plus hostile, de plus en plus désert en termes de ravitaillement nutritionnel ? Nos dirigeants, prompts à signer des accords parfois pour faire amende honorable, prennent des engagements au plan international souvent au détriment de ceux pour lesquels ils prétendent représenter les intérêts. Pour cette raison, on est tenté de dire : « La couche d’ozone ? Bof ! ». Tout en nous trompant, mais en oubliant que nous subirons sans doute un jour les affres des actes posés par d’autres humains, à des milliers de kilomètres de chez nous. Que le Gabon, en allant à New York, y pense sérieusement.

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