En marge de la 5e conférence africaine de management (Cam 2017) qui se tient à Libreville du 10 au 13 mai 2017, sous le thème «Servir l’Afrique par le management», l’universitaire sénégalais, professeur des universités françaises, président fondateur de la Société africaine de management (SAM) et directeur général de Knowdys Consulting Group (KCG), Ababacar Mbengue, évoque dans l’interview ci-après, le déficit managérial comme cause du sous-développement de l’Afrique.

Le professeur Ababacar Mbengue, président de la société africaine de management, le 1à mai 2017. © Gabonreview

 

Gabonreview : Le sous-développement de l’Afrique peut-il s’expliquer en partie par le déficit managérial?

Ababacar Mbengue : Le sous-développement de l’Afrique s’explique essentiellement et absolument par le déficit managérial. Parce que tout le reste n’est qu’une conséquence. Dans le déficit managérial, on n’intègre pas seulement l’aspect technique consistant à mettre en œuvre, à exécuter d’une manière optimale ce qui se passe. Le déficit managérial est également un déficit à la fois de leadership, d’ambition, de volonté. C’est un déficit en termes de clarté des choix. L’aspect mise en œuvre des choix vient après. Dans le sous-management c’est aussi l’impréparation à avoir une volonté forte et avoir une vision à opérer des bons choix, et à pouvoir combiner les facteurs de manière intelligente, pertinente pour atteindre ses objectifs.

Faut-il nécessairement passer par une école de gestion pour être un bon manager?

Non, pas nécessairement. On n’est pas obligé de passer par une école de gestion pour être un bon manager. Vous aviez une sorte de guru dans le management qu’on appelle Henry Mintzberg. En 1989, Henry Mintzberg a eu un échange avec Michel Crozier dans le journal «Le Monde». La thèse d’Henry Mintzberg était de dire que «le management ne s’enseigne pas dans les écoles de gestion». Michel Crozier avait la thèse contraire et Henry Mintzberg avait une double formule pour démontrer cela. La première fois, il a dit qu’enseigner le management dans les écoles, c’est comme enseigner le management à des enfants. Et par la suite, il dira, c’est comme enseigner le management à quelqu’un qui n’a jamais rencontré autrui. En fait, le management ne s’enseigne pas forcement sur les bancs d’une école de gestion.

Mais, nous sommes actuellement dans un monde où les choses bougent. C’est-à-dire, vous pourriez avoir trouvé des solutions qui fonctionnent, mais l’environnement change et si vous appliquez continuellement les mêmes solutions, vous risquerez d’aller droit dans le mur. Cela veut dire à la fois, que ce n’est pas obligé de passer par une école de gestion, l’expérience du terrain est extrêmement importante, mais, en même temps, il faut être au courant des résultats les plus aboutis, les plus récents de la recherche. C’est vraiment une combinaison tellement compréhensible que mêmes les meilleurs dirigeants de terrain, font de la formation continue. Il faut un ancrage avec le terrain. Il faut que les dirigeants du monde de l’entreprise viennent dans les formations, il faut même qu’ils éclairent les choix qu’il faut faire.

À quoi servent les rencontres comme la 5e édition de la conférence africaine de management, si vos réflexions et recommandations ne pénètrent le cercle des décideurs, jusqu’au sommet de l’État?

Ça c’est un procès qui n’est pas juste. Il est excessif parce que les décideurs sont acteurs. Ce ne sont pas seulement des chercheurs, des universitaires entre eux. Il y a des entreprises qui sont présentes, qui interviennent, qui font part de leur expérience, qui posent leurs problèmes et en faisant part de leurs expériences. Elles donnent des solutions. En posant des problèmes, elles ont la possibilité d’avoir des réponses. Ça c’est le travail qui est fait concernant les gens d’entreprise. Nous formons des jeunes dans des conférences. Concrètement, on a conçu ces rencontres-là pour qu’elles donnent des résultats immédiatement et à terme.

 
GR
 

6 Commentaires

  1. diogene dit :

    Il suffit donc de gérer l’Afrique comme une boutique…
    Le mal de l’Afrique c’est le nombre de dictatures qui l’infeste.
    le leadership est très bien assuré par une bande de maffieux sordides.
    Qui aurait envie de mettre sa volonté au service d’oligarchies fascistes?
    Clarté de choix : le grand timonier éclairé et son parti quasi unique est là.
    Aucun déficit en vue.
    Le management n’est que le valet docile d’un système d’ exploitation à bout de souffle mais encore nuisible. L’injustice est sa maitresse, la cupidité son maitre et la corruption son enfant.
    Il existe un fanatisme religieux qui se veut prophétique et dont l’objet est le dieu Argent, la déesse Marché, qui pratique le sacrifice humain à grande échelle et rétablit l’esclavage, encourage la misère et la résignation.
    Si tu n’as rien à manger, rien pour te soigner, rien pour t’éduquer, nulle part où dormir devient manager.
    Philosophie de bistrot universitaire.

    • Gabon dit :

      Le text ci-haut nous donne l’impression que le sous-management est la cause principale du sous development de l’Afrique. Le meme text nous ne donne pas les donnees de recherche qui nous aideraient a mieux comprendre les conclusions de notre Professeur. Le management pourrait etre considere comme cause et ou symptomes. En plus, il faudrait prendre en consideration le concept leadership qui est tout a fait different de management. Dans le context de l’Afrique, il nous faudra peut etre analyzer les differents types de leadership qui existent en Afrique et leurs impact sur le sous development de chaque pays. A partir de ce diagnostique, on pourrait alors tenter d’apporter des solutions adequates au probleme de sous development de l’Afrique. Bref, je voudrais avoir des donnees statistiques pour mieux comprendre comment le Professeur est arrive a ses conclusions. Merci beaucoup. Que toutes les intelligences se mettent au service de l’Afrique.

      • Sam dit :

        Merci pour les commentaires et la question. Cela montre que nous pouvons être en désaccord, nous parler et réfléchir ensemble pour trouver des réponses intelligentes aux grands défis auxquels nous sommes confrontés en Afrique. Ces défis sont complexes et nous avons besoin de beaucoup de sérieux et de prudence, à côté de la détermination et l’imagination. Vous posez une question importante : qu’est-ce prouve que le sous-management est la cause principale des difficultés de l’Afrique?
        La réponse à cette question n’est pas une affaire de statistiques mais de constatation logique. Prenons votre exemple du leadership. Une présence pleine de « management » permettra non seulement d’identifier les différents types de management en Afrique (comme vous le proposez) mais aussi d’analyser leurs conséquences (positives ou négatives) et de proposer les stratégies pour combattre l’apparition ou les conséquences des mauvais types de leadership et favoriser l’apparition ou le renforcement des bons types de leadership. Alors qu’en l’absence de management, la lutte contre les mauvais types de leadership et pour les bons types de leadership sera moins efficace.
        En résumé, ce qui fait la différence, c’est vraiment la présence ou l’absence d’un management intelligent.
        Pour plus d’information, voir :
        http://tedxabidjan.com/?p=500
        https://www.sam-ams.org
        Merci à nouveau pour votre réaction.

    • Sam dit :

      Pour être bien informé avant de parler, voir :
      http://tedxabidjan.com/?p=500

    • Sam dit :

      Pour ne pas se tromper de jugement, voir d’abord :
      http://tedxabidjan.com/?p=500

      et aussi :
      https://www.sam-ams.org

  2. natty dread dit :

    ce drapeau n’est pas le drapeau de la république gabonaise, mon dieu! on ne touche pas aux symbols de l’état avec autant de légereté, serait-on descendu aussi bas dans le faux et la culture du faux? soyons sérieux…

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